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La politique : sport national des Français

2 mai 2013 | Jean Chouzenoux, correspondant européen

La politique : sport national des Français
En France, la politique est un sport national. Elle appartient aux élus, qui peuvent encore cumuler les mandats, c’est-à-dire être à la fois maire de leur vile, député et même ministre ! La politique est aussi aux médias, qui nous la servent à toutes les sauces et en boucle, ainsi qu’aux citoyens, dont c’est le sujet favori en toutes circonstances : familiales, sociales ou mondaines. C’est à se demander si ce n’est pas le sujet que les Français ressassent sur l’oreiller… pas très stimulant pour la libido !



Les politiciens sont de toutes les tribunes
médiatiques. Sept jours sur sept, de 7 h
à 23 h, il suffit de zapper à la télé ou à la
radio pour voir ou entendre un ministre.
Tous les matins, une horde de ministres
s’installe au micro des chaînes d’info
spécialisées ou des émissions matinales
comme Salut, Bonjour !. Idem à la radio.
Et on remet ça à l’heure du souper, et
en reprise pour les insomniaques… ou
maniaques tout court !


Et c’est sans compter les grands
débats télévisés qui, en fait, sont
une suite de monologues débités
simultanément, donnant l’impression
d’une assourdissante cacophonie. Je me
demande à quel régime ils carburent,
ces ministres, pour se lever tôt, passer
au maquillage, à la moulinette de
l’interviewer et ensuite, commencer leur
vrai boulot !


Quant aux dîners entre amis, ils tournent
souvent à l’empoignade, surtout si
vous avez la lumineuse idée d’inviter
des sympathisants de la gauche et de
la droite à la même table. Évidemment,
comme j’ai des amis dans les deux camps,
nous les recevons à tour de rôle… je tiens
à mes verres Riedel ! Je blague, car les
Français ont ce don inouï d’argumenter
jusqu’à plus soif, de s’invectiver des
pires vacheries et de se quitter en
s’embrassant.


Les politiciens français se retrouvent régulièrement dans l'oeil de la caméra.
Les politiciens français se retrouvent régulièrement dans l'oeil de la caméra.

LES « AFFAIRES »


Si j’aborde le sujet ce mois-ci, et vous
devez le voir dans l’actualité, c’est
que depuis quelque temps, les enjeux
politiques cèdent le pas à ce qu’on appelle
ici « les affaires ! »... et qu’on appelle
au Québec « les scandales ». Ouf, c’est
épuisant à suivre et le dicton qui dit « Où
il y a de l’homme, il y a de l’hommerie »
n’a pas de frontière.


Jérôme Cahuzac
Jérôme Cahuzac

Voici un florilège des récentes « affaires »
qui, de surcroît, frappent les plus hautes
têtes dirigeantes de l’État. Il y a d’abord
eu « l’affaire Chirac/Juppé », tous deux
condamnés à la prison avec sursis
pour une question d’emplois fictifs à
la mairie de Paris. Comme Chirac avait
droit à l’immunité au moment où il était
président, son procès et sa condamnation
n’ont eu lieu qu’en 2012.


Jacques Chirac
Jacques Chirac

Dominique Strauss-Khan
Dominique Strauss-Khan

Qui n’a pas entendu parler de « l’affaire DSK » ? Les Français
sont reconnus pour leur ouverture face à certaines moeurs. C’est
cette approche qui fait qu’une classe politique et médiatique, qui
connaissait le penchant pour la « chose » de Dominique Strauss-
Khan, ne lui en tenait guère rigueur. Cela couvait, mais on n’en
avait cure… après tout, si on approche du Saint Graal !

Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy

En ce moment, Nicolas Sarkozy attend d’être jugé pour « l’affaire
Bettencourt ».
Liliane Bettencourt est la patronne de L’Oréal et
la femme la plus riche de France. L’ancien président est accusé
d’abus de faiblesse envers cette vieille dame respectable et de lui
avoir extorqué de l’argent aux fins de sa campagne électorale de
2007. Y a-t-il une juge Charbonneau dans la salle ?


Cet hiver, nous avons eu droit à la saga à la direction de l’UMP
(l’Union pour un mouvement populaire),
poste laissé vacant
après le départ de Nicolas Sarkozy. Les deux candidats,
Jean-François Copé et François Fillon, se sont accusés tour
à tour : l’un d’avoir « bourré les urnes » à Nice, l’autre d’avoir
volontairement oublié de compter les votes des territoires
d’outre-mer. Oh là là ! Qu’est-ce qu’on a pu déchirer sa chemise !


Et ce printemps, qu’a à se mettre sous la dent le bon peuple ?
« L’affaire Cahuzac », ministre du Budget qui, après quatre mois
de démentis formels, d’indignation, de mépris et de menaces
envers ceux qui ont sorti la nouvelle, vient d’avouer avoir fraudé
l’impôt en cachant des comptes en Suisse et à Singapour. Lui,
dont le mandat était justement d’établir des mesures visant à
contrer l’exode fiscal. C’est Gérard Depardieu qui doit rire dans
sa barbe !


Alain Juppé
Alain Juppé

Pas besoin de vous dire que ça joue dur dans un camp comme
dans l’autre. Alors on s’accuse, à gauche comme à droite, de tous
les maux de la terre, et d’être corrompus (tenez, un air connu !).
Les humoristes alimentent la polémique, car chaque émission de
variétés digne de ce nom possède son humoriste de service, qui
vient chaque soir commenter l’actualité… et ils n’ont pas besoin
d’école de l’humour pour trouver l’inspiration !




La haute direction de Groupe Damco : Jamil Cheaib, président (au centre); entouré de Charly Bejjani, vice-président Finances; Julie Beaudoin, directrice générale, Division Québec; Rania Mansour, gestionnaire et juriste; et Guy St-Gelais, vice-président Développement des Affaires, Division Québec. © Marjorie Roy, Optique Photo

Si vous voulez avoir un aperçu
de ce dont sont capables les
politiciens français, louez le
film La conquête, l’histoire
de la course à la succession
de Jacques Chirac. Vous serez
interloqué par les passes
d’armes entre Jacques Chirac,
Nicolas Sarkozy et Dominique
de Villepin.


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