Recherche

L’industrie hôtelière doit se réinventer

2 juin 2014 |

L’industrie hôtelière doit se réinventer

Après l’épisode du Loews Le Concorde



La fermeture du Concorde et la saga entourant sa relance interpellent les gens du secteur de l’hôtellerie à Québec comme ailleurs dans le monde. La situation est-elle isolée ou montre-t-elle des signes d’une industrie en déclin qui doit se réinventer ?



La réponse est formelle auprès de tous les représentants du secteur de l’hôtellerie interrogés par PRESTIGE. Le portait de l’industrie hôtelière à Québec ne fait pas exception; elle doit innover, ce qui exige des investissements et une solide restructuration pour assurer sa pérennité.




Plus personne ne va à l’hôtel pour dormir uniquement, les gens y séjournent pour vivre une expérience qu’ils n’ont pas chez eux.




« Les clientèles veulent se dépayser lorsqu’elles séjournent à l’hôtel. Les gens magasinent sur le Web, ils comparent la qualité de leurs chambres et les services offerts. Les attentes sont élevées et les propriétaires d’hôtels doivent s’adapter », constate M. Alain April, copropriétaire et directeur général de l’hôtel Le Bonne Entente à Québec.



Les données de l’Office du tourisme de Québec, l’indice d’occupation hôtelière moyenne a diminué de 2,2 % en mars dernier dans les établissements de la région. Tout le monde en souffre : les petits hôtels de moins 40 chambres ont vu leur taux d’occupation chuter de 9,2 %, alors que dans les grandes chaînes de 200 chambres et plus, la diminution est de 5 %.



« C’est un phénomène planétaire, affirme la présidente de l’Association hôtelière de la région de Québec, Mme Michelle Doré. Les grands hôtels avec un créneau large visant plusieurs clientèles à la fois sont appelés à disparaître au profit de ceux qui se spécialisent dans un marché distinctif. » Les chaînes hôtelières qui avaient standardisé leurs propriétés aux quatre coins du monde ont intérêt à revoir leur stratégie rapidement avant qu’il ne soit trop tard. Les normes n’ont plus leur place dans le secteur hôtelier, dit-elle.




« C’est un phénomène planétaire. Les grands hôtels avec un créneau large visant plusieurs clientèles à la fois sont appelés à disparaître au profit de ceux qui se spécialisent dans un marché distinctif. » - Michelle Doré, présidente de l’Association hôtelière de la région de Québec.




Les besoins



Si les gens d’affaires veulent profiter d’un service Internet sans fil dans la chambre, des journaux du matin, d’une salle de réunion à l’étage et du gymnase, les familles veulent, pour leur part, l’accès au spa et à une piscine chauffée, le petit-déjeuner compris, les planchers chauffants et les attraits touristiques à proximité. Plus personne ne va à l’hôtel pour dormir uniquement, les gens y séjournent pour vivre une expérience qu’ils n’ont pas chez eux.



Contrairement à la chaîne Loews avec le Concorde, certains hôteliers parviennent toutefois à tirer leur épingle du jeu en offrant des produits de niche. La cure de rajeunissement de 75 millions de dollars du Château Frontenac n’est pas étrangère au phénomène de restructuration, car même l’icône touristique de Québec a intérêt à se moderniser pour satisfaire les besoins de ses clients.





Photo : Chambre haut de gamme de l’hôtel Le Bonne Entente




« Les gens veulent un cinq étoiles, on doit le leur offrir. Presque tous nos profits sont réinvestis. » - M. Alain April, copropriétaire et directeur général de l’hôtel Le Bonne Entente à Québec




Au Bonne Entente, au moins 20 millions de dollars ont été investis depuis les dix dernières années dans la rénovation des chambres, l’ajout de nouveaux créneaux et les salles de réunion. En 2014, près d’un million de dollars sera injecté. « Les gens veulent un cinq étoiles, on doit le leur offrir. Presque tous nos profits sont réinvestis. C’est exigeant, mais on doit se spécialiser dans un seul et même produit et s’y consacrer totalement. On a développé le réflexe de voir le client comme un privilège lorsqu’il débarque chez nous », lance M. April.



Les congrès



Pour la chaîne Hilton, l’hôtel de Québec, au cœur du Vieux-Québec, peut compter sur les retombées de son voisin qu’est le Centre des congrès de Québec. « Le tourisme conventionnel en famille ne fait que passer durant deux semaines l’été et une semaine pendant les Fêtes. Heureusement que l’on peut compter sur l’industrie des congrès à Québec pendant le reste de l’année. D’ailleurs, c’est toute une industrie qui en profite », signale M. Dany Thibault, directeur général du Hilton Québec.



Les coûts d’exploitation des hôteliers augmentent, notamment du point de vue fiscal et surtout à Québec, mais entre le 1er janvier et le 31 mars 2014, la demande hôtelière n’a augmenté que de 1,8 %, alors que l’inventaire de chambres a légèrement diminué de 1,6 % à 8000 chambres. « Nous sommes en présence d’un marché en équilibre à Québec, ce n’est pas un signal de forte croissance », analyse M. Thibault.





Photo : Hôtel Hilton




« Le tourisme conventionnel en famille ne fait que passer durant deux semaines l’été et une semaine pendant les Fêtes. Heureusement que l’on peut compter sur l’industrie des congrès à Québec pendant le reste de l’année. » - M. Dany Thibault, directeur général du Hilton Québec. 




La Fédération nationale du commerce, affiliée à la CSN, parle aussi d’une industrie qui est en restructuration. En 2013, 66 établissements hôteliers ont fermé leurs portes au Québec, ce qui a entraîné la disparition de 3 585 chambres. De ce nombre, dix étaient syndiqués, dont sept à la CSN. Dans la région de Québec, il y a eu huit fermetures, notamment celles du Manoir St-Castin, du Manoir Sainte-Anne et du Loews Le Concorde.



Selon la CSN, le taux d’occupation des hôtels est de 58 % dans la région de Québec, alors que le tarif moyen d’une nuitée est de 130 $.



Quelques données…


Taux de demande hôtelière enregistré entre le 1er janvier et le 31 mars 2014 : + 1,8 %


Indice d’occupation hôtelière enregistré en mars 2014 dans la région : - 2,2 %


Taux d’inventaire de chambres enregistré : - 1,6 % (8 000 chambres)


Nombre de fermetures d’hôtels en 2013 :


Au Québec : 66, dont 10 syndiqués (3 585 chambres)


À Québec : 8


 



 



 



 



 



 



 



 



 



 


rêver

Gérer le consentement