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Luc Desroches : un Québécois à la Cour du vignoble vénitien

10 février 2015 | Jean Chouzenoux, correspondant européen

Luc Desroches : un Québécois à la Cour du vignoble vénitien

Tout comme l’indique la note en haut de page, ma mission chez PRESTIGE est de vous faire visiter les vignobles européens. Des quatre facteurs qui influent sur la qualité du vin, soit le terroir, le cépage, le climat et l’humain, c’est de ce dernier dont j’ai choisi de vous entretenir.



Des hommes et des femmes qui, la passion chevillée au corps, font du vin un objet de culture, de civilité et d’hédonisme. Or, il y a quelque temps, au détour d’un des méandres qui sculptent le vignoble vénitien, j’y ai croisé un homme, un Québécois ! Il ne fait pas de vin, mais contribue à son rayonnement… sur un très vaste territoire.



Les vins de la maison Masi sont largement connus au Québec. Ce domaine, niché dans les collines de la région de Valpolicella, surplombe la splendide ville de Vérone. La propriété comporte des installations vitivinicoles et une superbe villa qui appartiennent depuis vingt générations à la famille Alighieri, toutes descendantes directes du célèbre poète Dante Alighieri. En revanche, le domaine vinicole est dirigé par la famille Boscaini qui, depuis des lustres, produit d’excellents vins dont le porte-étendard est l’Amarone.  





Luc Desroches et Sandro Boscaini



Luc Desroches, notre Québécois, apparaît sur le radar de la maison Masi au début des années 1990. Il est, à l’époque, un jeune et fougueux représentant en vin. Lors d’une visite d’un patron de Masi au Québec, Luc s’adresse à lui : « On pourrait vendre beaucoup plus de vos vins que les 300 caisses vendues annuellement au Québec.  » Ces paroles n’allaient pas tomber dans l’oreille d’un sourd…




Les vins de Masi sont dorénavant présents dans 95 pays, ce qui en fait la marque italienne la plus distribuée dans le monde. 




Dix ans plus tard, la Famille Boscaini donne un premier coup de barre afin de promouvoir davantage les vins de Masi, hors de l’Italie. C’est à Luc que l’on propose cette mission pour notre continent en le nommant directeur commercial pour les Amériques. S’ensuit, en 2005, une restructuration au cours de laquelle Sandro Boscaini, rachetant les parts de ses cousins, devient seul maître à bord à la tête du groupe. Son ambition : faire de Masi la marque no 1 des vins italiens dans le monde. Cette fois, il propose à Luc de prendre la direction commerciale de Masi Agricola… pour le monde ! Lors de la rencontre visant à officialiser la nomination, Luc termine l’entretien par ce constat : « Mais Sandro, je ne suis pas Italien ! »  Et ce dernier de répondre : « Luc, c’est ça, ta force. Je veux quelqu’un qui a une expérience internationale et une vision globale du marché. » La réflexion n’est pas aisée. Luc est tourmenté. Il est heureux avec Suzanne; ils ont deux enfants de 17 et 19 ans qu’il sera difficile de déraciner. Le défi est cependant alléchant… Il fait donc la proposition suivante à Sandro : « Je souhaite partager mon temps entre le siège de Masi à Vérone et les capitales du monde, mais je veux garder mon port d’attache au Québec. » En somme, y jeter l’ancre une dizaine de jours par mois pour passer du temps avec sa famille. Chez les Boscaini, comme chez tous les Italiens, on a la fibre familiale sensible et Sandro est touché que, pour Luc, réussite se conjugue avec famille. Le marché est conclu. Larguez les amarres, c’est un nouveau départ !





Les raisins Corvina que l’on fait sécher afin de produire l’Amarone.



De 2005 à 2013, Luc Desroches parcourt le monde et propulse la marque Masi vers des sommets inégalés. Il arpente tous les continents, en moyenne 200 jours par an. En Asie, il forme la génération montante de vendeurs et de consommateurs, que ce soit au Japon, en Chine, au Laos ou à Hong Kong. Dans les Caraïbes, il rencontre les commerçants de Porto Rico, des Bahamas et des Bermudes. En Amérique du Sud, il se rend au vignoble argentin du Groupe… bien sûr en passant par le Brésil ou le Vénézuéla. Aux États-Unis et au Canada, il serait sans doute plus court d’énumérer les villes où Luc ne s’est pas rendu par affaires. Évidemment, les grandes métropoles européennes n’ont plus de secrets pour lui, car dans son passeport, on retrouve les tampons de Londres, Vienne, Paris, Rome et bien d’autres.



Les vins de Masi sont dorénavant présents dans 95 pays, ce qui en fait la marque italienne la plus distribuée dans le monde. L’objectif rêvé au début des années 2000 est atteint. Toutefois, dans cette folle frénésie, l’autre devoir, celui de consacrer du temps à la famille, est-il accompli ? Au fil de notre conversation, j’ai perçu qu’à la satisfaction des résultats obtenus, à la fébrilité des déplacements et aux soubresauts des décalages horaires, Luc poursuit aussi sa quête… au droit à s’accorder du temps ! Par conséquent, les dix jours par mois qu’il vient passer à Montréal sont bel et bien consacrés au ressourcement, aux proches ainsi qu’à rattraper les anniversaires où il était aux « abonnés absents ». Enfin, il y a aussi des avantages non négligeables, comme le fait que deux fois par an, Suzanne accompagne son homme en Italie. Les garçons ont visité plusieurs pays européens; l’un a même fait les vendanges au vignoble de Masi, en Argentine, alors ça aide à patienter !



Depuis janvier 2014, après huit ans de ce rythme effréné, Luc a recentré ses activités autour du continent américain, du nord au sud, comme en 2000. Bien sûr, il y a les sauts là-bas, au siège de Vérone et sur les hauteurs de Valpolicella. Puis, de 200 jours de déplacements par an, il est passé à 140… Un emploi à temps partiel ou une préretraite ?



 



Vin offert à la SAQ


Masi Campofiorin




Code SAQ : 155051


Prix : 21,45 $


 



 



 



 



 



 



 


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