Visage bien connu dans le domaine de la restauration à Québec depuis une cinquantaine d’années, Peter Sgobba continue de déployer la recette qui a fait son succès. Cofon- dateur du Turf situé sur la rue Cartier, il tient aujourd’hui les rênes de la chaîne Blaxton qui en est issue en compagnie d’Antoine Rouleau. Comptant cinq restaurants dans la région – bientôt six avec celui de Laurier Québec –, la bannière s’est résolument placée en mode expansion.
RETOUR SUR UN BRILLANT PARCOURS
« J’ai commencé Chez Guido, sur la rue Sainte-Anne dans le Vieux-Québec, à l’âge de 14 ans. Toujours en poursuivant l’école, j’ai également travaillé dans d’autres établissements. Puis je suis allé étudier en administration à l’Université d’Ottawa et même là, j’étais employé dans des restaurants. Aussi, à l’époque, mon père Angelo et mon oncle Luigi faisaient partie des associés du Continental, une adresse réputée à Québec », relate d’emblée M. Sgobba.
De retour dans la capitale, ce fils d’immigrants italiens, né en sol québécois, replonge pour un temps dans le monde de la restauration, mais souhaite faire autre chose. À la fin de ses études, il s’offre un voyage en Californie et songe très sérieusement à s’y établir. Alors qu’il travaille au Continental, fondé par son père, ce dernier lui annonce qu’il désire prendre sa retraite et lui propose d’acquérir ses parts. Le jeune homme doit prendre une décision difficile.
« J’ai choisi de relever le défi et ma véritable carrière de restaurateur a débuté à ce moment, reprend Peter Sgobba. En 1984, l’année des Grands Voiliers, c’est là que j'ai fait la rencontre de l’un de mes futurs associés, Charles Lacroix. Celui-ci venait d’ouvrir le Chaz sur l’avenue Maguire. Nous avons été les tout premiers à offrir la bière en fût Heineken à Québec. Un représentant de Montréal m’avait demandé si je pouvais déposer du matériel à son resto. »
© André-Olivier Lyra Photographe
UNE AMITIÉ DÉTERMINANTE
Un fort lien d’amitié unit instantanément les deux entre- preneurs. Ils ont à peu près le même âge et partagent les mêmes ambitions. Ensemble, ils se mettent à échafauder des projets. Diplômé de l’Université de Floride, Charles avait, lui aussi, étudié à l’extérieur de la province. En 1987, le duo achète le bar-restaurant Le Merlin sur l’avenue Cartier. Bien établi et misant sur une formule très populaire, il subira néanmoins une transformation et deviendra le Turf.
« Nous étions jeunes et nous voulions tout révolutionner. Nous nous sentions capables de tout faire, de tout bâtir, nous étions pleins d’énergie et d’idées, souligne M. Sgobba. J’avais travaillé dans des pubs à Ottawa, et Charles également, du côté des États-Unis. Nous avons donc créé le Turf, le premier pub à Québec. Nous avions envie d’organiser des événements, et sur le territoire, c’est chez nous qu’a commencé la diffusion des matchs du Super Bowl. »
Toujours coassocié du Continental, le restaurateur continue de faire prospérer l’entreprise familiale et passe son temps libre au Turf. Au bout de deux ans, Charles Lacroix quitte pour implanter les restos La Cage aux sports dans la région, mais en 1997, les deux hommes d’affaires vont de nouveau s’unir pour lancer le Liquor Store à Place de la Cité. L’aventure durera 16 ans, éveillant les visées expansionnistes de Peter Sgobba, qui voit de plus en plus grand.
DU TURF... AU BLAXTON
« Nous avons procédé à l’ouverture du Liquor Store à Beauport et nous devions aussi avoir des succursales à Saint-Georges, puis à Saguenay, mais malheureusement, en 2013, ça a été la fin. Cette année-là, je me suis tourné vers Antoine et nous avons discuté de certains projets. Je lui ai alors demandé : est-ce qu’on démarre des Turf ? Une première déception nous attendait, parce que je n’avais pas protégé la dénomination Turf à travers le Canada. »
Bien que le coup soit difficile à encaisser, Peter Sgobba et Antoine Rouleau décident quand même d’aller de l’avant avec la création de leur chaîne de restaurants. À l’issue d’un exercice réalisé par une firme de consultants, l’appellation Blaxton est retenue. D’une liste comptant plusieurs dizaines de noms suggérés sur la base de questionnaires traitant de l’identité, de l’historique, de la clientèle, etc., celle-ci a été réduite à une sélection de cinq dénominations.
« Le nom Blaxton était le préféré de la firme et le nôtre également, commente M. Sgobba. À partir de là, nous nous sommes questionnés sur ce que c’est que de bâtir une franchise. C’était une autre partie de notre vision d’un Blaxton : en quoi nous nous démarquons des autres chaînes. La conclusion qui en a découlé, c’est que nous voulions être à l’écoute de nos franchisés. Nous avons considéré tous les éléments et élaboré notre propre formule. »
CROÎTRE AU-DELÀ DE LA RÉGION DE QUÉBEC
Présentement, cinq restaurants sont en exploitation dans la grande région de Québec. À la succursale de la rue Cartier s’ajoutent celles de Lebourgneuf, de Saint-Romuald, du Centre Vidéotron et de l’aéroport. Le restaurant de Laurier Québec accueillera quant à lui ses tout premiers clients en décembre. Le septième – celui qui marque le début de l’expansion hors du territoire de la capitale – ouvrira ses portes à la population dès la mi-janvier à Chicoutimi.
« Les restaurants de la région sont bien répartis et ils possèdent chacun leur marché, communique Antoine Rouleau. Aussi, ce qui nous distingue par rapport à d’autres chaînes, c’est que nous sommes un pub, qui signifie public house, comme l’était le Turf à l’origine des Blaxton. Nous sommes un lieu qui s’adresse à tout le monde. Le concept s’adapte facilement à toutes sortes de locaux et d’environnements, et ici, ça bouge ! Nous proposons une expérience ! »
Peter Sgobba insiste sur l’atmosphère unique des établissements et sur la qualité. « C’est le mot d’ordre et tout commence avec l’accueil qui fait notre renommée. De plus, la clientèle mange bien. Rappelons que nous avons 22 lignes de fût de bières qui proviennent d’un peu partout; il y en a donc pour tous les goûts. Notre but consiste à offrir de la variété, de même que les meilleurs produits. Nous suivons les tendances du moment et nous nous ajustons. »
UNE ÉQUIPE POUR SOUTENIR L’EXPANSION
Après Chicoutimi, les fondateurs ont dans leur mire Trois-Rivières, Sherbrooke, Victoriaville, Drummondville... et visent éventuellement Montréal. Au cours des six prochains mois, trois restaurants seront inaugurés. Ils attaqueront ensuite l’échéancier 2025-2026 et ouvriront jusqu’à quatre succursales par année. Plus de 40 établissements couvriront ainsi la province à l’issue du plan de développement s’étalant sur une décennie.
Depuis maintenant un an, Blaxton Franchise Canada compte parmi les membres de son équipe le chef corporatif Alain Berthelot. Gaspésien d’origine, ce dernier possède une solide expérience en application des méthodes de travail et en gestion du temps tout comme en création originale. L’homme met au point les recettes Blaxton et compose les menus. Il veille par ailleurs au maintien des standards de la chaîne en succursale, participant à son succès.
Occupant le poste de directrice financière, Martine Caron a pour sa part intégré l’équipe il y a plus de 25 ans. « C’est elle qui nous dit si oui ou non nous pouvons aller de l'avant avec un projet. Elle accompagne aussi les restaurants dans leur gestion », témoigne M. Sgobba.
« Nous sommes fiers des gens qui endossent nos valeurs dans chacun de nos établissements et qui sont animés par la même passion, qui partagent notre vision. Au bureau, nous bâtissons également une belle équipe, tient à souligner M. Rouleau. Le siège social regroupe aujourd’hui neuf personnes. Nous nous sommes bien structurés cette année afin de pouvoir soutenir la formation et être en mesure de poursuivre la croissance de la marque ! »
