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La face cachée de l’entrepreneuriat

14 octobre 2025| Annie Fortin, Focus TDL

La face cachée de l’entrepreneuriat

Ce n’est pas la première fois que je traite ce sujet dans l’une de mes chroniques, mais il est bon, je trouve, de rappeler cette réalité : derrière leur image de bâtisseurs, de créateurs d’emplois et d’innovateurs, les entrepreneurs, ces femmes et ces hommes qui contribuent à la prospérité collective, portent en solitaire un immense fardeau. Au prix de leur équilibre et de leur santé, autant physique que psychologique. Il est presque impossible, je le confirme, de sortir notre entreprise de nos pensées, même en dehors du travail, car elle fait partie intégrante de nous.

Voici quelques chiffres1 qui en disent long…

  • 46 % des entrepreneurs affirment ressentir de l’isolement ou de la solitude.
  • Près de 88 % disent avoir vécu au moins un problème de santé mentale lié à leur rôle.
  • Au Canada, on estime qu’environ la moitié des propriétaires de PME travaillent plus de 50 heures par semaine, souvent au détriment de leur vie personnelle et familiale.
  • Près du tiers des entrepreneurs de moins de 35 ans rapportent que la solitude est un des principaux obstacles à leur réussite.

La responsabilité de la survie de l’entreprise repose sur les épaules des entrepreneurs. Les décisions financières, la gestion des employés, la satisfaction de la clientèle, l’adaptation aux crises économiques, tout cela peut peser lourdement. Or, beaucoup hésitent à en parler ouvertement. Par fierté, ou par crainte d’afficher de la vulnérabilité, ils gardent pour eux leurs inquiétudes. Résultat : plusieurs se sentent isolés, incompris, parfois même démunis.

Pourquoi en parler ? Parce qu’un entrepreneur est avant tout un être humain, et que, comme tout le monde, il a besoin de soutien, de reconnaissance et d’un espace pour souffler. Sensibiliser la population à cette réalité, c’est donc encourager une culture où l’on valorise non seulement le succès financier, mais aussi la santé mentale et le bien-être de celles et ceux qui bâtissent nos entreprises.

Pour les supporter, il importe d’abord de reconnaître leur réalité. Cessons donc de voir l’entrepreneur comme un superhéros infaillible. Il ne manque pas de courage, certes, mais il demeure vulnérable. À cet égard, la création de réseaux de soutien est importante. Les associations d’entrepreneurs, les chambres de commerce et les incubateurs peuvent jouer un rôle clé en offrant des espaces de partage et de mentorat. Par ailleurs, pour briser l’isolement, il convient d’encourager les discussions franches sur la santé mentale et normaliser la demande d’aide, et rappeler qu’un entrepreneur en bonne santé, c’est aussi une entreprise plus solide, plus durable. Il est facile de tendre la main, n’hésitez pas si vous en avez l’occasion.

1BDC — Banque de développement du Canada (Rapport « Santé psychologique des entrepreneurs », 2022)

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