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[POLITIQUE] La France retournera-t-elle en élections ?

11 octobre 2022 | Jean Chouzenoux, correspondant européen

[POLITIQUE] La France retournera-t-elle en élections ?

En avril dernier, les électeurs français ont été appelés deux fois aux urnes pour élire leur président et ensuite, deux autres fois en juin pour élire leurs députés. Au bout de ce marathon électoral, ils ont porté au pouvoir Emmanuel Macron à la tête d’un gouvernement minoritaire. Or, il appert qu’une reprise de ce manège électoral risque de se reproduire dans les prochains mois si le président Macron se voit dans l’obligation de dissoudre l’Assemblée. Comment ce scénario est-il envisageable ?




Voyons d’abord comment Emmanuel Macron et sa première ministre Elisabeth Borne se sont préparés à la rentrée parlementaire après les élections. Ils l’ont d’abord décalée au maximum pour permettre aux nombreux nouveaux députés d’être formés aux rouages de leurs nouvelles fonctions. Ensuite, chaque parti a été informé sur les modalités de gestion dans le cadre d’un gouvernement minoritaire : pourcentage de vote requis pour l’obtention d’une majorité, adoption de projets de loi sans vote (règle du 49,3), motion de censure pour renverser le gouvernement, dissolution de la chambre, appel à de nouvelles élections. Les élus ont ensuite siégé pour une courte période au début de l’été et un projet de loi sur la fin des restrictions sanitaires post-pandémie a été présenté. Cette loi servait de test pour le gouvernement et de rodage aux députés.

En effet, avec une loi aussi consensuelle, le gouvernement voulait évaluer le comportement des partis d’opposition. Allaient-ils prioriser la stratégie électoraliste ou penser à l’intérêt suprême de la population ? Quelles alliances allaient se dessiner, autant dans les oppositions que pour supporter le parti au pouvoir ? On a alors vu la stratégie des différents partis d’opposition prendre forme avec la conséquence suivante : des oppositions se sont opposées au nom du principe suivant : «On ne va quand même pas voter avec le gouvernement sur son premier projet de loi ! » Et une autre opposition a dit : « On ne va quand même pas renverser le gouvernement sur son premier projet de loi ! » Évidemment, chacun se drapant du : « On fait ça dans l’intérêt des Français ! » Je suis plutôt avis que nous sommes en pleine démonstration d’où peut mener la stratégie parlementaire, voire politicienne. Finalement, la loi sur la fin des restrictions sanitaires a été adoptée avec une courte majorité et tout ce beau monde est parti en vacances estivales.


Le gouvernement survivra-t-il au-delà de la prochaine session parlementaire ?



La seconde session parlementaire a débuté fin septembre avec un premier vrai test pour le gouvernement, l’adoption du budget. Face aux débats à venir, chaque parti fourbit ses armes et déjà, certains partis d’opposition ont abattu leurs cartes… peu importe ce que contiendra le budget, ils voteront contre. Par principe, mais aussi par stratégie, afin de forcer d’autres partis qu’eux à jouer le rôle ingrat d’appuyer le parti au pouvoir ! D’ailleurs, à date, aucun parti ne semble enclin à approuver le projet de loi sur le budget. Conséquemment, attachez votre tuque, voici le scénario probable.

Sachant qu’il risque d’être défait au vote, le gouvernement a déjà annoncé son intention d’utiliser l’article 49,3 (équivalent du bâillon au Québec) pour forcer unilatéralement l’adoption de la loi sur le budget. S’en suivrait le dépôt d’une motion de censure à l’encontre du gouvernement dans le but de le renverser (équivalent d’un vote de confiance au Québec). Enfin, le président prendrait acte et devrait dissoudre l’Assemblée et replonger les Français dans le carrousel électoral. Ce scénario se réalisera-t-il ou la loi sera-t-elle votée à la majorité ? Les paris sont ouverts…


La grèviculture continue de sévir



Parallèlement aux tactiques politiciennes, plusieurs enjeux sociaux et économiques ressurgissent en France, notamment la criante inflation, le manque de main d’œuvre et la pénurie d’énergie. Face à ces problématiques sérieuses, les partis de gauche, sous l’impulsion de leur leader Jean-Luc Mélanchon, appellent le peuple de France et de Navarre à reprendre du service dans le sport national qu’est… la manifestation.

Un grand rassemblement est donc prévu à Paris à la mi-octobre pour témoigner de la souffrance citoyenne. Pas en reste, les syndicats, loin d’être en « mode solutions », se délectent et grenouillent d’emblée pour créer le chaos avec leur lot de grèves à la clé. Un néologisme est d’ailleurs né, la grèviculture, qui décrit très bien la propension de certains groupes de travailleurs à user outrageusement du droit de grève.

Dernière invention en date, la grève préventive ! Je vous explique. Devant la situation inflationniste qui a cours en ce moment, et il est vrai aussi, devant les profits astronomiques et indécents qu’engrangent les pétrolières, les syndicats réclament une négociation urgente pour augmenter le salaire des employés de cette industrie. La direction s’est montrée à l’écoute et a proposé une ronde de négociation dès novembre prochain. Mais pour le syndicat, ce n’est pas suffisant, alors il prend les devants et déclenche une grève préventive aux différentes raffineries de pétrole en proclamant que « nous n’accepterons rien de moins que 10 % d’augmentation pour nos salariés ». Par conséquent, comme vous le voyez aux informations ces jours-ci, ce mouvement de grève a créé une pénurie d’essence dans certaines régions et, depuis dix jours, des files d’attentes interminables se dressent devant les rares stations-service qui ont encore du carburant. Affligeant chaos !



Retour à la normale



Depuis la fin des mesures sanitaires contraignantes, c’est le retour à la normale en ce beau pays de France. Il y a eu la grève des chemins de fer, des professeurs, des contrôleurs aériens, des employés de raffineries et j’en passe. À cela s’ajoute des manifestations contre la réforme des retraites, le coût de la vie, etc. Et voilà qu’une potentielle huitième vague de covid-19 pointe le bout de son nez. Nous manque juste une campagne électorale !

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