Rencontre stimulante avec Émily Adam et Jean-Christophe Lirette, qui ont réalisé leur rêve de tenir les rênes d’Ashton, une institution bien-aimée des gens de la grande région de Québec.
Tous deux originaires de Saint-Raymond, dans le comté de Portneuf, Émily Adam et Jean-Christophe Lirette ont aussi complété leurs études universitaires en même temps. Elle, au baccalauréat en finance corporative et personnelle. Lui, en administration, profil marketing. Ils ont bouclé conjointement leur formation avec un certificat en entrepreneuriat. « Puis, on entend dire qu’un petit casse-croûte de la région avec beaucoup de potentiel est à vendre. Le lendemain, on rencontre le propriétaire pour lui faire part de notre intérêt de reprendre son entreprise. À 21 ans, on fait donc l'acquisition de notre premier restaurant, le Ti-Oui Snack Bar. Je n'avais pas vraiment d'expérience dans la restauration à ce moment-là contrairement à Émily, qui avait travaillé dans ce domaine pendant ses études. C'est comme ça que l'aventure a débuté ! », raconte Jean-Christophe.
UNE PREMIÈRE HISTOIRE À SUCCÈS
L’année suivante, l’élaboration d’un plan d'affaires figure au programme de leur formation. La gestion de leur casse-croûte devient alors le médium parfait pour se projeter dans le futur. Déjà, à ce moment-là, les jeunes entrepreneurs tirent leur source d’inspiration de la chaîne de restaurants Ashton, la référence. « Même si nous assurions alors la gestion d’un restaurant, nous n’avions pas les ressources financières et les compétences requises pour s’investir dans ce genre de projet d’envergure. Toutefois, nous avons tout de même saisi l'occasion d'acquérir trois restaurants d'une chaîne à Québec, que nous avons conservés pendant huit ans. Une toute autre école d’apprentissage pour nous ! », mentionne M. Lirette.
« C’est particulier, l’achat du casse-croûte remonte déjà à 10 ans, poursuit Émily. À l’époque, même si nous avions les deux pieds dans le monde des affaires, nous poursuivions quand même notre formation universitaire. Et aujourd’hui, nous sommes propriétaires de la chaîne Ashton. Notre visualisation a fonctionné en quelque sorte ! »
PASSER LE FLAMBEAU À LA RELÈVE
C’est par personne interposée qu’Émily et Jean-Christophe ont la chance de rencontrer Ashton Leblond en septembre 2019. « Je pense que ça a été un super de bon fit d'entre- preneurs. Il semble s’être vu en nous étant donné que nous étions propriétaires de quatre restaurants et, qui plus est, un couple travaillant déjà ensemble. Autant que l’on s’imaginait à sa place, nous voulions devenir monsieur Leblond », image Jean-Christophe. « Le fait que nous avions déjà l’expérience de la restauration rapide nous a donné une longueur d’avance sur les autres candidats en lice pour acquérir l’entreprise. Nous savions à quel point il faut faire preuve de polyvalence pour gérer autant les ressources humaines et le day-to-day que l’entretien », explique Émily.
À la suite de cette première rencontre, Ashton Leblond retourne en Floride, où il passe la moitié de l’année. Espérant avoir la chance de le rencontrer de nouveau, ils forcent le destin et, avec leur bébé de deux mois et demi, ils improvisent un voyage en Floride en janvier 2020 afin d’aller prendre un café chez lui ! Après deux heures de discussion, l’homme d’affaires leur a lancé : « Je crois que vous êtes les bonnes personnes pour reprendre Chez Ashton ! » Les lendemains de la pandémie étirent la transaction pendant deux ans, mais ils y sont arrivés ! Encore propriétaires de leur premier casse-croûte, Émily et Jean-Christophe se sont toutefois départis des trois autres restaurants.
EXPERTISE ET FIDÉLITÉ
La direction de la chaîne a la chance de compter sur la grande fidélité de nombreux employés, qui sont présents depuis de longues années, voire 42 ans dans certains cas, et qui sont fiers de faire partie de cette belle et grande famille. Cette loyauté en dit long sur la qualité de la gestion. Leur expérience, leur histoire et leur savoir-faire sont une richesse que les nouveaux propriétaires apprécient à leur juste valeur. Pour assurer la croissance de l’entreprise, des personnes clés ont été embauchées au centre de services. Cela dit, ces restaurants de quartier sont caractérisés par une main-d’œuvre davantage familiale. « Pour nous, Ashton, c’est mettre à avant-plan notre incroyable équipe, et pas seulement Émily et Jean-Christophe », indique Émily. Concept intéressant, une équipe mobile fait régulièrement la tournée des succursales.
CE QUI FAIT LA DIFFÉRENCE
Face à la concurrence des grandes chaînes de restauration rapide, le fait qu’Ashton soit toujours une entreprise de la région change la donne auprès de la clientèle, qui a développé à son endroit un sentiment d’appartenance. « Nous nous distinguons aussi par l’approvisionnement local chez nos partenaires de longue date, par exemple les maraichers de pommes de terre de l’île d’Orléans depuis 40 ans, qui sont fiers de participer à notre croissance, précise l’homme d’affaires. Peu importe le contexte économique, on s'assoit ensemble pour permettre à tout le monde d’y mettre du sien. C'est vraiment notre force ! » Puis, chez Ashton, aucun produit congelé n’est servi et le fromage est livré sept jours sur sept. À l’usine de transformation de pommes de terre, le slogan « du champ à l'assiette » illustre la priorité accordée au contrôle de la qualité. La fidélité de la clientèle est à ce prix.
Le slogan « Juste du frais, juste du vrai ! » représente toujours bien l’entreprise, et encore plus avec l’image de marque actualisée en 2023, « Frais. Vrai. »
EN MODE EXPANSION
Depuis le rachat, l’entreprise est en mode expansion. En effet, l’ouverture d’un premier restaurant à Sainte-Marie-de-Beauce est prévue pour décembre 2024, et un premier Ashton franchisé s’apprête à ouvrir à Saint- Jean-Chrysostome. Le franchisage permettra de faire rayonner la marque dans d’autres régions du Québec et de mettre à profit le talent de gens déjà impliqués dans leur communauté. Mentionnons également le centre de formation, qui prend maintenant place dans un restaurant rénové en 2023 aux couleurs de la nouvelle image Ashton.
UN PIED-À-TERRE À MONTRÉAL
Il y a un an, le couple a fait l’acquisition du restaurant La Banquise, à Montréal, réputé depuis 1968 pour sa poutine, qui conservera son entière identité. Stratégique, l’investissement permettra de mieux comprendre le marché de la métropole. Une centaine d’employés y servent une clientèle autant locale que touristique.
LA NÉCESSITÉ DE S’ENTOURER DE MENTORS
Émily Adam et Jean-Christophe Lirette ont compris tôt qu’ils avaient besoin de profiter de l’expérience et des encouragements de mentors. « Nous nous inspirons beaucoup de l’histoire de Couche-Tard, on a certainement lu une vingtaine de fois le livre qui relate l’histoire de la célèbre chaîne de dépanneurs. Cette audace d'aller plus loin et de réussir ! Nous échangeons aussi avec l'un des fondateurs, Réal Plourde, qui nous amène à voir plus clair. »
Et pour donner au suivant, ces entrepreneurs de la relève témoignent également de leur cheminement dans les écoles et sur plusieurs tribunes afin d’encourager les jeunes à suivre leur rêve !