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Le mur de Régis Labeaume

31 janvier 2013| Donald Charette

Le mur de Régis Labeaume

Voilà plus d’un an que le maire Régis Labeaume s’époumone à dénoncer le mur budgétaire de Québec et plus particulièrement les régimes de retraite de ses employés. Force est d’admettre que, jusqu’à présent, son opération a été un échec.

Le gouvernement libéral a fait semblant

de ne rien entendre des demandes

du maire à la veille des élections, les

syndicats de la Ville l’ont envoyé paître

et les maires des grandes villes se

contentent de regarder notre maire se

désâmer. Ne comptez pas trop sur le

gouvernement Marois pour déclencher les

hostilités avec les syndicats importants

du secteur public.

Pourtant, sur le fond des choses, le

maire Labeaume a raison. Les employés

municipaux sont les enfants gâtés du

système et bénéficient d’excellentes

conditions de retraite. Le conseiller

Richard Côté m’a déjà démontré, tableaux

à l’appui, que certains employés de la Ville

feront plus d’argent à leur retraite qu’en

travaillant (102 % de leur salaire !).

Le déficit actuariel des caisses de retraite

se situe entre 624 et 750 millions de

dollars, signifiant une progression

inquiétante. Le maire n’a pas raison sur

toute la ligne. Les syndicats municipaux

auraient peut-être continué de négocier

si celui-ci avait évité de les insulter

et de les provoquer. Nous n’avons

pas, ou plutôt, nous n’avions pas un

historique d’affrontements avec les

employés de Québec. Les organisations

syndicales peuvent faire valoir aussi

que leurs conditions de travail ont été

négociées de bonne foi et signées par les

administrations précédentes et s’asseoir

sur leur steak.

Il s’est produit une petite révolution à

ce chapitre… à Montréal. L’intraitable

syndicat des cols bleus a accepté des

modifications à son régime de retraite en

échange d’une hausse salariale de

11,5 % d’ici 2017. De plus, ces autres

aspects ont été approuvés :

âge minimal de la retraite fixé à 55 ans,

augmentation de la cotisation des

employés, partage à 55-45 du déficit

(Montréal l’assumait à 100 %). Les cols

bleus montréalais ont compris que c’était

la seule façon d’assurer la viabilité du

régime compromis par un déficit actuariel

de 2,6 milliards de dollars.

L’administration Labeaume serait plus

crédible, par ailleurs, si elle dépensait

moins. Le dernier budget annonce des

dépenses en hausse de 4,4 % (le Québec

fait avec 1,8 %), soit le double de

l’inflation : un million de dollars pour

une caserne aménagée pour les artistes,

un million de dollars pour la Société

protectrice des animaux qui était la plus

surprise d’obtenir des fonds, des arénas…

Pour éviter une hausse des taxes dans le

secteur résidentiel, la Ville vise davantage

le secteur commercial.

L’année 2013 s’annonce donc difficile sur le

plan du budget. Le maire Labeaume est-il

capable d’arriver à une entente pour éviter

le mur budgétaire ?

Il ne doit pas miser sur le gouvernement

Marois pour obtenir le droit de lock-out

ou modifier par la loi les clauses des

conventions collectives. On va se réfugier,

bien commodément, derrière le rapport

Alban d’Amours.

Le maire Labeaume a présenté un

nouveau front, mais il est le seul à s’y être

présenté. Un minimum de diplomatie

aurait bien servi sa négociation. Les

représentants des employés de la

Ville auraient avantage à relancer la

négociation; d’abord, pour assurer la

pérennité de leurs régimes à prestations

déterminées, et ensuite, pour gagner le

respect des travailleurs qui les renflouent

en sachant qu’ils n’auront jamais droit à

de tels privilèges.

rêver

Gérer le consentement