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Nos députés, ces visiteurs

28 février 2013| Donald Charette

Nos députés, ces visiteurs

Si vous rencontrez un député sur la Grande vous saurez qu’il est de passage dans sa capitale . La présence des parlementaires à l’Assemblée nationale est en constante régression depuis quelques années.

L’année 2012 est bien particulière, bien sûr, à cause de la tenue

d’élections générales le 4 septembre dernier. La différence n’est

pas si grande, malgré tout, avec une année normale, soit deux

semaines environ. Les élus se sont laissés le 15 juin, Jean Charest

a émis les brefs électoraux le 1er août, et la Chambre a repris ses

travaux le 30 octobre.

En fait, quand on examine le calendrier des travaux de l’Assemblée

nationale, on constate que les députés ont été en session durant

six semaines cet automne. Dès le 7 décembre, la Chambre fermait

ses portes pour permettre aux élus de se consacrer au « travail en

circonscription ». Congé, donc, jusqu’au 12 février, moment où ils

reprennent le collier pour… deux semaines avant de passer deux

semaines dans leur circonscription, semaines qui correspondent à

la relâche, soit du 22 février au 8 mars ! À leur retour le 12 mars, ils

vont « chauffer » pendant trois semaines avant d’aller dans leur

circonscription le premier jour d’avril.

Convenons que ce ne sont pas des horaires de galériens. En

2012-13, nos représentants du peuple à Québec, au final,

auront été en session parlementaire pendant 21 semaines. Il

ne s’agit pas, notons-le, de semaines de cinq jours, puisque

durant une session régulière, le Parlement siège trois jours, du

mardi au jeudi. Il existe, évidemment, une période de travaux

dits intensifs, soit sur quatre jours, mais cela couvre les deux

dernières semaines à l’automne et au début de l’été.

Le Parlement québécois a connu des fins de session démentes,

où les parlementaires siégeaient jour et nuit. Les sessions se

poursuivaient souvent au-delà de la Saint-Jean-Baptiste ou du

20 décembre. À juste titre, on a voulu « humaniser» les travaux

parlementaires, mais cela entraîne un horaire très allégé avec

des élus se réunissant à temps partiel. La principale victime, c’est

la période des questions, où le gouvernement doit rendre des

comptes à l’opposition et aux citoyens.

Les députés vous rétorqueront qu’il se fait, par ailleurs, beaucoup

de travail en commission parlementaire et que ce calendrier leur

permet d’être à l’écoute de leurs concitoyens. En réalité, le travail

des commissions parlementaires est calqué, en bonne partie,

sur celui de la Chambre. La période de l’étude des crédits des

ministères est une période privilégiée permettant aux députés de

poser toutes les questions aux ministres et à leurs fonctionnaires

sur leurs dépenses. Or, on remarque très souvent un manque de

préparation et de recherche chez les députés de l’opposition. Estce

que ce nouveau calendrier a amélioré le climat à l’Assemblée

nationale avec des députés plus «frais» ? Pas du tout.

Il faut ajouter à tout cela une tendance lourde à tenir les

événements de presse et les congrès hors de la ville de Québec.

En tout début de mandat, c’est à Montréal que le ministre des

Finances, Nicolas Marceau, a présenté sa synthèse des opérations

financières. Tout récemment, Pauline Marois a profité d’un

caucus de la rentrée dans les Laurentides pour y tenir un conseil

des ministres. On peut regarder la situation avec cynisme et

se dire que moins les députés siègent, moins ils nuisent au

Québec. On légifère moins, c’est évident, et cela correspond

à une évolution de la société. Si la politique se porte bien, le

parlementarisme, lui, vieillit mal et est devenu une demi-tâche.

De quoi rendre jaloux les professeurs de cégeps.

rêver

Gérer le consentement