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Julie Lemieux : Sortir de l’ombre pour rayonner sur la Ville

8 avril 2014 | Donald Charette

Julie Lemieux : Sortir de l’ombre pour rayonner sur la Ville

Sortir de l’ombre pour rayonner sur la Ville



Le maire Régis Labeaume a créé une certaine surprise en faisant de Julie Lemieux la vice-présidente du comité exécutif de la Ville de Québec. Peu connue du grand public, la conseillère du district Montmorency-Seigneurial a pourtant gravi rapidement les échelons de l'administration municipale.



Son mandat couvre l'aménagement du territoire et l'urbanisme, le patrimoine, la culture et les grands événements, les communications ainsi que l'image de marque. Elle est, de fait, le « numéro deux » de la Ville et la femme de confiance du maire.



C'est un parcours inusité pour cette ex-journaliste, originaire de Montmagny, qui se décrit comme timide, peu portée sur le travail d'équipe et qui ne s'est jamais imaginée de l'autre côté du micro. Née sur les rives de la rivière du Sud, dans une famille modeste de fleuristes, elle affirme : « Cette rivière habite en moi. » Dernière d'une famille de six enfants, elle note avec humour qu'elle est en quelque sorte une « bad luck ».




« L'aménagement du territoire, j'adore ça, j'en mange ! C'est un privilège de construire une ville. »






Julie Lemieux dans la salle du conseil municipal. - Photo : Caroline Grégoire



Elle dit avoir hérité de ses parents une grande curiosité et un esprit de gestionnaire. Ses études, elle doit les compléter à Québec et, rendue à l'université, hésite entre le droit et le journalisme, un « choix déchirant ». À une époque où l’on « nettoie les salles de rédaction », elle opte pour le droit, mais collabore régulièrement au journal de l’Université Laval, Impact Campus.



À la fin de ses études, elle aurait pu toucher à la politique en entrant au service du ministre Pierre Blais, mais se dirige plutôt vers la ville de Témiscamingue pour un stage de journaliste. Julie Lemieux avoue qu'elle a défoncé des portes pour faire sa place au quotidien à Ottawa.



Embauchée comme surnuméraire, elle y restera de 1992 à 1997 et couvrira tous les secteurs : faits divers, municipal, provincial, spectacles. Le Soleil lui fait de l'œil depuis un certain temps et elle est recrutée en 1997 pour couvrir le monde municipal, notamment la Ville de Sainte-Foy et la mairesse Boucher. Bientôt, elle est affectée à la Ville de Québec, qui est en pleine course olympique. De ses relations avec le maire Jean-Paul L'Allier, elle se remémore qu'elles ont été pour le moins « houleuses ».



Nouvelle affectation à l'éditorial du quotidien durant trois ans : chroniqueuse dite d'humeur et culturelle. Elle confesse humblement qu'elle n'était pas à l'aise de pontifier au spectacle; le terrain lui manque et elle saute sur l'occasion quand on lui confie le dossier du 400e de Québec. Ce sera LA couverture de sa vie de journaliste. « Le 400e réunissait tout ce que j'aime : l'histoire, la culture, la politique, l'enquête. » Elle en parle d’ailleurs encore avec excitation, bien qu'elle ait eu à écraser les orteils d'autres journalistes. Elle est ensuite nommée à l'Assemblée nationale. « Pour moi, c'était le summum du métier. Mais j'ai été déçue, c’était trop officiel, je n’avais pas assez de latitude et j'étais tannée d'écrire sous pression. À 40 ans, avec un enfant (Florence), je me posais des questions et je m'ennuyais. »



Une rencontre avec le maire Labeaume sera déterminante dans la suite des choses. Son copain connaît le maire de Québec et, au cours d'une rencontre fortuite, elle confie au premier magistrat qu'elle a envie de faire autre chose. « Dans le district es-tu ? » lui demande le maire, alors à la chasse aux candidats. « Je ne me voyais pas comme élue, cela ne m'avait jamais effleuré l'esprit, souligne la conseillère. J'ai dit non, mais je l'ai regretté. » Si bien qu'à la fin de l'été 2009, elle fait le saut de l'autre côté de la clôture. Elle tire donc un trait sur « 17 ans de crédibilité »pour s'accrocher à la locomotive Labeaume. Au passage, elle renonce à sa permanence et à la semaine de quatre jours et de 32 heures.



Sa première élection, elle s'en souvient comme de « l’une des plus belles soirées de sa vie », et la seconde, à l'automne, comme de la fois où « elle voulait embrasser tout le monde sur la rue », après avoir obtenu un score de 77 % !



Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'ex-journaliste avoue avoir une « peur bleue » de ses ex-collègues, qui « ne sont pas tendres envers les politiciens », et ajoute : «Je ne l'ai pas été non plus. »



À l'hôtel de ville, elle a dû apprendre à travailler en équipe, elle qui est plutôt une « loner ». En cette fin de vendredi après-midi, à son bureau, elle explique comment elle carbure à son travail. « L'aménagement du territoire, j'adore ça, j'en mange ! C'est gros ! Tu planifies la ville, tu touches à la densification, au transport collectif, à l'environnement… c'est un privilège de construire une ville. »



Comment compose-t-elle avec le caractère bouillant de son patron ? « C'est un homme extraordinaire, un passionné, doté d'un bon jugement et d'un grand sens de l'humour. C'est facile de travailler avec lui », affirme Julie Lemieux. Inévitablement, la question se pose et a été évoquée dans un journal : a-t-elle l'ambition de devenir mairesse de Québec ? « C'est flatteur, mais j'en ai assez dans ma besace. Je souhaite que M. Labeaume reste en poste longtemps. Je suis là pour lui. Ce n'est pas sur mon radar, même dans mon subconscient », conclut-elle.



 



 



 



 


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