Recherche

Croisière au Groenland et au Labrador

6 novembre 2014 | Sylvie Ruel

Croisière au Groenland et au Labrador

Une croisière au Groenland et au Labrador ? « Mais quelle drôle d’idée ! » disent vos interlocuteurs, l’air de croire que vous êtes tombé sur la tête. Car pour la majorité des gens, partir en croisière, c’est partir vers le sud. Mais depuis quelques années, les croisières polaires deviennent à la mode. L’Arctique, l’Antarctique, le passage du Nord-Ouest fascinent les voyageurs aguerris en quête de nouveauté.



La compagnie canadienne Adventure Canada se spécialise depuis 25 ans dans les expéditions en régions polaires. Elle offre de 8 à 12 croisières par année sur de petits navires. Des historiens, archéologues, écrivains, musiciens et gens des communautés locales accompagnent les expéditions. Les excursions sur le terrain et les sorties en mer sont organisées en compagnie de naturalistes et de guides spécialisés. Ces expéditions s’adressent à des gens de tout âge. « Nous offrons de l’aventure dans le confort, avec un encadrement sécuritaire », affirme Cedar Swan, vice-présidente d’Adventure Canada.





 Dans le fjord Eternity au Groenland



J’ai eu la chance de me joindre à une croisière au Groenland et au Labrador, sur un petit navire d’une capacité de 118 passagers. Parti de Kangerlussuaq, au-delà du cercle polaire, sur la côte ouest du Groenland, notre navire a navigué pendant 13 jours dans les eaux froides de la mer du Groenland et de la mer du Labrador jusqu’à Saint-Jean, capitale de Terre-Neuve, en longeant toute la côte du Labrador. Un voyage de 3 780 km au cœur d’un paysage austère, désertique, mais d’une grandiose beauté.



Au pays des Inuit et des chasseurs de baleines, nous avons navigué dans de magnifiques fjords entourés de sommets enneigés, puis nous avons fait un arrêt à Nuuk, la capitale où vivent 16 000 habitants (Inuit et Danois), soit le quart de la population totale du Groenland, qui est de 56 370 habitants.







Guide d’ours polaires dans les monts Torngat



Pour rejoindre la pointe nord du Labrador et du Nunavik, nous avons traversé le détroit de Davis, vaste étendue d’eau entre le Groenland et la terre de Baffin, qui atteint 950 km à son point le plus évasé. Pendant tout ce temps en mer, nous avons vu des baleines, des oiseaux arctiques, des glaciers. Les passagers n’avaient d’autre choix que de sortir sur le pont lorsque le capitaine annonçait : « Baleine à tribord, iceberg à bâbord… » Le détroit est traversé au sud par le courant froid du Labrador, qui charrie des glaces flottantes une bonne partie de l’année. Ce courant est « une avenue d’icebergs », comme l’appellent les marins. Au printemps et en été, des milliers d’icebergs se détachent des glaciers du Groenland et dérivent le long des côtes pour disparaître au large de Terre-Neuve. C’est l’un de ces icebergs qui a coulé le Titanic en 1912.



En arrivant au Nunavik, à l’extrémité nord du Québec, nous avons navigué dans la baie d’Ungava jusqu’à George River, une communauté de 900 habitants qui vit de chasse et de pêche. Nous avons eu droit à un spectacle de musique et de danses inuit. Puis, nous avons rebroussé chemin pour rejoindre l’île de Killiniq, à l’extrémité nord du Nunavik et du Labrador, une terre fouettée par les grands vents.





Nuuk, la capitale du Groenland.



Notre arrivée dans les monts Torngat a été saisissante. Il ventait à écorner les bœufs et le jour suivant, il y régnait un calme d’éternité. Cette chaîne de montagnes qui s’étend sur 9 700 km2 au nord du Labrador (les plus hautes au Canada à l’est des Rocheuses) a été façonnée par la dérive des continents et par la glace. Sa côte rugueuse et dramatique, ses fjords profonds, ses vallées stériles où aucun arbre ne pousse en font une véritable terre de Caïn. De rares visiteurs fortunés et en quête d’immensité fréquentent le territoire, constitué en parc national depuis 1998.



Puis, nous avons sauté dans le Zodiac lorsque le capitaine a annoncé : « Ours polaire à la droite du navire ! » Nous avons eu le temps d’observer et de photographier la magnifique bête qui se baladait le long du rivage. Une importante population d’ours polaires vit dans les Torngat et les visiteurs doivent à tout prix être accompagnés de guides.



Nous nous sommes arrêtés à Hébron, village fondé par les missionnaires moraves en 1831 et fermé en 1959. Ces missionnaires protestants sont venus d’Europe pour évangéliser les Inuit et ils ont fondé huit missions sur la côte du Labrador, entre 1771 et 1904. Il ne reste de ce village que quelques bâtiments abandonnés. Nous sommes passés devant les villages de Nain et Hopedale, des communautés retirées qu’aucune route ne relie et qui nous rappellent la terrible solitude du Labrador. Quelle n’a pas été notre surprise au réveil de voir des épinettes au lieu de rochers ! Ensuite, notre navire a fait un arrêt à Makkovik, un village fondé par un Norvégien venu y faire la traite des fourrures, puis à Cartwright, village relié depuis peu à celui de Blanc-Sablon au Québec, par une route de gravelle de 400 km. Devant le village, les îles Gannet (l’une des nombreuses réserves écologiques qui jalonnent la côte du Labrador) sont habitées par une population d’au moins 35 000 macareux moines. Et la Eagle River est le meilleur endroit au monde, semble-t-il, pour pêcher le saumon.



Après un arrêt à L’Anse aux Meadows, à l’extrémité nord de Terre-Neuve, un lieu habité par les Vikings 500 ans avant le passage de Christophe Colomb (le plus important emplacement viking en Amérique du Nord), nous avons fait un arrêt à Conche, un village isolé de Terre-Neuve où nous avons participé à un « kitchen party ». Et nous sommes finalement rentrés au port de Saint-Jean, Terre-Neuve, heureux d’un si beau voyage !





 



 



 



 



 



 



 



 


rêver

Gérer le consentement