Recherche

Croisière en Antarctique

2 novembre 2015 | Sylvie Ruel

Croisière en Antarctique

À la conquête du grand espace blanc

« Un voyage en Antarctique est le voyage d’une vie », nous dira le commandant Jean-Philippe Lemaire, une fois que notre navire aura quitté le port de Ushuaia, capitale de la Terre de Feu en Argentine, d’où partent toutes les croisières pour l’Antarctique. « Vous vivrez peut-être les quatre saisons dans une même journée… Votre itinéraire changera peut-être plusieurs fois en cours de route, à cause de la météo et des conditions de glace… Mais chose certaine, vous vivrez un voyage rempli d’émotions. Car toutes les émotions sont possibles en Antarctique », dira le commandant Lemaire.
Sur L’Austral de la compagnie française Ponant, où prennent place 200 passagers, nous nous apprêtons à entreprendre un périple de 15 jours dans le Grand Sud, au cœur du continent blanc. L’Antarctique, qu’on nomme le sixième continent, est celui de tous les superlatifs : il est le plus isolé, le plus sauvage et le plus sec de la planète. Et aussi, le plus froid : les températures moyennes sont de moins 50 degrés et la plus basse température enregistrée est de moins 96 degrés. Mais comme nous sommes à la mi-février, à la fin de l’été austral, la température varie autour de zéro, avec des variantes lorsqu’il vente fort. L’Antarctique est aussi le plus vaste continent, avec une superficie de 14 millions de kilomètres carrés, qui double en hiver. Contrairement à l’Arctique, ce continent n’est pas habité : ici, aucune trace de peuplement humain. Il n’y a que la grande nature et ses habitants : les baleines, les manchots, les oiseaux marins, les otaries à fourrure, les éléphants de mer… qui peuplent cette vaste étendue désertique. Et des cieux qui se perdent dans l’immensité. Manchots royaux dans les îles Falklands
Selon le traité sur l’Antarctique de 1959, ce continent n’appartient à personne. Il est une terre vouée à la science et à la paix. Environ 60 stations de recherche scientifique internationales sont postées sur la péninsule Antarctique, comme le petit bâtiment orangé de la station chilienne que nous verrons en arrivant au passage des Anglais, dans les Shetland du Sud. L’Antarctique a été la hantise de nombreux explorateurs qui y ont risqué et perdu leur vie. Nous voilà donc lancés, comme les aventuriers du siècle dernier, à la découverte du grand espace blanc. Mais contrairement à ces explorateurs, nous avons la chance de naviguer sur un navire pourvu du confort moderne et d’être accompagnés d’une équipe de savants naturalistes passionnés des régions polaires. Comme notre navire est de petite taille, il peut s’ancrer facilement dans les baies et près du rivage, facilitant ainsi le débarquement des passagers à bord de canots pneumatiques. Rencontre avec les manchots de l’île de la Déception
Le premier exploit dont se félicitera le commandant Jean-Philippe Lemaire est d’avoir traversé sans trop de turbulence le redoutable passage de Drake, dans l’océan Austral. Situé entre la Terre de Feu et l’Antarctique, où se croisent les courants contraires des océans Atlantique et Pacifique, ce passage est soumis aux pires conditions météorologiques, avec des vagues pouvant atteindre de 12 à 15 mètres de hauteur. Le passage de Drake est la phobie de tous les marins. Nous verrons des otaries à fourrure et des colonies de manchots jugulaires dans la baie de Half Moon, des dizaines de milliers de manchots papous à l’île de Cuverville. Dans la baie de Whilelmina, les baleines à bosse et les rorquals viendront batifoler autour de notre navire. À Enterprise Island, nous circulerons en canot pneumatique à travers d’immenses icebergs bleutés, véritables cathédrales de glace… et dans la baie de Charcot, nous visiterons un cimetière d’icebergs. Oui, un véritable cimetière, où d’immenses sculptures de glace bleutées reposent au fond de la mer, dans un décor absolument surréaliste. Ces merveilles de glace, entourées d’une eau qui a la couleur de la mer des Caraïbes, ont tantôt l’aspect d’un temple chinois, d’un dragon ou d’une cathédrale percée d’une arche. Un vrai coup de cœur. Otaries à fourrure dans Whalers Bay
À Bailey Head, dans les Shetland du Sud, nous observerons des milliers de manchots jugulaires. Dans l’île Livingston, nous mettrons les pieds dans un véritable paradis terrestre, où cohabitent pacifiquement manchots jugulaires, manchots papous, pétrels des neiges, labs et cormorans, ainsi que les gros éléphants de mer avachis sur les grèves… Par un dimanche matin des plus radieux, nous sablerons le champagne sur la banquise de la mer de Weddell, réputée pour être la mer la plus froide du monde. À Elephant Island, à l’extrémité nord, nous assisterons à un véritable festival de baleines. Enfin, dans les îles Falklands, que les Français appellent les Malouines et les Argentins, Las Malvinas, nous admirerons, bouche bée, une importante colonie de manchots royaux… puis des manchots papous, manchots de Magellan, albatros à sourcils noirs, gorfous sauteurs… Enfin, nous terminerons ce périple blanc de 6 200 kilomètres à Montevideo, en Uruguay. Jamais je n’oublierai ce voyage dont je rapporte quantité de belles images et de fortes émotions et qui m’a permis de goûter à ce que l’Antarctique offre de plus rude et de plus exquis… de plus simple et de plus grandiose.
Carnet de bord :
Une équipe de naturalistes chevronnés accompagnent les passagers sur le terrain. Ces naturalistes sont tous formés pour les expéditions polaires et offrent de deux à trois sorties par jour sur le terrain. Entre les débarquements, les passagers ont droit à des conférences passionnantes où il est question du monde fascinant des manchots, des baleines, des glaciers, des explorateurs de l’Antarctique, du réchauffement climatique, etc.
À propos du navire
L’Austral est doté d’une salle de gym, d’un spa et d’un hammam, d’une librairie et, bien sûr, d’une piscine (pas toujours populaire en Antarctique ). Les repas sont des moments forts durant la croisière : Le Coromandel, une salle à manger vitrée sur la mer, offre les trois repas avec table d’hôte et, bien sûr, le traditionnel souper du Capitaine. Au pont 6, Le Rodriguez offre les trois repas, en formule buffet.
Site Web : ponant.com

rêver

Gérer le consentement