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Le voyage d’une petite « banane » à Hong Kong

8 novembre 2011 | Kathy Ng

Le voyage d’une petite « banane » à Hong Kong
Définition de « banane » : Surnom donné aux Occidentaux d’origine chinoise. Jaune à l’extérieur, blanc à l’intérieur.


La Chine, beauté de l’Orient… Très vite, les images du cultivateur chinois dans sa vaste rizière, d’une population en pousse-pousse et des femmes asiatiques en robe traditionnelle faite de soie rouge nous viennent en tête. Pourtant, dès que nous mettons les pieds à Hong Kong, ancien village de pêcheurs, son système de transports ultra moderne, sa multitude de hauts édifices lumineux et sa vie urbaine des plus actives nous forcent à reconnaître que « nous étions dans le champ »…


La montagne Victoria Peak, avec ses 552 mètres d’altitude, est le point le plus élevé de l’île de Hong Kong.
La montagne Victoria Peak, avec ses 552 mètres d’altitude, est le point le plus élevé de l’île de Hong Kong.

Mon histoire


Aujourd’hui, Hong Kong est reconnue pour son importance dans l’économie mondiale. Elle compte plus de 7 millions d’habitants. Mais si on recule de 27 ans, sa population comprenait des gens bien spéciaux à mes yeux : mes parents. Ceux-ci ont immigré au Québec avant ma naissance, en 1984. Or, même si je suis née ici et que j’ai joui d’une éducation scolaire francophone toute ma vie, je garde encore un étroit contact avec ma culture d’origine dans plusieurs aspects de ma vie, dont celui de la langue, le cantonais.


Le gros Bouddha est l’attraction principale de la ville.
Le gros Bouddha est l’attraction principale de la ville.

Retour aux sources


C’est en 2007 que, pour la première fois, je suis débarquée à Hong Kong en compagnie de ma famille, à la rencontre de celle qui est demeurée là-bas. Mais ce n’est qu’à l’été 2011 que j’ai pu faire un retour aux sources toute seule, comme une grande fille de 19 ans.



À l’Aéroport international de Hong Kong, je fus accueillie par quelques membres de ma famille… et une chaleur humide de 40 degrés Celcius ! Un de mes oncles avait d’ailleurs fait plus d’une heure d’autobus afin de s’assurer que j’étais arrivée saine et sauve. On m’avait prévenue que j’aurais droit à une armée de papas et de mamans toujours inquiets pour ma sécurité. Même si cette situation peut paraître étouffante (elle l’était aussi à l’occasion, je dois l’avouer), j’ai réalisé, avec le temps, qu’il s’agissait de leur manière de me montrer leur affection, puisque les Chinois ne sont pas aussi démonstratifs verbalement ou physiquement que les Québécois.


L’un de mes oncles avec son petit-fils.
L’un de mes oncles avec son petit-fils.

En compagnie de ma grand-mère et de mes cousines.
En compagnie de ma grand-mère et de mes cousines.

J’aurais aussi eu bien d’autres raisons de me sentir étouffée à mon arrivée, mais au-delà de cette grande ville urbaine, aussi belle que surpeuplée, je fus déstabilisée par une seule chose : le fait de ne plus être une minorité visible…


Un changement drastique de rythme


Il ne m’a guère fallu de temps avant de m’apercevoir que le rythme de vie à Hong Kong est très différent de celui du Québec. Là-bas, tout va extrêmement vite et, bien sûr, les services sont adaptés à ce mode de vie effréné. Par exemple, les transports en commun (métro et autobus) passent à des intervalles de moins de cinq minutes. Des tonnes de petits stands de nourriture, disséminés partout sur les routes, permettent de manger sur le pouce, et les commerces sont ouverts très tard, parfois jusqu’à deux heures du matin !


Comptoir de fruits de mer et de poissons sur Seafood Street. La fraîcheur est primordiale pour les Chinois.
Comptoir de fruits de mer et de poissons sur Seafood Street. La fraîcheur est primordiale pour les Chinois.

J’ai aussi constaté une différence hallucinante entre le cheminement de vie des Orientaux de mon âge, comparativement à celui des Occidentaux. Alors qu’au Québec, la majorité des jeunes commencent à gagner leur propre argent dès l’âge de 16 ans (c’est ce que j’ai fait), à Hong Kong, les parents paient pour les dépenses de leurs enfants même dans la vingtaine. Mais on m’a bien vite expliqué pourquoi il en est ainsi…


Un milieu très compétitif


Le milieu scolaire est très compétitif à Hong Kong. Il est donc impossible pour les jeunes Chinois de concilier les études et le travail. Dès le niveau primaire, ceux-ci doivent performer afin d’avoir la moindre chance d’accéder aux écoles élites. Ils doivent en savoir le plus possible dans le but de se démarquer des autres. Nous sommes bien loin de cette réalité au Québec, alors que notre devise ressemble plutôt à celle-ci : « T’es jeune, t’as le temps en masse! » Même si certains qualifient de « malsaine » cette importance accordée à la performance académique, pour ma part, je suis plutôt d’avis qu’elle apprend très vite aux jeunes à se donner à 100 % dans tout ce qu’ils font afin d’atteindre leurs objectifs. Mais l’envers de la médaille, c’est que cette pression s’exerce aussi dans d’autres aspects de leur vie, comme celui relié à l’apparence physique…


Le Dragon Boat Festival est une fête traditionnelle dont le temps fort est sans contredit la course des bateaux dragons.
Le Dragon Boat Festival est une fête traditionnelle dont le temps fort est sans contredit la course des bateaux dragons.

Un idéal de perfection


Ce sont surtout les jeunes filles et les femmes qui subissent cette pression reliée à l’idéal féminin qui, comme dans beaucoup de sociétés, privilégie une silhouette toute menue, affichant le moins de courbes possible; pour les Chinois les seins et les hanches sont à proscrire. Et cette pression est constante et omniprésente en raison de la multitude de publicités concernant les centres d’amaigrissement. On la détecte aussi dans les boutiques de vêtements, qui ne proposent que des grandeurs uniques. Enfin, l’image de la vedette asiatique au physique homogène crée aussi ses effets pernicieux sur l’image qu’ont les Chinoises d’elles-mêmes. Moi qui pèse 130 livres et qui mesure 5 pieds et 5 pouces, j’étais perçue, à Hong Kong, comme la big girl.


La place des aînés


Enfin, pour terminer sur une note positive, j’ai été frappée, à Hong Kong, par la présence des aînés dans leurs familles. En effet, chez les Chinois, il est de coutume que les grands-parents vivent chez le ou la plus jeune de la famille. Ils participent aussi beaucoup aux soins et à l’éducation des enfants. J’ai été touchée par cette place d’importance qu’on leur accorde et je trouve que nous aurions beaucoup à apprendre de cette coutume au Québec.



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