Artiste considéré comme l'une des figures majeures de l’histoire de l’art au Québec, M. Fernand Leduc est décédé le 27 janvier dernier à l’âge de 97 ans. M. Leduc aura traversé le 20e siècle et laissé sa marque dans notre paysage artistique.
Les mots de Fernand Leduc demeurent les plus percutants et les plus vibrants pour caractériser sa démarche artistique singulière. En 1987, il déclarait : « En tant qu’artiste, je me situe dans la lignée impressionniste des "peintres de lumière" ». De la gestuelle automatiste des débuts aux toiles monochromes des dernières années, c’est cette recherche de la lumière par la couleur qui a constamment animé l’artiste.
Signataire du manifeste Refus Global, il était considéré, avec Paul-Émile Borduas, comme l’un des théoriciens du groupe. Il acceptait cette épithète « pour autant qu’on reconnaisse que la théorie vient après la création et non avant. Le tableau n’est pas l’application d’une théorie. Mais le regard que lui jette l’artiste une fois terminé peut alimenter sa réflexion, faire apparaître de nouvelles problématiques qui mèneront à d’autres oeuvres. »
Lorsqu’il a reçu le prix Paul-Émile- Borduas en 1988, il dira de Borduas qu’il a été un « jalon lumineux » et que de lui, il a « appris l’essentiel ». L’artiste a surtout rayonné à partir de la France, mais il revient à Montréal entre 1953 et 1959 et y résidait depuis 2006. Et même s’il n’a pas signé le Manifeste des Plasticiens, Leduc a été très proche de ces derniers. En 1956, il devient président et fondateur de l’Association des artistes non figuratifs de Montréal dont la première exposition se tient au restaurant Hélène de Champlain, à l’île Sainte-Hélène. C’est à cette même époque qu’il passera de la non-figuration (automatisme et structuration des formes) à l’abstraction (aplats géométriques de couleur pure), utilisant de plus en plus des codes picturaux qui ne font plus référence à une réalité autre que celle du tableau. Il poursuivra sa quête de la couleur lumière, éliminant les contrastes pour en venir à privilégier la vibration de tableaux quasi monochromes, qu’il nommera « microchromies ».
Depuis les années 1970, il persistera dans cette voie, poussant toujours plus loin son exploration. Le Musée national des beaux-arts du Québec a maintenu une relation privilégiée avec l’artiste en organisant des expositions d’envergure en 1966, 1980, 1997 et 2006. Lors de cette dernière, l’artiste promettait le don de plus de 40 oeuvres de sa collection personnelle.
À l’occasion du redéploiement de ses collections, le Musée consacrera prochainement une de ses salles à l’artiste. Fernand Leduc aura eu le bonheur de savoir de son vivant qu’il recevait cet ultime hommage.Le parcours exceptionnel de cet artiste remarquable sera donc bientôt révélé au public et mettra en valeur les tableaux de la collection du Musée, qui possède plus d’une centaine d’oeuvres de Leduc, soit la plus importante collection au Canada.
Source : Musée national des beaux-arts du Québec