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Élise Marcotte, nageuse synchronisée olympique : Le parcours d’une petite sirène

26 septembre 2012 | Marie-Josée Turcotte

Élise Marcotte, nageuse synchronisée olympique : Le parcours d’une petite sirène


Le parcours d’une petite sirène




Elle était éblouissante lors des derniers Jeux olympiques de Londres, alors qu’en équipe et en duo, elle a offert une performance digne d’un podium. Malheureusement, le destin – et le pointage controversé des juges ! – en a décidé autrement, si bien que les Canadiennes ont dû se contenter d’une quatrième place… à cinq reprises ! Qu’à cela ne tienne ! La petite sirène originaire de L’Ancienne-Lorette continue de « nager » la tête haute et demeure parfaitement synchro, dans la piscine comme dans la vie !


Au Cochon Dingue de l’avenue Maguire, là où nous nous sommes donné rendez-vous, j’ai devant moi une jeune femme de 24 ans, souriante, jolie comme tout et d’un calme « olympien ». Si je tenais tant à rencontrer Élise Marcotte, c’est que, comme bien des gens, j’ai été époustouflée par sa performance à Londres. J’ai particulièrement apprécié son programme en duo avec sa coéquipière, Marie-Pier Boudreau-Gagnon, où les deux nageuses ont fait preuve d’audace en incorporant un soupçon d’humour à leur numéro, et lors de l’épreuve d’équipe, elles ont exécuté des mouvements acrobatiques complexes qui nous donnaient l’impression d’assister à un spectacle de dauphins.


Qui plus est, j’ai toujours été fascinée par le parcours des athlètes, par la passion qui les anime et par les sacrifices qu’ils sont prêts à faire pour atteindre leurs objectifs. Ne se rend pas aux Jeux olympiques qui veut ! Le chemin qui y conduit est souvent très long et semé d’embûches. Il demande beaucoup d’investissements, autant sur les plans personnel que financier. Au-delà du rêve de monter un jour sur le podium, c’est ce parcours que je souhaitais explorer en compagnie de l’athlète.


L’équipe canadienne de nage synchronisée aux Jeux olympiques de Londres.
L’équipe canadienne de nage synchronisée aux Jeux olympiques de Londres.

Élise, à quel moment est née votre passion pour la nage synchronisée ?


J’ai toujours été une enfant qui avait beaucoup d’énergie. Mes parents m’ont d’abord inscrite à toutes sortes d’activités – natation, patin artistique, badminton, musique… – pour me tenir occupée et pour voir ce que j’allais aimer. À l’âge de quatre ans, on a découvert que j’étais particulièrement à l’aise et douée dans l’eau. J’ai eu le choix entre la natation, le plongeon et la nage synchronisée; ça fait aujourd’hui 18 ans que je pratique cette discipline.


Pour vous rendre là où vous vous êtes rendue, quels sacrifices cela a-t-il exigés ?


Évidemment, beaucoup d’années de travail ! Le sprint final vers les Jeux olympiques a nécessité 50 heures d’entraînement par semaine, cela, conjugué à mes études à l’université. Aussi bien dire que je ne sortais pas beaucoup ! Par ailleurs, il ne faut pas oublier les sacrifices qu’ont faits mes parents. Je n’ai jamais eu droit à l’aide de commanditaires majeurs; seulement à des bourses d’études. À partir de la deuxième secondaire, je participais à deux compétitions internationales par année… à leurs frais !


Qu’avez-vous trouvé le plus difficile durant ces entraînements ?


Chaque matin, je devais plonger dans la piscine à 6 h 45 et l’eau était parfois froide… Cela peut sembler un détail anodin, mais lorsqu’on passe entre sept et huit heures par jour dans une piscine, ça ne l’est pas. Il fallait aussi que je sois prête à donner mon 100 %, pas seulement pour moi, mais pour mon équipe ou ma coéquipière. Malade ou blessée, il fallait que je me présente. À titre d’exemple, l’une des filles de mon équipe s’est entraînée avec un pied cassé. Mais au-delà de cette pression, j’ai trouvé particulièrement difficile d’être loin de mes proches durant deux mois intensifs d’entraînement.


Élise (à droite) et sa coéquipière, Marie-Pier Boudreau-Gagnon, lors des Jeux panaméricains 2011, alors qu’elles ont remporté deux médailles d’or, une en duo et l’autre en équipe.
Élise (à droite) et sa coéquipière, Marie-Pier Boudreau-Gagnon, lors des Jeux panaméricains 2011, alors qu’elles ont remporté deux médailles d’or, une en duo et l’autre en équipe.

Et sur le plan mental, comment se prépare-t-on à aller aux Olympiques quand on sait que des millions de personnes auront les yeux rivés sur nous ?


L’équipe canadienne a eu droit aux services d’un préparateur mental, qui nous a aidés à visualiser nos objectifs. Mais pour le reste, il fallait apprendre à faire abstraction du fait qu’on était aux Olympiques. Une piscine, qu’elle soit à Montréal ou à Londres, est une piscine.


Comme on le sait, les Canadiennes en nage synchronisée ont manqué de justesse le podium à cinq reprises. Comment se sent-on quand on arrive en quatrième position ?


C’est frustrant, bien sûr, mais notre déception ne sera jamais liée à notre performance. Nous sommes satisfaites et fières de ce côté, nous gardons la tête haute. Quant au pointage des juges… y a-t-il quelque chose que nous aurions pu faire au cours des dernières années pour l’améliorer ? Impossible de savoir, puisque les juges ne donnent aucun feedback après les compétitions olympiques.


Serez-vous des prochains Jeux olympiques en 2016 ?


Les Jeux olympiques, ceux de Londres étaient mes derniers. J’ai aussi fait ceux de Pékin en 2008, alors je sais quels sacrifices cela exige. J'ai décidé "d'accrocher mon maillot" et de me concentrer sur mes études. Je termine mon baccalauréat en décembre et je vais entreprendre une maîtrise en janvier.


Quelle vie souhaitez-vous mener après votre carrière d’athlète ?


J’aimerais travailler dans mon domaine d’études, le marketing. Je m’intéresse aux relations avec les médias, à l’image de marque. J’aimerais aussi devenir chargée de cours à l’université. Entre-temps, j’ai commencé à donner des conférences, surtout dans les milieux scolaires (majoritairement féminins) afin de partager mon expérience en y établissant des parallèles. Enfin, si je retourne aux Jeux olympiques un jour, ce sera en tant que commentatrice dans ma discipline. Chose certaine, j’ai très hâte de trouver un travail qui me passionnera autant que la nage synchronisée !


Avis, donc, aux employeurs, Élise Marcotte se lancera à l’assaut du marché du travail dans quelques années. Si vous êtes à la recherche d’une jeune femme déterminée, disciplinée, travaillante, persévérante, qui a appris à gérer son stress et son temps, parfaitement bilingue, et qui a même développé son sens du leadership en tant que capitaine de son équipe… nul doute possible, vous avez sous les yeux une perle rare !



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