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C’était au temps du premier Colisée

5 octobre 2015 | Jean-Marie Lebel, historien

C’était au temps du premier Colisée
SUR LA PHOTO : Le parc de l’Exposition provinciale de Québec en 1940, vu de l’est, en regardant vers l’ouest. Le sud et la ville de Québec sont du côté gauche.-  Source : Photographie des Archives de la Ville de Québec, reproduite dans le calendrier 2013 de la Société historique de Québec.


En cet automne 2015, où le nouveau Centre Vidéotron attire l’attention à Québec, il nous apparaît fort intéressant de vous présenter cette magnifique photographie aérienne du parc de l’Exposition provinciale de Québec en 1940. On dit souvent qu’« une image vaut mille mots ». Elle peut aussi susciter 1000 mots.



 



À l’intérieur d’une longue clôture blanche



Disons-le d’emblée, le Centre Vidéotron se situe à l’endroit où nous apercevons la piste de courses de chevaux, au centre de la photographie. On remarque qu’une grande clôture de bois, peinte en blanc, encadrait les terrains du parc de l’Exposition provinciale. La photographie a été réalisée lors de l’exposition de 1940. C’est pourquoi on voit des chapiteaux, des kiosques et des manèges. Une multitude d’automobiles sont visibles sur le seul stationnement, alors situé où est aujourd’hui notre Colisée Pepsi. Dans le bas de la photographie, on remarque les deux artères qui menaient au parc à partir de la 1re Avenue : l’avenue Boisclerc et le boulevard des Alliés.



 



Dans l’ancienne seigneurie des Jésuites



Lorsque cette photographie est réalisée en 1940, cela fait déjà 42 ans que l’on tient les expositions agricoles sur ce site. Ce fut en 1898 que la Compagnie de l’Exposition devint propriétaire de ce qu’on appelait alors la « propriété Gowen ».



Les premiers propriétaires de ces lieux furent les pères Jésuites. Il faut remonter au temps de Samuel de Champlain. C’est en effet en 1626 que les Jésuites se virent concéder l’immense terre ou seigneurie de Notre-Dame-des-Anges. Les Jésuites y établirent de nombreux habitants ou censitaires à la Canardière, au Trait-Carré de Charlesbourg, à la Petite-Auvergne, au Gros-Pin et ainsi de suite. Toutefois, les Jésuites conservèrent pour eux le secteur où se trouvent les terrains de l’Exposition. Ils avaient besoin de leurs propres terres agricoles et cela constituait ce que l’on appelait le « domaine des Jésuites ». Et ce domaine fut la propriété des Jésuites durant 174 ans, jusqu’à la mort, en 1800, du père Casot, le dernier des jésuites de la Nouvelle-France. Le gouvernement colonial britannique s’empara alors des biens et propriétés des Jésuites. Au milieu des années 1800, de grands moulins à scie situés aux abords de la rivière Saint-Charles donnèrent naissance au village de Smithville, qui devint Stadacona. Un propriétaire de moulins, Hammond Gowen, se retrouva ainsi propriétaire des grands terrains, dont la Compagnie de l’Exposition fit finalement l’acquisition en 1898.



 



De grands édifices pour l’exposition annuelle



Notre photographie de 1940 démontre qu’il y avait encore de grands champs aux abords des terrains de l’Exposition. Il faut rappeler que les citoyens de Québec avaient été quelque peu déconcertés en 1898 de voir leur exposition s’établir en pleine campagne. Ils étaient habitués depuis 1818 de voir leurs expositions agricoles se tenir tout près de la porte Saint-Louis, à l’arrière du Manège militaire.



On aperçoit sur la photographie ce qui constituait en 1940 les trois grands pavillons du parc de l’Exposition provinciale. Le premier est le Palais du commerce de 1924 avec sa toiture à paliers (il existe encore de nos jours). Le deuxième est le Palais de l’agriculture avec ses trois arches en façade, construit en 1931 et que l’on appelait couramment Colisée depuis son inauguration (cet édifice sera la proie des flammes en 1949 et sera remplacé par notre actuel Pavillon de la jeunesse). Le troisième pavillon était le Palais central de 1917. L’angle de la photographie ne nous permet point d’en apprécier l’importance. Rappelons qu’il abritait les estrades des amateurs des courses de chevaux. Il fut démoli pour faire place au Centre Vidéotron. Et c’est ainsi que le Centre Vidéotron s’inscrit dans une longue histoire.



 



 



 



 



 



 



 



 


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