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3, 2, 1… Silence, on tourne à Québec et à Lévis !

1 juin 2011 | Johanne Martin

3, 2, 1… Silence, on tourne à Québec et à Lévis !
Émissions de télévision, films publicitaires, documentaires, téléfilms, courts ou longs métrages : on l’aperçoit de plus en plus fréquemment au petit comme au grand écran. Que ce soit parce qu’on reconnaît en elle le charme de l’Europe ou l’esprit de certaines villes américaines des années 30, parce qu’elle offre des paysages grandioses ou tout simplement parce qu’elle inspire, la capitale a la cote. Coup d’œil sur Québec, ville de productions cinématographiques et télévisuelles.



©Martin Dostie Sotheby’s International Realty Québec


©Martin Dostie Sotheby’s International Realty Québec

Jamais la cité de Champlain n’aura autant servi de lieu de tournage que depuis l’année du 400e. Deuxième pôle de production en importance au Québec, on y a effectué, l’an dernier seulement, pas moins de 78 tournages, lesquels se sont étalés sur une période de 213 jours. En incluant le bilan de sa voisine, Lévis, on arrive à un grand total de 90 productions, toutes catégories confondues.


Dans la capitale comme sur la Rive-Sud, les secteurs d’intérêt ne manquent évidemment pas. La proximité du fleuve, la richesse du patrimoine et la beauté des lieux – auxquelles on pourrait ajouter la tenue de certaines activités d’envergure – inspirent à elles seules bon nombre de producteurs. Toutefois, depuis 2008, on tend à s’organiser davantage pour favoriser l’industrie du film et de la télé sur le territoire.


Si Lévis répond aux demandes qui lui sont adressées sans faire de prospection, à Québec, le Bureau du développement touristique et des grands événements assure et facilite, à titre de guichet unique, les activités d’accueil et de coordination des productions cinématographiques et télévisuelles.


« Depuis que le mandat nous a été confié il y a trois ans, nous sommes en progression constante quant au nombre de tournages, rapporte Étienne Talbot, directeur du Bureau du développement touristique et des grands événements. Grâce à une entente que nous avons signée avec le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec, la promotion de la ville se fait également de façon beaucoup plus soutenue à l’étranger. »


Ces jours-ci, par exemple, Québec participe à un salon de promotion des destinations de tournage qui se tient à Los Angeles. « Pour attirer des productions, on met en valeur le côté historique, l’Europe en Amérique du Nord, et ça donne de bons résultats », reprend M. Talbot, qui indique au passage que les quartiers Saint-Sauveur et Saint-Roch ont déjà servi à recréer certaines villes américaines telles que Denver dans les années 30.


À Lévis, parmi les attraits les plus populaires auprès des producteurs figurent, sans surprise, le fleuve et le parc des Chutes-de–la-Chaudière. « Il faut dire que les tournages sont rarement faits en entier ici, mais on se souvient de certaines scènes du long métrage Les grandes chaleurs et du film Louise qui ont été tournées chez nous », souligne le directeur des communications de la Ville, Christian Brière.


À l’égard des lieux de tournage, il est intéressant de noter que sur son site Internet, la Ville de Québec lance à ses citoyens une invitation qui sort de l’ordinaire. Depuis quelques mois, elle est à la recherche de « trésors » afin de constituer une banque d’endroits pouvant être suggérés aux professionnels du cinéma et de la télé.


Plus cher à Québec qu’à Montréal ?


Des lieux qui plaisent, une promotion qui commence à se structurer, mais qu’en est-il des coûts de production ? Pour soutenir cette industrie encore fragile dans la capitale, une aide au démarrage, à laquelle contribue le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine ainsi que le Bureau de la Capitale-Nationale, a notamment été mise en place à la suite du forum Québec horizon culture, tenu en 2009.


« Dans le but d’appuyer les producteurs de la région et de favoriser le développement de leur produit, un fonds de 600 000 $ – soit 200 000 $ par année pendant 3 ans – a été créé », détaille Étienne Talbot, qui rappelle que Québec est l’une des villes où le tarif est le plus concurrentiel puisqu’elle accorde une réduction de 30 % sur le coût des services municipaux fournis lors des tournages.


« Au Canada, nous sommes les seuls à appliquer cette mesure et aux États-Unis, il n’y a que New York et Los Angeles qui le font. C’est une façon pour nous d’être compétitifs, de compenser, parce que nous sommes plus loin des grands studios de Montréal », poursuit le directeur du Bureau du développement touristique et des grands événements.



©Martin Dostie Sotheby’s International Realty Québec


©Martin Dostie Sotheby’s International Realty Québec

Malgré tout, il semble y avoir un prix à payer pour tourner à Québec. Ne serait-ce que parce que la colonie artistique se concentre principalement dans la métropole et que des équipes techniques doivent souvent être appelées en renfort. « Transporter le monde, ça coûte cher; pour couvrir les frais de restaurant et d’hôtel, il a fallu prévoir 200 000 $ de plus à notre budget, illustre Bernadette Payeur, productrice chez ACPAV, associée au long métrage Tout ce que tu possèdes, actuellement tourné à Québec. Mais le choix du lieu est une prérogative de l’auteur, Bernard Émond, qui a imaginé son personnage dans cette ville-là, une très belle ville à filmer, doit-on quand même reconnaître. »



© Patrice Vouvet

Directeur de la succursale de Québec des Locations Michel Trudel (Les Studios Mel’s), une entreprise montréalaise qui offre depuis 11 ans de l’équipement professionnel dans la capitale et qui y a ouvert un studio de cinéma en 2009, Jérôme Bourgault confirme de son côté qu’il est souvent nécessaire d’avoir recours à du personnel technique en provenance de Montréal. « En période de pointe, Québec fait face à une pénurie de main-d’œuvre, mais somme toute, on s’en sort plutôt bien et pour nous, la rentabilité est au rendez-vous. Surtout cette année, avec le crédit d’impôt remboursable pour la production cinématographique ou télévisuelle québécoise, lequel profite exclusivement aux œuvres réalisées à l’extérieur de Montréal », apporte le directeur de succursale, qui tient à préciser que la moitié de ses revenus dépend de la publicité d’entreprise.



©Martin Dostie Sotheby’s International Realty Québec

Parmi les grands projets auxquels collabore présentement le studio de Québec, on compte la troisième saison de la série Chabotte et fille diffusée sur les ondes de Télé-Québec, la deuxième de l’émission Les chefs! présentée à Radio-Canada, le magazine télévisé RPM proposé à V de même que le film Le dernier passager.


« Le défi pour nous, c’est de continuer à augmenter le nombre de productions compte tenu du fait que la masse critique est à Montréal. Pour que les producteurs viennent à Québec, il faut que nous misions sur nos forces, termine M. Talbot. En ce qui a trait aux retombées, nous archivons les données, mais il nous reste à mettre au point la méthodologie pour pouvoir les chiffrer. »


Signe qu’il y a de l’espoir en ce qui concerne la relève à Québec, un partenariat a récemment été annoncé entre l’Académie du cinéma – dont Jérôme Bourgault est le président – et l’Université Laval, notamment pour l’utilisation des locaux de visionnement et de montage de l’établissement, le prêt d’équipements, de costumes et de décors. L’an dernier, 200 élèves de 12 à 17 ans ont participé aux ateliers pratiques de l’Académie et on prévoit qu’il y en aura le double cet été.

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