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Les élections présidentielles américaines et le phénomène Trump

30 mai 2016 | Donald Charette

Les élections présidentielles américaines et le phénomène Trump

Homme d'affaires et chroniqueur politique, John Parisella juge que Donald Trump a littéralement « hijacké » la course à la présidence américaine, mais il doute qu'il occupe la Maison-Blanche dans quelques mois…



Particulièrement passionné par la politique américaine depuis la campagne électorale de Barry Goldwater en 1964, Parisella a analysé la trépidante campagne au bénéfice du Club économique de Québec, qui l’a invité à donner une conférence sur le sujet, le 15 avril dernier, à Québec. « Il y a, cette année, un intérêt sans précédent pour la course à la présidence américaine, a souligné d'entrée de jeu le conférencier. C'est la première fois que je vois que l'inquiétude a gagné la population devant ce choix. On me demande : “Mais qu'est-ce qui se passe aux États-Unis ?” »




Les Américains sont aux prises avec un populisme de droite et avec un populisme de gauche.






John Parisella, homme d'affaires, chroniqueur politique et conférencier.





Toutefois, John Parisella s'empresse de rassurer les Canadiens et les Québécois en soulignant que les relations ont toujours été excellentes entre les deux pays et le demeureront, peu importe qui occupera le bureau ovale. On se rappelle de la connivence Mulroney-Reagan, mais on a oublié que certains présidents et premiers ministres ne s'appréciaient guère (Diefenbaker-Kennedy, Nixon-Trudeau). « Ces relations ne changeront pas, même si Trump devient le président. Cela dépasse les individus », tranche l’expert.



John Parisella est une figure connue de la politique québécoise et il est le prototype du gentleman apprécié dans tous les milieux. Conseiller politique de Robert Bourassa et de Daniel Johnson, président du Parti libéral du Québec, délégué du Québec à New York, chroniqueur, c'est avant tout un pédagogue qui a lancé, tout récemment, son livre au titre révélateur, La politique dans la peau. Pourtant, tout jeune, il s'est d'abord intéressé à la politique américaine avant la politique canadienne. Devant des convives très attentifs, il s'est attardé au phénomène Trump, que l'establishment du Parti républicain a bien mal évalué au départ, ce qui pourrait lui causer un tort considérable. « En s'autofinançant, en menant une campagne d'insultes, en utilisant les médias, Donald Trump a « hijacké » la campagne du parti », fait-il observer.




« C'est la première fois que je vois que l'inquiétude a gagné la population devant ce choix. On me demande : “Mais qu'est-ce qui se passe aux États-Unis ?” »




Les Américains sont aux prises avec un populisme de droite et un populisme de gauche, incarné, dans ce dernier cas, par Bernie Sanders chez les démocrates. Ce dernier tient un discours anti-libre-échange, lequel nourrit une grogne populaire qui pense que « Wall Street nous a volés et n'a pas été puni. » Cela dit, Parisella affirme qu’il n’a pas de crainte. « À la fin, la modération va l'emporter et le radicalisme ne gagnera pas. »





Paul Ryan pourrait se porter candidat sur le parquet de la convention afin de bloquer Donald Trump.





John Parisella note que Ted Cruz et John Kasich ont « suspendu » leur campagne, mais sans l'interrompre définitivement. Théoriquement, ils pourraient la remettre sur les rails. Il est donc probable que Trump atteigne le chiffre magique de 1 237 délégués avant la convention de juillet. Le controversé milliardaire doit être désigné au premier tour, car 60 % des délégués deviennent agents libres au deuxième, et 80 % au troisième. Trump est le candidat républicain « présumé » jusqu'au congrès de juillet. Le président des États-Unis est choisi par un collège électoral. John Parisella évaluait (au début du mois de mai), en citant des projections américaines, que le score au sein de ce collège avantageait les démocrates (350-190). « Je continue de penser que Trump tire de l'arrière dans le vote populaire et au sein du collège électoral. C'est le brand républicain qui y goûte actuellement », dit-il.



Devant le Club économique de Québec, il avait évoqué un autre scénario : la candidature de Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, annoncée sur le parquet de la convention. Ryan, 46 ans, faisait partie du ticket de Mitt Romney, en tant que vice-président, en 2012. Cette hypothèse, juge-t-il, a perdu de l'élan depuis.



Dans le camp démocrate, John Parisella pense qu'Hillary Clinton est sur une poussée irrésistible, à moins, bien sûr, que le FBI ne démontre que la secrétaire d'État a laissé fuir des documents classifiés. « Jusqu'à présent, on n'a pas mis la main sur un smoking gun », dit-il.



Dans son style imagé, John Parisella compare la période des primaires à « un concours de beauté » ou à ce que les Américains désignent comme la Silly Season. Cette phase terminée, les électeurs scrutent très attentivement le discours des candidats. « La coalition qui a porté Obama au pouvoir à deux reprises, celle des minorités, des femmes, des jeunes, des travailleurs… cette coalition existe encore », fait valoir John Parisella.



Interrogé par un participant sur l'avenir du projet de pipeline Keystone, John Parisella soutient qu'il pourrait être approuvé par une administration républicaine, mais que les démocrates vont l'enterrer définitivement. « C'est le legs d’Obama après la conférence de Paris », note-t-il.



Les Québécois sont souvent perplexes devant le système électoral américain. John Parisella convient qu'il produit un déficit démocratique, car le président est choisi par un collège électoral. De même, il croit que le système des primaires pourrait être amélioré pour compenser le poids des gros États. Par contre, souligne-t-il, ce système a produit « la démocratie à la fois la plus durable et la plus stable ».



La conférence de John Parisella a vivement intéressé les gens présents à l’activité organisée par le Club économique de Québec. Sur place, un caméraman et un serveur ont mentionné spontanément avoir été captivés par les propos du conférencier.



Donald Trump et Bernie Sanders auront ainsi réussi à amener les résidents du Nord à suivre ce qui se passe au Sud.  



L'élection présidentielle américaine se déroulera le 8 novembre prochain. Le président élu entrera en fonction le 20 janvier 2017.



 



Les candidats du Parti républicain qui se sont retirés de la course dernièrement :




Ted Cruz, sénateur du Texas.




John Kasich, gouverneur de l’Ohio.


 



Les candidats du Parti démocrate :




Bernie Sanders, sénateur du Vermont.






   



Pour en savoir davantage sur John Parisella :





Pour en savoir davantage sur le Club économique de Québec : clubeconomiquedequebec.com


  



 



 



 


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