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EN PAGE COUVERTURE – Le pavillon Pierre Lassonde : une oeuvre architecturale d’exception pour l’art du Québec

8 décembre 2015 | Linda Tremblay

EN PAGE COUVERTURE – Le pavillon Pierre Lassonde : une oeuvre architecturale d’exception pour l’art du Québec

Qu’est-ce qu’il impressionne, le pavillon Pierre Lassonde sur la Grande Allée, quatrième bâtiment du Musée national des beaux-arts du Québec, avec son majestueux hall de verre, son escalier en porte-à-faux vitré à hauteur d’arbres, et surtout, avec ses trois immenses volumes en palier, s’étalant tout doucement à partir des plaines d’Abraham vers la rue ! C’est comme si la terre s’était soulevée pour faire entrer la ville dans le parc, pour faire entrer l’Art dans le parc.



À l’été 2016, les visiteurs pourront enfin découvrir l’intérieur de cette fascinante architecture de verre et d’acier, un édifice de calibre international, signé par le consortium d’architectes OMA (Office for Metropolitan Architecture), de New York – une firme reconnue mondialement, fondée par Rem Koolhaas – et réalisé en collaboration avec PRAA (Provencher Roy et Associés, architectes) de Montréal. Ils pourront voir à quel point ce chef-d’oeuvre architectural, résolument contemporain, flirte avec le patrimoine – en jouxtant le presbytère et l’église Saint-Dominique de style néo-gothique anglais – et avec la nature, avec ses toits verts ceinturés d’arbres surplombant le parc. L’art du Québec n’aura jamais eu un si bel écrin ! Le nouveau pavillon deviendra une vitrine exceptionnelle pour la collection nationale d’art du Québec de 1960 à aujourd’hui, mais aussi, pour les expositions temporaires d’art canadien et international. Il dotera la ville de Québec d’un bâtiment identitaire distinctif, au design épuré et élégant. Une visite de cette icône architecturale du 21e siècle s’impose !



 





L’entrée de la Boutique du pavillon Pierre Lassonde. - Perspective : OMA/LUXIGON





Le verre est partout. Il enveloppe véritablement tout le bâtiment. Trois sortes de panneaux de verre – transparent, translucide et opaque – ont été choisies méticuleusement par les architectes pour jouer avec cette impression de dehors-dedans, mais aussi, pour répondre aux objectifs d’un bâtiment LEED (c’est-à-dire en suivant les principes du développement durable, puisqu’il s’agit de verre anti-UV, traité thermiquement et particulièrement performant d’un point de vue énergétique). Un film réfléchissant a été ajouté aux parois de verre opaque, faisant en sorte que le pavillon changera de couleur – passant du gris au turquoise – au gré des variations de lumière de dame Nature.



Parmi les éléments spectaculaires, il faut mentionner le mur-rideau du Grand Hall, haut de 12,5 mètres, qui est relié à l’étage en porte-à-faux surplombant l’entrée principale : du jamais vu, considérant la hauteur des panneaux et les conditions climatiques particulières au Québec. Des parois de verre, installées perpendiculairement à intervalles réguliers, viendront rythmer verticalement l’impressionnante façade. On peut déjà s’imaginer dans cet espace nimbé de lumière – qui pourra accueillir près de 1 000 personnes – en train de siroter un verre de vin au Bistro Quebecor signé Marie-Chantal Lepage, au pied d’un des plus vieux ormes d’Amérique de la ville de Québec !



Les architectes ont choisi de texturer une certaine partie des panneaux de verre. Des motifs en forme de points y ont été sérigraphiés, créant un effet d’optique délicat, comme de la dentelle, afin de souligner les composantes de la structure d’acier. L’oeil avisé saura certainement remarquer cette subtilité ! Pour ce qui est de l’acier, c’est 1 090 000 kg qui ont servi à constituer la charpente du bâtiment, trois boîtes en porte-à-faux les unes sur les autres. La structure de l’édifice – dont la hauteur équivaut à un édifice de 10 étages – s’apparente à celle d’un pont. Certains tirants seraient plus volumineux que ceux du pont de Québec ! Visibles à plusieurs endroits, les imposantes plaques de connexion avec leurs mégas-boulons permettront d’ailleurs d’en sentir toute la puissance.





Auditorium du pavillon Pierre Lassonde. - Perspective : OMA/LUXIGON





Deux escaliers majestueux, joyaux d'un concept inspiré



Parmi les éléments d’acier saisissants, il faut mentionner trois des quatre pièces de près de 24 040 kg et de 15 mètres de long, constituant l’escalier monumental – une spirale vertigineuse de 79 marches s’élevant sur trois étages. Amenées par le toit de l’édifice avant qu’il ne soit achevé, par un ballet de grue précis et minutieux, les composantes de cet escalier magistral ont été préparées avec soin par des peintres automobiles avant qu’elles soient peintes en blanc. Un garde-corps en verre courbé permettra à tous ceux qui emprunteront cet escalier majestueux de vivre une expérience mémorable. L’autre escalier, celui en porte-à-faux, tout en transparence du côté de l’avenue Wolfe-Montcalm, proposera une vue inoubliable sur les Plaines et donnera l’impression de littéralement marcher à la cime des arbres.





Grand escalier monumental du pavillon Pierre Lassonde. - Perspective : OMA/LUXIGON







Escalier en porte-à-faux du pavillon Pierre Lassonde. - Perspective : OMA/LUXIGON





Un mur unique à Québec  



Le mur de béton formant le nouveau pignon sud-ouest du presbytère constitue un autre élément architectural unique du bâtiment, mais aussi à Québec. Il a été coulé en un seul bloc, à partir d’un coffrage préalablement construit à l’horizontale très méticuleusement, et placé à la verticale à l’aide d’une grue; on a mis près de trois mois à le réaliser. Même la recette du béton a été tenue secrète pour l’atteinte d’une texture et d’une surface parfaites. Les experts s’entendent pour qualifier cette réalisation de grand art.





Le Grand Hall du pavillon Pierre Lassonde. - Perspective : OMA/LUXIGON





Entre l’art, la nature et l’architecture



La circulation dans le pavillon Pierre Lassonde a été pensée comme une véritable promenade. Les nombreuses percées visuelles et la lumière naturelle, rarissimes dans les musées d’art, viendront dynamiser l’expérience du visiteur, créant ainsi un dialogue avec l’environnement extérieur. Par exemple, au troisième niveau, côté nord, une immense fenêtre offrira une vue incroyable sur la ville et les montagnes des Laurentides. Du côté sud, deux autres fenestrations – dans la galerie de sculptures et dans l’alcôve du troisième, à proximité des salles consacrées au design et aux arts décoratifs – permettront de voir toute la majesté du parc, l’ancienne prison de Québec et même le fleuve Saint Laurent au fil des saisons.



Dialogue entre le présent et le passé



La cour intérieure, un espace de 500 mètres carrés mariant le patrimoine au contemporain, accueillera Une Cosmologie sans genèse, l’oeuvre de Ludovic Boney, réalisée à l’issue du Concours national d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement, organisé par le ministère de la Culture et des Communications du Québec en collaboration avec le MNBAQ. L’espace public semi-couvert, propice aux rencontres et aux activités culturelles, favorisera également la détente et la contemplation en période estivale.



Du blanc et quelques touches de couleurs vives



À la blancheur absolue de l’intérieur, couleur parfaite pour les fonctions muséales, des touches de couleurs vitaminées viendront agrémenter le nouveau pavillon. Sous le mur-pignon du presbytère, un espace aux murs vert tonique accueillera les visiteurs au vestiaire. La cage d’ascenseur, qui

traverse verticalement tout l’édifice, scintillera de son revêtement doré. Le bleu pâle du sol et des 250 sièges de l’auditorium Fondation Sandra et Alain Bouchard – une salle multifonctionnelle – se veut, quant à lui, un clin d’oeil de l’équipe d’OMA à la couleur du matériau qu’elle privilégie pour la réalisation des maquettes : le styromousse. Enfin, un présentoir de couleur orange, installé dans le Grand Hall, invitera les visiteurs vers la Boutique du Musée, qui valorisera les créations des artisans québécois. Riche de produits distinctifs, la Boutique offrira également, dans un espace aménagé en mezzanine, une vaste sélection de livres d’art.



Un jardin de sculptures et une terrasse à ciel ouvert



Au deuxième niveau, les visiteurs pourront apprécier, de l’intérieur, un jardin de sculptures, mais c’est au dernier niveau qu’une terrasse pouvant accueillir jusqu’à 60 personnes permettra de découvrir une sculpture de bronze de Patrick Coutu, Le jardin du sculpteur, produite grâce à une commandite de la Fondation Monique et Robert Parizeau. Cette perspective privilégiée permettra non seulement d’admirer le paysage et le fleuve, mais également d’apprécier la beauté des toits verts, où 90 000 plants ont été transplantés. Cinq sortes de plantes grasses, archi-résistantes, dont la ciboulette et le sedum, reproduisent un motif de courbes de niveau rappelant le relief environnant. Une réelle splendeur !



Un chef-d’oeuvre au coeur du passage Riopelle par CGI



Le pavillon Pierre Lassonde sera relié par un passage sous-terrain aux trois autres pavillons du Musée : le pavillon central créé en 1991, le pavillon Gérard-Morisset, inauguré en 1933, et le pavillon Charles-Baillairgé, datant de 1867. Il établira non seulement un lien entre les collections du Musée, mais aussi entre les différentes époques. C’est d’ailleurs un chef-d’oeuvre de la collection du MNBAQ, la fresque monumentale de Jean-Paul Riopelle, L’Hommage à Rosa Luxemburg, qui établira ce lien entre le nouveau bâtiment et les trois autres pavillons du complexe muséal. L’oeuvre de plus de 40 mètres de long présentée dans une vitrine de verre aux éclairages raffinés brillera de mille feux. Un peu plus loin, une nuit étoilée illuminera le plafond du Passage Riopelle par CGI. La portion courbe, faisant écho au rondpoint à l’intersection des avenues Wolfe Montcalm et George-VI, présentera le tableau des donateurs Avant-Première, soit plus de 1 000 noms illustrant de belle façon la générosité des Québécois.





Jean-Paul Riopelle, L’Hommage à Rosa Luxemburg, 1992. Acrylique et peinture en aérosol sur toile. Don de l’artiste. Coll. MNBAQ. © Succession Jean-Paul Riopelle / SODRAC (2015)





Un écrin de rêve pour l’art du Québec



Quatre nouvelles expositions seront inaugurées à l’ouverture du pavillon Pierre Lassonde. L’art inuit aura une place de choix avec l’exposition Ce que les Inuits ont toujours considéré comme vrai. La collection d’art inuit Brousseau. Cette collection, parmi les plus importantes au monde, proposera plus de 100 oeuvres exécutées au cours des 60 dernières années par plus de 60 artistes originaires du Nunavik (Québec), du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest. L’art, comme ultime témoignage des valeurs ancestrales, des habiletés et du savoir-faire propres à la culture du Grand Nord canadien !



 





Patrick Messier, Chaise berçante « Mamma », 2005. Fibre de verre avec revêtement

d’uréthane à haut lustre. - Coll. MNBAQ. Don anonyme





L’art contemporain et actuel occupera une large part des espaces du pavillon avec l’exposition Constellations. La collection d’art contemporain du Musée national des beaux-arts du Québec, qui proposera un riche panorama composé d’une centaine d’oeuvres phares réalisées par des figures marquantes de l’histoire de l’art du Québec, tels que Marcelle Ferron, Edmund Alleyn, Betty Goodwin, Dominique Blain, Geneviève Cadieux, Bill Vazan et David Altmejd, pour ne nommer que ceux-là.





BGL, Perdu dans la nature (La voiture), 1998. Bois de grange et bois peint. - Coll. MNBAQ Achat





Une première salle permanente consacrée exclusivement au design et aux métiers d’art québécois rassemblera environ 130 objets (verrerie, céramique, mobilier, affiches, etc.) réalisés par une cinquantaine d’artistes ayant marqué les 60 dernières années de l’histoire du Québec.





Judas Ullulaq, Boeuf musqué au visage humain, 1994. Pyroxénite, corne de boeuf musqué, bois de

caribou et albâtre. MNBAQ, collection d’art inuit Brousseau, achat grâce à une contribution spéciale d’Hydro-Québec





Enfin, l’exposition inaugurale Installations. À la croisée des chemins rendra hommage à l’une des pratiques contemporaines les plus influentes et représentatives au Québec : l’installation. Déployée dans un parcourspromenade, débutant dans les magnifiques salles temporaires du pavillon Pierre Lassonde et s’achevant dans le pavillon Gérard-Morisset, l'exposition offrira une trentaine d’installations emblématiques de la production des 40 dernières années. Quel formidable périple en perspective !





Quartier des arts. - Photo : Arold Blanchet





Été 2016 : le nouveau MNBAQ, un rendez-vous incontournable !



Aux huit salles d’exposition du pavillon Pierre Lassonde, qui permettront au complexe muséal actuel de doubler ses surfaces, s’ajoutera toute une panoplie d’activités pour tous les publics : spectacles, films, conférences et événements spéciaux. L’art culinaire, exercé par la chef réputée Marie-Chantal Lepage, figure de proue de la gastronomie québécoise, s’ajoutera à la liste des aventures à vivre dans le nouveau pavillon. L’expérience muséale sera multiple et multiforme. Désormais sur la Grande Allée,

en plein coeur du quartier Montcalm et à moins de 500 mètres de l’avenue Cartier – rue commerçante animée, agrémentée de luminaires géants reproduisant les oeuvres d’artistes de la collection du MNBAQ hors les murs –, le bâtiment au design unique deviendra le centre névralgique du tout nouveau Quartier des arts et la pierre angulaire du complexe muséal du MNBAQ. Quelle fierté pour Québec ! Vivement l’été 2016 !


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