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Daniel Marcil – De Québec à Bruxelles, en bottines et en souriant !

28 novembre 2019 | Jean Chouzenoux, correspondant européen

Daniel Marcil – De Québec à Bruxelles, en bottines et en souriant !

À la fin des années 1970, le Montréalais d’origine Daniel Marcil habite sur la rue Buade, à Québec, au dernier étage de l’immeuble où se situe la déjà légendaire Tabagie Giguère. Il n’a que quelques pas à franchir pour se rendre au boulot, lui qui est responsable de la sonorisation et de la programmation musicale au réputé restaurant Le Gaulois, aujourd’hui Le D’Orsay.



Lorsque que le copropriétaire Marcel Veilleux n’est pas au micro, grattant sa guitare, c’est Daniel qui est aux commandes pour l’embauche des groupes qui animeront les soirées, dont plusieurs lecteurs de Prestige doivent encore se souvenir !

C’est justement l’un des groupes qu’il avait engagé qui lui demande un jour de prendre en charge la sonorisation de leurs spectacles et de participer à l’élaboration de leur prochaine tournée. Il s’agit de La Bottine Souriante, groupe aujourd’hui mythique et pionnier de la musique Trad (traditionnelle) au Québec. C’est ainsi que, durant deux ans, Daniel sillonnera le Québec, la Suisse, la France et la Belgique en compagnie de la Bottine.

Par la suite, riche de cette expérience, l’appel de nouveaux horizons charme le jeune Daniel. Il prend alors son baluchon, s’envole pour la Belgique, pose son bagage à Bruxelles, déchausse ses bottines et s’installe dans la capitale du plat pays. On l’y retiendra… En effet, son cœur vient d’être happé par la jolie Lucienne, qu’il épousera quelques années plus tard.


Une vie sous les auspices de la culture



Après le bel épisode de La Bottine Souriante, Daniel Marcil devient organisateur de tournées pour plusieurs groupes et artistes québécois. Citons parmi ceux-ci : Claude Gauthier, Les Mimes Electriques, l’Orchestre Sympathique et le groupe acadien 1755. Le voilà sérieusement lancé !

Sa polyvalence et son entregent feront le reste. Ces deux atouts lui permettent de développer des liens entre les deux continents. Si bien que son expérience artistique devient un tremplin qui le fait bondir, en 1982, à la Délégation Générale du Québec à Bruxelles. Il est nommé attaché culturel dans cette noble institution, alors dirigée par nul autre que M. Jean-Paul L’Allier. Ascencion plus que rapide !

Après avoir nagé deux ans dans le monde diplomatique, Daniel souhaite explorer de nouveaux champs d’actions ; ceci l’amène (pendant sept ans) à la production et l’édition discographique avec les étiquettes belges Franc’Amour (chanson) et Igloo (jazz). Pour rappel, c’est à cette époque que l’envoutante chanteuse Maurane y enregistre son tout premier album.

De la culture musicale à la culture gastronomique



Multipliant les contacts dans le monde de la chanson, Daniel Marcil nourrit en parallèle son autre passion, le monde du vin. Cela le mène à suivre pendant quatre ans des cours d’œnologie (au CERIA) et à écumer les bonnes tables bruxelloises. On a beau être au pays de la bonne bière, c’est le vin qui capte l’intérêt du Québécois.


Après un parcours artistique, Daniel Marcil a effectué un virage vers le monde du vin et de la gastronomie.



À la suite de ce cours d’œnologie, Daniel troque l’univers de l’édition pour celui de la gastronomie. La transition s’effectue par l’occupation d’un poste de conseiller en vin chez ROB, la célèbre épicerie fine de Bruxelles (le Fauchon belge, en quelques sortes). S’ensuit un poste de sommelier au restaurant Le Pain et le Vin, où il travaille pendant deux ans en compagnie de l’incontournable Eric Boschman, copropriétaire du restaurant avec Alain Coumont (créateur de la chaîne Le Pain Quotidien).

Il rejoint ensuite son ami Frédéric Nicolay, qui vient d’ouvrir son premier restaurant appelé Chez Marie. Le petit resto de quartier s’est progressivement muté en table gastronomique reconnue, étoilée, fréquentée par le monde artistique, politique et même, la famille royale. Daniel y restera 18 ans.

Par ailleurs, il fera partie, pendant sept ans, de l’équipe de direction de la Guilde des Sommeliers de Belgique et ainsi, collaborera activement à la création des différents questionnaires de concours.

Possédant plus d’une corde à son arc, Daniel prend beaucoup de plaisir à communiquer sa passion du vin en collaborant (depuis 1992) à la revue viticole belge In Vino Veritas. Ceci l’a amené à faire de nombreuses visites et dégustations un peu partout en Europe.


Jean Chouzenoux (moi-même) en compagnie de Daniel Marcil lors du Mondial du Chasselas 2019 en Suisse.



Conséquemment, l’un des devoirs (ou privilège !) qui échoie aux connaisseurs de la chose viti-vinicole est d’être mandaté comme juré aux différents concours internationaux de dégustation. Daniel est alors convoqué, tantôt au Mondial de Bruxelles, tantôt au Mondial du Chasselas en Suisse. Il y croise les pros de l’œnologie et de la sommellerie internationale. « Une de mes plus belles rencontres est assurément celle avec mon ami Jacques Orhon en 1999. Celui-ci préparait alors le Concours du Meilleur Sommelier du Monde, tenu en 2000 à Montréal. »

Enfin, ultime sacrifice, les papilles de Daniel sont régulièrement sollicitées pour l’un des plus étonnants concours de dégustation de la planète, lequel réunit des chefs et sommeliers étoilés de toute l’Europe, l’International Taste Institute, où les jurés - tenez-vous bien ! - évaluent tout ce qui se produit de solide ou liquide dans la chaîne alimentaire : fruits, légumes, viandes, pâtisseries, fromages, eaux, jus, thés, cafés, alcools, etc…en provenance de tous les continents. Tout y passe, mis à part le vin qui possède sa propre filière de compétition. Cela demande bien du talent et surtout, une rigoureuse discipline.

C’est lors du Mondial du Chasselas 2019 que j’ai eu le plaisir de rencontrer le sympathique Daniel Marcil et qu’il m’a relaté son exaltant parcours. Aussi, ne soyez donc pas surpris si vous le croisez un de ces jours, déambulant (en pèlerinage) dans une rue du Vieux-Québec ou ailleurs en province… Ses bottines le ramènent occasionnellement en terre natale !

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