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Essai routier de la Jaguar XJ-L

5 octobre 2012 | Frédéric Masse

Essai routier de la Jaguar XJ-L


Une berline griffée




Jaguar en a fait du chemin depuis ses tout premiers débuts, en 1922, alors qu’elle portait le nom de Swallow Sidecar Company. D’abord anglaise, elle est devenue anglo-américaine en 1990 avec le rachat peu réussi de Ford. Puis, ce fut au tour de la compagnie indienne Tata Motors de tenter sa chance en 2008. Jusqu’à maintenant, on peut dire que ce dernier changement de main a fait du bien, alors que la marque nous propose des designs remarquables, tout en faisant des progrès considérables en matière de qualité. La nouvelle XJ, la berline amirale de Jaguar, n’a d’ailleurs pas à courber l’échine devant ses concurrents.


Depuis les trois dernières années, Jaguar a fait des bonds de géant en matière de qualité. Uniquement chez J.D. Power, elle a gagné 20 échelons cette année en qualité initiale et se positionne maintenant au deuxième rang, aux côtés de Porsche et derrière Lexus. Ian Callum, le dessinateur de la XJ, a su transformer la voiture en une véritable beauté. Il suffisait de voir les têtes tourner sur mon passage pour comprendre que Jaguar a réussi son coup. Et non, j’ai vérifié, rien ne se passe lorsque je me promène à pied…



Exit, donc, la Jaguar métallique un peu ringarde qui trônait au-dessus de la calandre. Adieu les lignes qui n’avaient pas (ou peu) évolué depuis 20 ans. N’en déplaise aux traditionalistes, la XJ, contrairement à la Porsche 911 ou au Jeep Wrangler (deux figures de proue en matière de longévité) avait mal vieilli. Mais le designer Callum a su lui insuffler du modernisme, notamment grâce aux lumières arrière en forme de L qui n’ont rien de banal. Je dirais même qu’il y a dans cette voiture une aura que les BMW, Mercedes, Lexus ou Audi n’arrivent pas à produire. Bizarrement, sa rareté et ses imperfections ont fait de ce modèle un produit intrigant et désirable. Et la magie repose aussi sur le fait que la Jaguar semble plus petite qu’elle ne l’est vraiment.


Le souci du détail dans l’habitacle


Les coutures d’un ton plus foncé, les sièges sculptés, les buses de ventilation ressemblant à celles d’un jet privé, jusqu’aux tablettes situées derrière les sièges, comme dans un avion... Le mot clé ici est opulence. Un luxe sans complexe ni gêne. Tout y est… sauf en ce qui a trait à l’espace, à l’insonorisation de haut niveau (c’est bien, mais pas excellent) et à la logique du système de gestion des contrôles. À titre d’exemple, il a fallu faire des sacrifices du côté passager à cause d’une console intrusive. Le confort des sièges avant aurait aussi pu être travaillé afin de les rendre aussi divins que les sièges arrière. Il y a une grande différence entre fermeté et support. Pour ce qui est des contrôles, tout est virtuel. Ce système m’a fait faire des cauchemars. Il faut se concentrer, manipuler, explorer, chercher… tout en conduisant, même pour des choses aussi simples que syntoniser la radio ou actionner les sièges chauffants. C’est très irritant. Jaguar devra vraiment refaire ses devoirs sur ce point. Je ne lui accorde même pas la note de passage.



En contrepartie, pour épater la galerie, c’est réussi. Le tableau de bord, entièrement numérique, fait son effet (personnellement, je n’aime pas son allure de jeu vidéo), les matériaux sont riches, la sonorité de la stéréo est impressionnante et les chromes sont de qualité. On y trouve aussi tous les bidules technos auxquels on s’attend : caméra et sonar de recul, sièges réglables de toutes les manières, écrans à l’arrière, sièges ventilés…


Beaucoup de « oomph »


Sur la route, sachez que la XJ affiche clairement sa personnalité. Les British appellent cela le « oomph ». Après quelques secondes de conduite, on comprend vite qu’elle n’en manquera pas. Il faut dire que le V8 de cinq litres suralimenté de mon modèle d’essai faisait grimper la puissance à 470 chevaux et 424 livres-pied de couple. Cerise sur le gâteau : malgré cette puissance, la consommation d’essence est demeurée raisonnable avec une moyenne de 9,6 litres aux 100 kilomètres. Dans cette voiture féline, on se prend toujours à rouler trop vite, à accélérer rapidement et à vouloir faire des dépassements, juste pour le plaisir. Un 0-100 km/h en deçà de 5,4 secondes est toujours étonnant dans une voiture de ce genre. La maniabilité est également surprenante grâce à la suspension pneumatique réglable et à une direction vive et communicative. On la sent solide et capable. Au freinage, rien à redire : c’était puissant et efficace.


En résumé, Jaguar est une marque unique. La nouvelle XJ projette autrement… comme si sa rareté en faisait un objet d’art. Oui, elle a des défauts, surtout en ce qui a trait à ses contrôles, mais elle demeure une voiture franche, entière et sans complexe. Elle est racée et authentique, un peu comme le serait une voiture exotique. Une allemande ou une japonaise ne provoque pas autant de convoitise ou de réactions fortes, bonnes ou mauvaises. La XJ est donc parfaite pour ceux et celles qui aiment rouler exclusif… et se faire regarder !


- Modèle essayé : Jaguar XJ-L Portfolio

  • Prix de base (XJ/portfolio) : 88 000 $ (108 500 $)

  • Prix du modèle essayé : 117 550 $

  • Moteur et transmission :

  • V8 de 5 litres à compresseur volumétrique

  • 470 ch à 6 000-6 500 tr/min

  • 424 lb-pi à 2 500-5 500 tr/min





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