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Des « armoires vertes » de toutes les couleurs

1 octobre 2024| Ulysse Bergeron, La Presse

Des « armoires vertes » de toutes les couleurs

« Une entreprise, ça a plusieurs vies », déclare d’entrée de jeu Annie Lessard, directrice générale de Milmonde, une entreprise de Notre-Dame-des-Pins spécialisée dans la conception et la fabrication d’armoires. « L’histoire a commencé il y a 48 ans dans un garage de Beauce, raconte-t-elle. Ensuite, un homme d’affaires l’a rachetée et l’a fait grandir jusqu’à ce que Jean-Michel Talbot [le président de Milmonde] et moi, on l’achète en 2021. Aujourd’hui, c’est à notre tour de la faire grandir. »

QUI ?

La nouvelle direction travaille à « donner un nouveau souffle » à l’entreprise. Milmonde veut se positionner dans l’industrie des armoires sur mesure en se distinguant des produits bon marché très souvent offerts dans de grandes surfaces, qui utilisent des matériaux ayant un impact plus important sur l’environnement.

LE PRODUIT

Si Milmonde offre des armoires faites de matériaux synthétiques comme la mélamine, ce sont les caissons de bois qui la distinguent. Et la raison en est fort simple : « On est parmi les premiers en Amérique du Nord à s’être convertis dans la peinture à base d’eau. »

Un virage qui s’explique par le fait que la peinture à base d’eau « est beaucoup plus écologique et moins dommageable pour la santé », ajoute-t-elle. Non seulement elle dégage moins d’odeur, mais surtout, elle émet très peu de composés organiques volatils (COV) en comparaison de la peinture à base de solvant le plus souvent utilisée dans l’industrie.

Mais si le type de peinture permet en effet de réduire les COV, l’ensemble de la chaîne de fabrication doit par ailleurs être optimisé, explique Mme Lessard. « Dans les faits, on travaille fort pour établir une recette. J’entends par là qu’on achète le bois dans son état naturel et qu’on a développé nos propres techniques de sablage qui vont de pair avec le type de peinture développé et la façon dont on l’applique. »

À titre d’exemple, elle cite le nombre plus élevé de couches de peinture, qui assure une qualité et une protection accrues des produits : « On met au total huit couches de peinture, à raison de quatre de chaque côté. Très souvent, dans l’industrie, ça ne dépasse pas six. »

« C’est certain qu’on est plus chers que ce qu’offrent les IKEA de ce monde », affirme-t-elle, précisant que le temps d’application est plus long en comparaison de la peinture avec solvant, plus épaisse, qui nécessite moins de couches.

L’entreprise a récemment investi 6 millions de dollars – dont 1,2 million en subvention non remboursable du programme Innovation Bois – pour automatiser sa chaîne de finition, indique Mme Lessard : « C’est un système où tout est intégré, avec le sablage, les fours et l’application de la peinture. »

LES DÉFIS

« La concurrence est très féroce », indique-t-elle. Non seulement les grandes surfaces et quincailliers accaparent une partie du secteur, « mais il y a des ébénisteries reconnues au Québec », indique Mme Lessard. Du même souffle, elle ajoute que le ralentissement économique des dernières années exerce une pression sur le budget d’une partie de la clientèle.

Pour se démarquer, Milmonde ne mise pas que sur la qualité et la solidité du produit, mais bien sur la façon dont ce dernier est conçu. L’entreprise mise sur le développement de caissons très faciles à assembler : « On est à même de le constater, le choix des installateurs prend en considération les armoires qui sont les plus faciles à installer. »

L'AVENIR

Outre la volonté d’accroître sa présence sur le marché américain, Milmonde investit dans la recherche et développement. « On veut développer des peintures innovantes, comme des peintures où les taches n’adhèrent pas. On poursuit des recherches sur des peintures nanotechnologiques… mais je ne pourrais pas aller plus loin, parce qu’il est trop tôt pour en parler », conclut-elle.

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