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Le point sur l’Hôtel-Dieu de Québec

4 avril 2013| Donald Charette

Le point sur l’Hôtel-Dieu de Québec

La raison a pris le dessus dans le dossier de l’agrandissement de

l’Hôtel -Dieu de Québec, après que des millions de dollars ont été

dépensés en vain pour revamper l’un L’Hôtel-Dieu de Québec des plus vieux hôpitaux en Amérique.

La première ministre Pauline Marois a

pris une décision logique en annonçant,

devant la Chambre de commerce de

Québec, que son gouvernement préférait

construire un nouvel hôpital près de celui

de l’Enfant-Jésus plutôt que de s’acharner

sur le vieux bâtiment. Elle a sûrement

trouvé une satisfaction supplémentaire

en effaçant une décision du chef libéral

Philippe Couillard qui, décidément, a de

la difficulté avec ses hôpitaux (CHUM et

CUSUM). L’ancien ministre de la Santé a, lui

aussi, changé d’opinion et en est réduit à

expliquer qu’il s’était rallié, en 2005, au voeu

du conseil d’administration de l’Hôtel-Dieu.

Le vent a tourné brusquement dans

ce dossier quand des médecins sont

montés aux barricades pour proposer

de déménager à Limoilou. Cent quinze

médecins, dont – et ce n’est pas

négligeable – 29 chefs de département

ont demandé publiquement au ministre

de la Santé, Réjean Hébert, de construire

un nouvel hôpital universitaire plutôt

que d’agrandir le vénérable établissement

hospitalier situé intra-muros. Lorsque

le ministre Jean Rochon a fermé des

petits hôpitaux de la région (Christ-Roi et

Chauveau), certains avaient osé évoquer la

possibilité de fermer l’Hôtel-Dieu. La levée

de boucliers qui a suivi a tué ce scénario.

Établissement fondé en 1639 par les

Augustines, l’Hôtel-Dieu a non seulement

survécu, mais a augmenté son espérance

de vie avec le projet d’agrandissement annoncé. Comme c’est la norme dans les

projets publics, la facture a explosé en

quelques années, du moins sur papier. La

mise de départ était de 175 millions de

dollars, alors que l’on parle maintenant

d’une enveloppe (et non, elle n’est pas

brune) oscillant entre 800 millions et un

milliard de dollars pour retaper l’Hôtel-

Dieu et l’agrandir. La fusion survenue

l’été dernier entre les deux hôpitaux

universitaires, le CHA (Saint-Sacrement

et Enfant-Jésus) et le CHUQ (Hôtel-Dieu,

Saint-François d’Assise, CHUL), a modifié

la donne. La constitution d’une seule unité

a fait disparaître les rivalités, si âpres,

entre les équipes de docteurs. Le Dr Robert

Delage, chef du département d’hématoimmuno-

oncologie de l’Hôtel-Dieu, a pris

la direction du groupe des 115. Il est facile

de comprendre que les soins prodigués

aux patients, surtout les gens atteints du

cancer, seraient meilleurs si on regroupait

toutes les spécialités, la radiothérapie

entre autres, à un seul endroit.

L’Hôtel-Dieu est un immeuble vétuste qui

a poussé de façon désordonnée au coeur de

l’un des plus vieux quartiers en Amérique.

Les travaux d’agrandissement se heurtent

constamment à l’histoire et font gonfler

les prix. La simple mise à niveau du centre

hospitalier coûte plus cher qu’ailleurs.

Surtout, l’Hôtel-Dieu est difficile d’accès et

y trouver un stationnement tient parfois

du parcours du combattant. La décision

d’agrandir l’hôpital ou de construire à neuf

ailleurs aurait dû être axée sur un critère : les besoins des malades, qui ne devraient

pas avoir à se déplacer à travers la ville

pour obtenir des soins.

Le président du conseil de quartier

Vieux-Québec-Cap-Blanc, Alain Samson,

soutenait que le débat était clos. Je crois

que le Vieux-Québec devrait pouvoir se

tenir debout sans cet agrandissement.

Insister sur « l’impact récréotouristique »

de l’Hôtel-Dieu, c’est négliger que c’est

d’abord un hôpital. Le débat ressemble,

pour beaucoup, à celui autour du Centre

mère-enfant du CHUL, où on a regroupé

tous les accouchements. Personne ne

doute maintenant du fait que c’était la

bonne décision. Par ailleurs, le Québec

a investi des sommes colossales dans

le CHUM à Montréal (2,5 milliards) et le

CUSUM (1,6 milliard) et la Ville de Québec

a besoin d’un hôpital moderne, que ce

soit un simple pavillon ou un centre

universitaire.

Si la décision est sensée, il demeure des

questions sans réponses. D’où viendront

les 1 000 fonctionnaires regroupés à

l’Hôtel-Dieu ? Va-t-on déshabiller l’édifice

Joffre pour garnir l’Hôtel-Dieu ? Quel

est le coût de ce transfert ? Pourquoi

former un comité si la décision est déjà

prise au plus haut niveau ? Surtout, quel

est l’échéancier ? Le gouvernement est

fragile à l’Assemblée nationale et pris à la

gorge en matière de finances publiques.

L’échéancier pourrait bien ressembler à

celui de l’échangeur Turcot.

rêver

Gérer le consentement