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[GRANDES RÉSERVES ANIMALIÈRES] Les derniers gorilles des montagnes

7 juin 2012 | Joëlle Achard, Voyages Lambert

[GRANDES RÉSERVES ANIMALIÈRES] Les  derniers gorilles des montagnes
Voyages Lambert propose une série d’articles consacrés aux grandes réserves animalières.

Il parlait depuis 10 minutes et je percevais sans mal que cette fois-ci, cela avait été différent. Il m'avait d'abord raconté comment, après une longue marche à travers les plantes urticantes, il avait fait la connaissance d'Ubumwe, de ses femmes et de leur progéniture curieuse et pleine de vie. Il avait ensuite parlé de Guhondo, dont les poils argentés lui conféraient une suprématie qui l'autorisait à se comporter en protecteur et maître sur un vaste territoire de la forêt tropicale d'altitude.


Si j'avais un peu de mal à doser toute l'intensité de l'émotion qui faisait pétiller les yeux de cet homme, pourtant déjà maintes fois éblouis depuis 30 ans alors qu'il arpentait la planète, je savais que je l'enviais. Car quelque part, dans les tréfonds du continent africain, sa route avait croisé celle des derniers grands gorilles des montagnes…


Petit-déjeuner pour ado affamé
Petit-déjeuner pour ado affamé

Avec le chimpanzé, le bonobo et l'orang-outan, les gorilles forment le groupe des grands singes anthropomorphes à l'ADN si proche du nôtre. Et c’est dans la région des grands lacs africains que vivent, en familles élargies, les quelque 800 derniers spécimens de gorilles des montagnes, répartis principalement dans les parcs nationaux couvrant l‘aire des volcans éteints du massif Virunga (Congo – Ouganda – Rwanda) et dans la forêt interpénétrable de Bwindi (Ouganda).


Son impressionnante stature, amplifiée chez le mâle par un torse bombé à la « Rambo », qu’il matraque de ses poings à grand renfort de cris, cache un être pacifique, attaché à la famille, joueur et taquin, à l’aise en société et, de surcroît, globalement végétarien.


Atmosphère tout africaine dans ce marché ougandais
Atmosphère tout africaine dans ce marché ougandais

Mais nos frères de sang, si pareils que l’on ne sait trop finalement qui singe l’autre ou qui le personnifie, ont un sérieux problème : ils sont tous menacés par l’Homo sapiens qui trône tout en haut de la pyramide des espèces.


Hormis le braconnage pour trophée ou celui de subsistance, qui a atteint son apogée dans les années entourant le génocide rwandais, l’empiètement sur la forêt des terres agricoles et des territoires d’exploitation du cobalt et de l’étain engendre une déforestation qui réduit considérablement les zones d’un habitat crucial pour les gorilles. Heureusement qu’entre deux rages de folie, des éclairs de lucidité traversent parfois le cerveau formidable de « l’homme savant ».


Ainsi chaussé, la grimpette devient facile !
Ainsi chaussé, la grimpette devient facile !

À l’instar de Dian Fossey, qui a été pour ces gorilles ce que Jane Goodall et Biruté Galdikas ont représenté respectivement pour les chimpanzés et les orangs-outans, la survie de nos cousins est une vraie cause à défendre et une lutte au quotidien. Outre l’ambitieux projet international GRASP (Great Aps Survival Project) épaulé par de nombreuses ONG, un véritable réseau local de préservation est implanté.


Les habitats naturels, regroupés en parcs nationaux aux règlements stricts, peuvent maintenant être considérés comme de véritables sanctuaires, tandis que les communautés rurales œuvrent dans la recherche de revenus alternatifs, par la reforestation et l’agriculture biologique.


Mais le must, ici, est bien l’idée d’une rencontre entre « l’homme moderne » et le gorille : une toute petite heure d’un tête-à-tête entre un bataillon de touristes déterminés et une smala qui étire sa grasse matinée quotidienne, parfaitement habituée aux pérégrinations humaines : « Tu me regardes, je te regarde; je te salue et tu me réponds ! »


Les onéreux permis non remboursables délivrés au compte-goutte ne semblent avoir aucune incidence sur cette nouvelle forme d’écotourisme, qui s’avère être une fort belle réussite : d’importants revenus sont réinvestis dans les aires de conservation, auprès des habitants locaux et d'une collectivité de gorilles en plein accroissement.


Incroyable, tout de même, qu’après tant de heurts et d’horreurs aux alentours, ce soit à une poignée de primates que l’homme doive de recouvrer une paix salvatrice et un avenir !



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