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Georges Vanier, le général au grand cœur

28 février 2012 | Jean-Marie Lebel, historien

Georges Vanier, le général au grand cœur
Dominant le cap aux Diamants, notre Citadelle de Québec est un lieu de mémoire. Des drapeaux, des monuments, des portraits et bien d’autres éléments y rappellent les faits d’armes du 22e Bataillon et du Royal 22e Régiment. On n’y trouve toutefois que deux tombeaux : ceux du général Georges Vanier et de son épouse, Pauline Archer. Et ce dernier hommage, comme nous le verrons, est fort justifié.


L’ami personnel de chacun


Au lendemain de la mort du général Vanier, la romancière Gabrielle Roy qui, comme le général, avait fait de Québec sa ville d’adoption, se souvenait qu’il avait le don « de donner à chacun le sentiment d’avoir en lui un ami personnel ». Sa loyauté, sa modestie, sa compassion, sa générosité et son humour en faisaient un être attachant. Il réussissait à maîtriser son tempérament bouillant, se contentant, comme le soulignait si bien sa fille Thérèse, « de lancer des coups d’œil glaciaux » lorsqu’il était indigné ou furieux.


Le général Georges Vanier
Le général Georges Vanier

C’est à Montréal que Georges Vanier avait vu le jour en 1888. Sa mère, Margaret Maloney, était d’origine irlandaise. Il étudia au Collège Loyola et à l’Université Laval. Admis au Barreau en 1911, il ne pratiqua toutefois sa profession d’avocat que bien peu d’années. Le déclenchement de la guerre en 1914 vint chambarder tous ses plans.


Un héros de la grande guerre


Lorsque le jeune Georges Vanier apprit que le 22e Bataillon du Corps expéditionnaire canadien serait formé uniquement de Canadiens français, il s’enrôla et se présenta au camp militaire de Valcartier, que l’on venait d’aménager.


Le capitaine Georges Vanier en 1918.
Le capitaine Georges Vanier en 1918.

Le 22e Bataillon traversa l’Atlantique en 1915 et se retrouva sur les champs de bataille en France. En 1916, la bravoure de Vanier, sous le feu nourri de l’ennemi allemand, lui valut d’être promu au rang de capitaine et d’être décoré de la croix militaire. Il participera aux batailles de la Crête de Vimy, de la Côte 70, de Passchendaele, d’Amiens et de la Ligne Hindenburg. En 1918, il commandait son bataillon pour la prise de Cherisy, près d’Arras, lorsqu’une balle lui brisa une côte. Puis, étendu sur un brancard, il fut atteint par un éclat d’obus. Sa jambe droite dut être amputée à mi-cuisse. C’est ainsi que la guerre prenait fin d’une façon dramatique pour lui. Il ne s’en plaignit jamais. Une rosette fut ajoutée à sa croix militaire.


UN MILITAIRE DIPLOMATE


Après une longue convalescence, Vanier revint au Québec en 1919. Pour le reste de sa vie, il marchera en s’appuyant sur une canne, mais saura toujours le faire avec dignité.


La chapelle de la Citadelle et le Mémorial de Georges Vanier, avec sa toiture pyramidale.
La chapelle de la Citadelle et le Mémorial de Georges Vanier, avec sa toiture pyramidale.

En 1921, le gouverneur général Byng en fit son aide de camp. Peu de temps après, il épousa la jeune Pauline Archer, qu’on lui avait présentée à son retour de la guerre. Ils auront cinq enfants. En 1925, Vanier prit le commandement à Québec de son cher Royal 22e Régiment. C’est en 1928 qu’il entreprit sa carrière diplomatique, d’abord à la délégation militaire du Canada auprès de la Société des nations, à Genève. En 1931, il devenait secrétaire de la légation canadienne à Londres. En 1939, il se vit confier la délicate tâche de ministre plénipotentiaire canadien en France. Il échappa de justesse à l’avance des troupes nazies. De retour au Canada, il fut le commandant du district militaire de Québec et encouragea l’enrôlement volontaire.


Après la guerre, il retourna à la diplomatie en devenant le premier ambassadeur du Canada à Paris. Lui qui avait appuyé les efforts du général de Gaulle vécut de belles années dans la capitale française. Cependant, une visite au camp de concentration de Buchenwald le bouleversa.


SON DERNIER DEVOIR

Lorsqu’en 1959, le premier ministre John Diefenbaker offrit à Vanier la haute fonction de gouverneur général du Canada, ce dernier hésita d’abord. Il avait plus de 70 ans et se relevait d’une crise cardiaque. Puis, en bon soldat, il accepta, devenant ainsi le premier Québécois francophone à assumer cette fonction.


Il partagera le reste de son existence entre ses résidences officielles de Rideau Hall à Ottawa et de la Citadelle de Québec. À son pupitre, il tenait à jour son imposante correspondance. Malgré la désapprobation de ses adjoints, il répondait à de nombreuses demandes d’aide financière avec ses propres deniers. La Bible était son livre de chevet. Il aimait nourrir les oiseaux des jardins de Rideau Hall, leur distribuant pas moins de dix kilos de graines par mois ! Chaque séjour à Québec lui était précieux, y revoyant des compagnons du Royal 22e Régiment dont il fut le colonel de 1952 à 1964.


En 1966, sa santé déclina de façon inquiétante. L’année suivante, il aurait bien aimé inaugurer les activités de l’Expo 67, mais ce ne fut point possible. C’est dans sa chambre de Rideau Hall, avec son épouse à son chevet, qu’il décéda. La veille, sous sa tente à oxygène, il avait regardé à la télévision un match des Canadiens, son équipe de hockey favorite depuis les jours glorieux de Maurice Richard.


Ses funérailles eurent lieu à la cathédrale d’Ottawa où son fils Jean Vanier, le fondateur de L’Arche, lut l’épître. Puis, le général fut ramené à Québec, et repose depuis lors dans le Mémorial attenant à la chapelle régimentaire de la Citadelle.


Le vieux général ne sera pas oublié. À Québec, un district (l’ancienne Ville Vanier) porte encore son nom. De plus, le Rouge et Or de l’Université Laval s’est emparé à plusieurs reprises de la convoitée coupe Vanier. Le général avait un jour résumé ainsi sa philosophie de vie : « Le bon temps est toujours le temps présent. »

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