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Au cœur des débats politiques de l’automne : Les enjeux du monde de l’enseignement supérieur

4 octobre 2012 | Nelson Michaud, Ph.D.

Au cœur des débats politiques de l’automne : Les enjeux du monde de l’enseignement supérieur
Après un printemps mouvementé dans les rues, l’arrivée du gouvernement Marois redéfinit des paramètres, demande de nouvelles références et exige la réflexion quant à certains aspects fondamentaux de notre système d’éducation supérieure. Avant de nous y lancer, il peut être intéressant de nous arrêter à quelques éléments souvent empreints de perceptions peu étayées.


Une reconnaissance bienvenue


L’un des éléments saillants a été l’arrivée, au tour de la table du Conseil des ministres, d’un ministre porteur du dossier de l’enseignement supérieur. Le fait d’y greffer recherche et innovation est une excellente nouvelle pour les universités, car on reconnaît du coup leur apport dans la construction de nos sociétés. Les universités sont trop souvent perçues comme des « boîtes à enseignement », des lieux de formation, point à la ligne. Il s’agit assurément d’une dimension importante de leur action, mais ce n’est pas la seule. Les universités ont aussi pour mission intrinsèque la production de connaissances nouvelles, dans tous les secteurs de la vie, aussi bien en sciences de la santé qu’en sciences sociales ou de l’administration.


Les universités sont des institutions dont la société se dote pour permettre un avancement collectif en offrant la possibilité à des gens spécialisés dans un domaine d’y consacrer le meilleur d’eux-mêmes.


Le culte de l’excellence


En ce sens, les universités québécoises doivent avoir les moyens d’être parmi les meilleures. Il ne s’agit pas ici d’être le thuriféraire d’un élitisme dépassé. La simple réalité veut que, si nous souhaitons compter sur les médecins, les infirmières, les enseignants, les ingénieurs ou les administrateurs les mieux formés pour nous donner un niveau de vie qui comprend aussi un bien-être collectif, nous devons les exposer aux professeurs les plus au fait des dernières avancées dans leur secteur. La recherche faite par ces professeurs – souvent perçue comme un investissement de second ordre par les détracteurs du système – exige d’eux qu’ils soient à la fine pointe des connaissances mondiales dans leur domaine, et ce sont ces connaissances qu’ils transmettent à leurs étudiants par leurs enseignements.


Il est donc primordial que les universités conservent cette capacité d’excellence si nous voulons collectivement en profiter, que nous ayons fréquenté nous-mêmes l’université ou non.


L’équilibre avec l’accessibilité


Cette excellence doit bénéficier au plus grand nombre, ce qui nous ramène à la question de l’accessibilité. À cet égard, il est étonnant qu’une étude de l’Université du Québec analysant cette question n’ait retenu l’attention de pratiquement personne depuis sa publication (voir référence à la fin de l’article). Bien que produite dans un autre contexte, elle se penche sur des phénomènes que la nouvelle donne politique ne saurait changer, soit les diktats de la démographie et la perception qui fait surestimer le coût des études universitaires et en sous-estimer les bénéfices. L’accessibilité ne se traduit donc pas seulement en termes financiers.


Ainsi, on a décrié la localisation de services universitaires ailleurs qu’au siège de l’institution. Or, si les universités se déploient, c’est souvent pour permettre à un plus grand nombre de personnes, souvent de première génération universitaire, d’avoir accès à ce milieu des possibles et pour qui le déménagement dans un centre éloigné du domicile constitue une barrière infranchissable qui leur ferme l’accès aux études supérieures.


La saine gestion


La gestion universitaire a aussi été interpellée. À cet égard, il ne faut pas oublier que les dépenses inscrites au budget d’une université sont d’abord les salaires conventionnés de personnels syndiqués : professeurs, autres personnels enseignants, professionnels, employés de bureau et de soutien, etc.; une autre partie couvre les dépenses de fonctionnement inévitables : chauffage, électricité, systèmes informatiques, entretien. La proportion du budget sur laquelle les gestionnaires universitaires peuvent commettre des « abus » est infime.


Qui plus est, les universités sont soumises à une foule de redditions de comptes; on a pourtant eu l’impression qu’il n’en existe aucune. Elles sont pourtant administrées par des conseils et des instances indépendantes. Chaque année, les universités doivent déposer un rapport détaillé au ministre pour rendre compte de leur gestion; une partie de leur financement est conditionnel à la démonstration de leur saine gestion financière; sur une base triennale, les chefs d’établissement doivent comparaître en commission parlementaire pour rendre compte de leur gestion. Ce ne sont là que quelques éléments parmi d’autres. La saine gestion universitaire existe, il faut la reconnaître.


Le sommet


Voilà quelques éléments qui, souhaitons-le, seront mis en lumière lors du sommet annoncé. Pour être productif, il faudra que ce sommet débouche sur des solutions viables pour assurer la pérennité de l’excellence de nos institutions universitaires. Notre société le mérite bien.


Pour en savoir plus :


- La participation aux études universitaires dans un contexte de hausse des droits de scolarité. Rapport du comité sur l’accessibilité financière aux études de l’Université du Québec à la Commission de planification de l’Université du Québec

  • Pour un aperçu plus complet des redditions de comptes exigées des universités, cet exemple peut être consulté




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