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La glace noire

21 février 2019 | Marie-Josée Turcotte, éditrice

La glace noire
© Marjorie Roy, Optique Photo

Être dans les affaires s’apparente parfois à prendre le volant alors que les conditions routières sont incertaines, voire périlleuses.



On a beau se montrer prudent et faire preuve de vigilance, on a beau avoir confiance en ses qualités de conducteur expérimenté et avoir développé de bons réflexes, malgré tout, on ne peut pas tout contrôler sur la route. En grande partie parce qu’on est rarement seul sur le chemin et parce qu’il est quasi impossible de prévoir chaque (faux) mouvement de la part de l’autre.

Et puis, il faut bien admettre que, parfois, on représente ce conducteur téméraire qui roule trop vite dans la tempête, mais qui, selon sa perspective, prend des risques calculés. À l’autre extrémité se trouve le conducteur effrayé qui devient un danger public à force d’appuyer sur le frein, au lieu de suivre la cadence à bonne distance. Dans un cas comme dans l’autre, les risques d’accident sont bien réels.

Dans le meilleur des cas, on parlera d’une banale sortie de route, d’un incident de parcours sans conséquences trop fâcheuses. Après quelques réparations, on reprend la route et on se montre un peu moins intrépide... ou un peu plus nerveux, c’est selon. Dans la pire des situations, la collision est fatale et l’histoire prend fin abruptement. Entre les deux spectres, c’est le purgatoire, c’est continuer de vivre, mais en tentant très fort d’apprivoiser ce nouveau handicap qui nous rappelle chaque jour ce que l’on a perdu.

Car c’est ce que les gens d’affaires font : ils apprennent à conduire dans toutes les conditions possibles et imaginables. Dans le brouillard, dans la tempête de neige et sur la glace noire…

Au cours des derniers mois, des personnalités publiques en affaires ont connu de graves « dérapages » qui leur ont fait prendre le clos. Abondamment commentées et critiquées, parfois de manière impitoyable, les déconfitures de Caroline Néron et Alexandre Taillefer s’avèrent néanmoins de beaux exemples de conducteurs qui, malgré un climat incertain, ont osé prendre la route.

Certains leur reprocheront d’avoir bêtement conduit les yeux fermés, d’autres affirmeront qu’ils sont allés trop vite, qu'ils ont négligé de regarder l'angle mort ou qu’ils ont pris un virage trop serré. Oui, peut-être. Mais facile à dire quand on est assis dans le siège du passager et qu’on n’a pas mille et une décisions à prendre, qu’on se contente de regarder le paysage pendant que le conducteur, lui, évalue constamment s’il doit accélérer, ralentir ou prendre la prochaine sortie.

Car c’est ce que les gens d’affaires font : ils apprennent à conduire dans toutes les conditions possibles et imaginables. Dans le brouillard, dans la tempête de neige et sur la glace noire… Et la glace noire, comme on le sait, est invisible à l’œil nu. Elle donne au conducteur l’impression que la chaussée est sèche… jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

À tous les gens d’affaires qui prennent la route à leurs risques et périls, que celle-ci soit clémente pour vous en 2019 !





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