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Polynésie française – Le motu de Taha’a

26 juin 2013 | Louise Bilodeau

Polynésie française – Le motu de Taha’a
Je me suis levée à l’aube, excitée à l’idée de descendre l’échelle de ma villa, un fare perché sur pilotis, pour me glisser dans l’eau turquoise du lagon.


Jusqu’au lever du soleil, je nage en compagnie d’inoffensifs petits requins à pointe noire et de gracieuses raies pastenagues. Au large, un piroguier à l’entraînement – le va’a étant le sport national – me salue d’un inoubliable io ora na, « bonjour » en tahitien. Je suis en Polynésie française, dans l’archipel de la Société.



J’ai posé mes bagages à quelques ricochets de l’île de Taha’a, délicieusement surnommée l’île Vanille. Précisément sur le motu de Tautau, qu’on prononce ta-ou-ta-ou. Un motu est un îlot à fleur d’eau, formé sur la barrière de corail d’une île volcanique. Un éden où je songe à jouer un jour les Robinsons, en vivant de noix de coco et de pêche au harpon.


Mais pour l’heure, je loge au Taha’a Island Resort and Spa, l’une des plus ravissantes adresses d’Océanie, sise côté lagon de l’idyllique motu. Bâtis sur pilotis au-dessus de l’eau cristalline ou nichés dans le jardin tropical, ses fare à toit végétal, construits dans le style polynésien traditionnel, ajoutent à la beauté déjà surréelle du paysage.



À l’intérieur, l’ancestrale pirogue à balancier, motif à l’honneur, se décline sur les portes en tapa, une toile faite d’écorce d’arbre à pain battue. Des volées de fleurs de tiare, de petites corolles étoilées de pétales blancs dont le parfum proche du jasmin ensorcelle toutes les îles, sont posées sur le lit et les meubles en bois précieux. Et surprise, un caisson vitré permet d’observer les poissons qui nagent sous le fare !


Construits avec des matériaux locaux, feuilles de pandanus pour les toits, murs en palme de cocotiers tressés, les fare s’intègrent harmonieusement au paysage.
Construits avec des matériaux locaux, feuilles de pandanus pour les toits, murs en palme de cocotiers tressés, les fare s’intègrent harmonieusement au paysage.

Tautau est réputé pour sa passe, une brèche dans le récif où s’épanouit un jardin de corail. Avec Claudino, guide naturaliste, nous traversons sur le motu voisin, encore sauvage, et remontons la rive jonchée de noix de coco. Crabes tachetés de récif, crabes verts et crabes coureurs, tous au menu ce soir, se terrent dans leur trou à notre passage. Nous atteignons l’entrée de la passe, côté Pacifique. Le temps d’ajuster masque et tuba, et nous voilà lancés dans le fort courant.


Rentrant les épaules, nous suivons Claudino dans ce labyrinthe, où les coraux acérés font office de balises. Ange peau de citron et baliste Picasso, entre autres poissons colorés, se montrent curieux. Côté lagon, nous nous écartons du courant pour observer différentes anémones et le bénitier, un coquillage ondulé aux lèvres d’un violet luminescent.


Les excursions sur le lagon incluent la visite d’une ferme perlière. Bien qu’elle soit appelée « perle noire », la Perle de Tahiti s’irise de reflets colorés.
Les excursions sur le lagon incluent la visite d’une ferme perlière. Bien qu’elle soit appelée « perle noire », la Perle de Tahiti s’irise de reflets colorés.

Outre
les joies du lagon, c’est la vanille qui m’a attirée dans les îles Sous-le-Vent. À flanc de montagne, on cultive l’orchidée Vanilla Tahitensis, dont les gousses, très recherchées, mûrissent longtemps sur leur liane, sans éclater. Déçue de celles vendues dans une plantation, je file en bateau sur l’île de Raiatea, jumelle de Taha’a avec qui elle partage le lagon. Au marché d’Uturoa, je découvre avec bonheur les vanilles d’Alain Abel. À chaque terroir son identité. Le grand cru de Bora Bora libère des accents de réglisse et de terre volcanique, celui de Raiatea, des parfums de caramel et d’anis. Comblée par le bouquet fruité et les notes florales des gousses de Taha’a, j’en fais ample provision.


Rendez-vous maintenant avec l’histoire, en face de la passe Te Ava Moa où se trouve le marae Taputapuatea, dont l’UNESCO reconnaît la valeur exceptionnelle. Son apogée remonte au XVIIIe siècle. Les chefs de tous les archipels du triangle polynésien, et même de Nouvelle-Zélande, se réunissaient sur cet ensemble de plateformes de roche volcanique noire et de corail pour invoquer Oro, dieu de la beauté et de la guerre. Le marae a perdu sa fonction religieuse, mais demeure un symbole phare de l’identité nationale.


Les excursions sur le lagon incluent la visite d’une ferme perlière. Bien qu’elle soit appelée « perle noire », la Perle de Tahiti s’irise de reflets colorés.
Les excursions sur le lagon incluent la visite d’une ferme perlière. Bien qu’elle soit appelée « perle noire », la Perle de Tahiti s’irise de reflets colorés.

Une identité affirmée ces années-ci par un engouement phénoménal pour les sports et les arts traditionnels, entre autres les compétitions de pirogue à balancier et de lever de la pierre, le tatouage, les parures de fleurs, et en particulier la danse. En dehors du festival Heiva i Tahiti, qui rassemble des milliers de danseurs, on peut assister à de très bons spectacles dans les hôtels. Au Taha’a, lors du banquet polynésien hebdomadaire, c’est la troupe dirigée par son jardinier et gagnante de nombreux heiva, qui danse au rythme des tambours.


Le soir, de la terrasse de mon fare, je contemple le mont Ohiri qui domine Taha’a de ses 590 mètres. De joyeux Polynésiens sur leur pirogue ancrée au large chantent la beauté du fenua, leur terre. Te fenua nehenehe, Tahaa e Faaaha ia ora oe. Auréolée d’une couronne de fleurs de frangipanier et de tiare, un cadeau de bienvenue traditionnel, je m’endors sous les étoiles, au son des yukuleles.





Carnet de route



  • Le Taha’a Island Resort and Spa est membre de la bannière Relais et Château.

  • Pour s’y rendre : Air Tahiti Nui assure la liaison entre Los Angeles et Tahiti, et Air Tahiti relie les cinq archipels du pays.

  • Renseignements

  • Lonely planet

  • www.terainui-tours-tahaa.skyrock.com

  • www.tahiti-tourisme.pf





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