Bête sauvage
Broom, vroom, blurp… Ce sont les sons qui émanent de ma voiture d’essai. Et en sélectionnant le mode dynamique à l’aide d’une simple commande, elle se transforme littéralement en monstre. Sous mon pied droit se libèrent, en un vacarme contrôlé et justifié, un moteur V8 biturbo de 560 chevaux et 516 lb-pi de couple gras à très bas régime. Il fait moins 30 degrés Celsius. J’ai le sourire aux lèvres. J’ai du fun.
De la neige ? Pas de problème !
La RS 7, c’est la bête sauvage de Audi. À l’instar de la RS 5, elle se veut le summum en matière de performance chez ce constructeur, si on exclut la R8. Plus muscle car que ballerine, la RS 7 se veut l’une des berlines les plus puissantes et poussées que j’ai eu la chance de conduire dans ma vie.
Concurrente de la BMW M6 Gran Coupé (ou encore, de la M5 si on préfère les berlines plus standards) et de la Mercedes CLS 63 AMG, la Audi possède cette particularité qui lui permet toutefois de dominer dans notre climat hivernal : une traction intégrale. Alors que les autres auraient fait du « sur place » dans les tempêtes de neige – et j’ai dû en affronter au cours de cette semaine d’essai –, la Audi, elle, se moque du danger. Grâce à des appuis techniques, elle affronte les pires conditions routières. En fait, de mémoire, seule sa cousine germaine, soit la Porsche Panamera Turbo S (qui coûte à peu près 100 000 $ de plus) parvient à lui faire de l’ombre avec une direction renvoyant plus de feedback. Cependant, en ce qui concerne le style et la beauté, la RS 7 l’emporte haut la main.
Question de conduite
Or, revenons à nos moutons, soit la raison d’être de la RS 7 : être conduite. Assise sur une suspension pneumatique de série, évidemment ajustable (une suspension sport à ressorts à boudin et amortisseurs hydrauliques est aussi offerte en option), l’Allemande est tout ce qu’il y a de plus confortable pour une voiture de ce type. Elle est évidemment nerveuse, raide et même fatigante à conduire en mode dynamique. En choisissant celui-ci (vous pourrez aussi opter pour le mode confort, auto ou individuel – ce dernier permettant vos propres réglages), c’est parfois même insupportable en hiver. L’arrière patine, la voiture survire; on a l’impression de conduire un gros bloc prêt à tout arracher, peu importe les conditions, mais c’est justement ce qui est le fun ! Pour ce qui est du freinage, c’est nickel; du moins pour ce que j’ai pu essayer, la glace noire et la neige limitant les tests. Avec de tels disques et étriers (des disques en céramique sont aussi offerts en option), impossible de s’attendre à moins.
En fait, il n’y a que la transmission ZF, une boîte Tiptronic huit rapports, qui peut faire l’objet d’une certaine critique. Oui, de petites palettes se trouvent derrière le volant, permettant de passer aisément d’une vitesse à l’autre, mais une transmission à double embrayage, comme dans la S7, est plus directe, plus vivante, plus engageante. Si vous essayez cette voiture, promettez-moi de passer en mode dynamique et semi-manuel. Décélérez et passez à la vitesse inférieure : vous m’en donnerez des nouvelles. Les sons qui émanent du pot d’échappement sont dignes d’une voiture exotique. Ce n’est pas hyper gracieux, mais oh combien gratifiant ! Enfin, une simple pression de quelques centimètres sur l’accélérateur vous dévoilera une accélération ahurissante, pouvant atteindre le 0-100 km/h en 3,9 secondes. Aussi rapide que bien des voitures très sportives.
Une finition à l’image de la marque
Quant à l’intérieur de la voiture, puisqu’il faut en parler, il est parfait ou presque. Les amateurs de Audi ne s’y sentiront aucunement perdus. Du système de contrôle des interactions MMI au système audio Bang & Olufsen (une option de 6 500 $ à elle seule) que l’on retrouve dans les produits haut de gamme de la marque, en passant par les cadrans faciles à lire, à l’éclairage ambiant si agréable la nuit : tout est à l’image de Audi. En ce qui concerne les sièges avant, tant le conducteur que le passager seront à l’aise grâce aux nombreux réglages et au support qu’ils proposent. Petite parenthèse : la surpiqûre sur les sièges est tout simplement magnifique (je sais, c’est un détail, mais je tenais à le dire).
À l’arrière, vous n’aurez cependant droit qu’à deux places au lieu de trois. Qui plus est, l’espace pour la tête est plutôt restreint pour les passagers mesurant plus de 5 pieds et 10 pouces. Ceux-ci n’auront aucun plaisir, surtout si le chemin est cahoteux et que le conducteur a choisi le mode dynamique. Toutefois, pour compenser, le coffre se veut immense grâce au hayon qui engloutira à peu près n’importe quoi, incluant les sacs de golf de toute la famille. Vous avez besoin d’encore plus d’espace ? Abaissez les deux sièges arrière et le tour est joué.
Conclusion
La RS 7, comme vous avez pu le déduire en lisant cet article, m’a charmé. Luxueuse, pratique, très performante, consommant 9,9 litres d’essence en moyenne et très charismatique, elle a tout pour elle. Il s’agit d’une voiture d’exception, au même titre que ses concurrentes. Capable de répondre aux besoins familiaux en matière de transport, aussi à l’aise sur les routes l’été que l’hiver, elle peut aussi « arracher » l’asphalte sur demande. À 116 000 $ pièce, elle n’est évidemment pas donnée. Qui plus est, on peut rapidement et facilement faire grimper la facture grâce à la longue liste d’options offertes, mais dans cette classe, elles sont toutes affublées de ce même défaut…