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Marie Dooley – Un « patron » de vie inspirant

7 septembre 2013 | Pierre Paul-Hus

Marie Dooley  –  Un « patron » de vie inspirant

C'est le parcours improbable d'une jeune femme qui n'était pas très « mode », qui n'a pas fait de cours de designer, mais qui est parvenue à créer son entreprise à Québec, dans un monde ultra-compétitif, et qui a réussi à imposer la griffe qui porte son nom : Marie Dooley. C'est aussi la mère de trois filles âgées dans la vingtaine : Gabrielle, Ariane et Justine. Comme quoi on peut « tailler » sa place avec de la détermination et du talent…



« Aux Ursulines, je n'étais pas une fille de mode; je portais des chemises trop grandes, raconte Marie Dooley en entrevue. J'étais fascinée par le droit et je n'avais pas l’ambition de faire carrière dans ce domaine, mais j'ai eu à gagner ma vie assez jeune… »



Dans la boutique où elle travaille à cette époque, on remarque les vêtements qu'elle porte et on lui suggère d'en confectionner pour des clients. « Je suis parvenue à la mode par la couture; j'ai toujours aimé savoir comment les choses sont faites. » À sa grande surprise, ses vêtements se vendent bien et la font connaître. « J'étais la première étonnée de voir que ça marchait ! » avoue-t-elle. Elle passe donc à la prochaine étape et effectue du démarchage auprès des boutiques. Elle réalise rapidement qu'elle n'a pas un tempérament de représentante et trouve humiliant de subir des refus. Elle engage donc quelqu’un qui commercialise ses créations. L'univers du vêtement est en pleine mutation dans les années 80 et 90 : les petites boutiques sont rachetées par des grandes chaînes et c'est le début de la standardisation. Qu’à cela ne tienne : elle décide d'ouvrir sa propre boutique et de développer sa niche en offrant un produit unique.



 






 « La famille, c'est comme un cycle d'essorage qui fait en sorte qu'on ne baigne pas toujours dans la même eau."




« Je ne pouvais pas croire qu'il n'y avait pas une place pour moi, se rappelle la designer aujourd’hui réputée. Je n'ai jamais pensé que le marché de Québec est trop petit. Au contraire, il y a des avantages à ne pas être une métropole : le bouche à oreille est plus rapide et on peut se référer entre nous. Qui plus est, je connais la femme de Québec, élégante, classique mais jamais "plate".»



Peu de secteurs sont aussi féroces et changeants que celui de la mode, admet la femme d’affaires. Le financement est ardu. « Au début, pas une banque ne voulait m'aider. » De plus, observe-t-elle, la mondialisation provoque une baisse des prix et le développement du fast food du vêtement pas cher et jetable. » Pour se démarquer, Marie Dooley vend des tailleurs de qualité, qui dureront des années, et mise sur les dernières tendances. Ses collections sont ainsi conçues quelques semaines à l'avance, pas un an. Pour contrer les cycles, elle dessine des robes de mariage et des uniformes. Sa griffe distinctive se retrouve partout à Québec, dont au Centre des Congrès et au Palais Montcalm.



Lorsqu'elle rencontre des étudiants en mode, Marie Dooley ne cherche pas à enjoliver la réalité, bien qu'elle considère qu'il y a un avenir dans cette industrie (« On va toujours s'habiller. »). « À l’origine, la mode n’était pas une passion pour moi. Celle-ci est venue plus tard. Moi, je bossais, à la limite de l'acharnement. » Avec le recul, elle observe que le fait d'être mère l'a « ramenée à l'ordre ». « La famille, c'est comme un cycle d'essorage qui fait en sorte qu'on ne baigne pas toujours dans la même eau, dit-elle avec humour. C'est sûr que je ne faisais pas de confiture les fins de semaine et que mes filles ne prenaient pas 56 cours. C'était du temps ensemble, du temps de qualité. »



Marie Dooley a par ailleurs découvert les bienfaits du jogging régulier, sous l'impulsion de son compagnon de vie, le chef Jean Soulard. Elle prend aussi plaisir à siéger aux conseils d'administration de Femmessor, de la Société de développement commercial (SDC) Montcalm et de l'Association des femmes entrepreneures. Et comment c’est, justement, de vivre avec un conjoint très présent sur la place publique ? « Il n'y a pas de différence au quotidien. Nous avons nos "bulles" respectives et nous respectons la vie professionnelle de l'autre. Il est évident que nos métiers nous nourrissent mutuellement, mais notre vie est très privée. Jean est mon chum et non un gars connu à mes yeux », explique avec philosophie Marie Dooley.



 



 


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