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Météo politique américaine : Un été chaud !

4 juillet 2013 | Nelson Michaud, Ph.D.

Météo politique américaine : Un été chaud !
Nous serons plusieurs, au cours des prochaines semaines, à visiter la côte est américaine ou à entendre raconter ce que nos proches y auront découvert. Si telle est votre destination de vacances , vous pourriez en profiter, au gré d’une conversation avec vos hôtes, pour prendre le pouls du climat politique actuel et découvrir un monde difficile à prédire il y a quelques mois à peine.


Le président Obama achevait alors un
premier mandat qui l’avait couronné de
multiples façons et il s’apprêtait à en
entamer un second, fort de sa lancée. Le
voici aujourd’hui ouvertement critiqué :
que s’est-il passé ?


RÉJOUIR LA DROITE


Dès sa première élection, Barack Obama
a eu à gouverner en fonction d’une
économie mise à mal. La situation ne
s’améliore que lentement. Il s’agit d’un
facteur non négligeable, mais non de
la donnée la plus importante, puisque
d’autres difficultés se sont accumulées
sur son parcours. Décembre nous semble
déjà loin, mais il ne faut pas oublier
que prévalait alors la perspective d’un
précipice fiscal qui aurait pratiquement
gelé l’économie américaine pour plus
longtemps encore. Mais au-delà de
cette lutte de contre-pouvoirs, d’autres
dossiers semblent hors du contrôle
présidentiel.



Il y a tout d’abord l’incompréhensible
cafouillage, en matière de
communications, entourant l’attaque du
consulat américain à Benghazi en Libye,
qui a fait trois victimes américaines,
dont l’ambassadeur. La Maison-Blanche
aurait-elle pu ou aurait-elle dû prévenir
la charge ? Aucune réponse concluante
n’a été apportée à ce jour. Il y a eu aussi
l’acharnement du fisc envers 75 groupes
conservateurs souvent associés à la
mouvance Tea Party. Quand on sait que
le « Tea Party » original, dans les eaux
du port de Boston, avait justement pour
objet de protester contre l’imposition de
taxes jugées iniques, on se demande qui a
pu autoriser pareille bourde politique.


Enfin, le sacro-saint premier amendement
de la Constitution américaine, celui qui
garantit la liberté d’expression et la liberté
de presse, semble avoir été bafoué lorsque
le ministère de la Justice a fait irruption
à l’Associated Press pour rechercher
les sources qui auraient informé des
journalistes de questions de sécurité
nationale. Le président a eu beau se
dissocier de ces actions, de les qualifier
de scandaleuses, toutes ont donné des
munitions aux républicains pour qu’ils
minent la crédibilité de l’administration.



INQUIÉTER LA GAUCHE


De façon plus inquiétante encore pour
lui, sa base, plus à gauche, considère de
plus en plus Obama comme un président
attentiste, peu tourné vers l’action une
fois que s’éteignent les projecteurs ayant
illuminé les beaux discours. Non que le
président n’ait pas agi, mais souvent, son
action semble inachevée.


Ainsi, plusieurs engagements chers
à ses électeurs ne réussissent pas
à se matérialiser suffisamment à
leurs yeux. Il a été incapable de faire
adopter une politique restreignant
l’accès aux armes à feu. La prison de
Guantanamo est toujours en activité et
il lui faudra convaincre des gouverneurs
amis d’accepter sur leur territoire des
prisonniers parmi les plus honnis,
puisqu’ils ont voulu s’en prendre « au
coeur de l’Amérique ».


Le secteur de l’environnement est
aussi une question sensible auprès des
électeurs démocrates et la performance
du président dans ce dossier pourrait
stagner dans la liste des espoirs déçus.
Et, dernier sujet en lice, l’assurance d’un
contrôle accru lors de l’utilisation de
drones – ces aéronefs robotisés – dans le
cadre d’opérations militaires, ne semble
pas avoir satisfait les détracteurs de cette
pratique.


UN HORIZON QUI SE DÉGAGE ?


En plus d’une éventuelle percée sur les
questions d’immigration, les meilleurs
espoirs des démocrates pour conserver
la présidence pourraient résider aux
extrêmes du spectre d’intérêts. Au plus
près, le thème des soins de santé ne laisse
personne indifférent. La loi donnant un
plus grand accès à des soins assurés et
adoptée au cours du premier mandat,
bien qu’édulcorée pour pouvoir être votée,
pourrait devenir de nouveau un cheval
de bataille politique qui permettrait de
rallier les troupes progressistes autour de
sa défense, voire de son renforcement.


Plus distant, le domaine de la politique
étrangère interpelle les Américains. La
doctrine de Monroe est oubliée depuis
longtemps et l’engagement international
américain fait partie de tout bilan
présidentiel : sous Barack Obama, les
États-Unis ont-ils gagné ou perdu de
l’influence et du prestige sur la scène
internationale ? Que fera John Kerry
comme secrétaire d'État? Sera-t-il le fidèle
lieutenant ou se servira-t-il de son poste
pour préparer son retour dans une course
présidentielle ? Comment les États-Unis
réagiront-ils, à moyen terme, devant un
nouvel interlocuteur à Téhéran ?
Si les tensions avec la Corée du Nord
semblent s’amenuiser – et il serait difficile
d’affirmer que la visite de Kerry en Asie en
avril n’y soit pour rien –, qu’en sera-t-il avec
la Syrie que la Russie appuie toujours ?
L’impasse sur laquelle le récent G8 s’est
conclu laisse planer des doutes.


L’APPROCHE DE 2014


Toutes ces dimensions convergent vers
novembre 2014, alors que le tiers du
Sénat et l’ensemble de la Chambre des
représentants passeront le test électoral.
Et si 16 mois peuvent sembler une longue
période avant le scrutin, il faut réaliser que
les machines politiques seront en marche
au début de l’automne et rouleront à
plein régime avant la fin de l’année. Pour
le président Obama, cette élection fera la
différence entre sa capacité de compléter
les réformes qu’il souhaite implanter et son
obligation d’administrer le pays en tenant
compte impérativement des desiderata
d’un Congrès qui lui serait hostile.


Sa place dans les livres d’histoire, au-delà
de ses origines et des espoirs qu’il aura
portés, se joue donc en grande partie cet
été, autour des barbecues et des piscines
où se rencontreront les démocrates :
si leur désenchantement leur inspire
l’abstentionnisme venu novembre 2014,
les républicains auront la voie libre
pour utiliser les travers qu’un début de
deuxième mandat hésitant leur aura
livrés sur un plateau d’argent. À n’en
pas douter, ces échanges avec nos hôtes
seront passionnants !

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