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Ville de Lévis

8 décembre 2023 | Donald Charette

Ville de Lévis

© Agence Icône Gilles Lehouillier, maire de Lévis.

Gilles Lehouillier se présente en entrevue tout juste après une conférence de presse de la Davie confirmant l’acquisition de la Helsinki Shipyard Oy par l’insubmersible chantier maritime de Lévis. Tout fringant, celui qui est maire de Lévis depuis une décennie s’emballe devant les perspectives de développement de cette filière, autant pour sa ville que pour le Québec.

Une première de classe aux grandes ambitions

« La Davie deviendra le leader mondial de la construction de brise- glaces avec les huit milliards de dollars de contrats annoncés par le fédéral. Ce n'est plus un dossier lévisien, mais un dossier national avec une chaîne d'approvisionnement qui aura un impact sur sept ou huit régions du Québec, l'équivalent de l'aérospatiale à Montréal », martèle-t-il.

La ville de Lévis carbure aux superlatifs et caracole en tête de tous les palmarès, que ce soit pour mesurer l'activité économique ou l'indice de bonheur. Une position de première de classe bien établie.

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Des chiffres qui parlent

Un milliard de dollars d'investissements privés par année. Taux de croissance de l'économie de 4,5 %, taux de chômage à 5,3 %, salaire moyen 25 % plus élevé que dans le reste du Québec et hausse soutenue de l’immigration. Un nombre de mises en chantier par mille habitants qui fait des jaloux à 18,3 %, comparativement à 5,3 % à Québec. Ajoutez à cela des investissements par des entreprises de pointe telles que QScale et Microsoft, et vous avez le portrait d'une ville en pleine ébullition. « Depuis 10 ans, nous sommes le numéro un des grandes villes au Québec. C'est sûr qu'on explose », fait remarquer Gilles Lehouillier.

Le défi de la main-d'oeuvre

Mais voilà, ce développement est ralenti par le phénomène de rareté des travailleurs. Le maire de Lévis croit qu’on doit miser sur l'immigration et la robotisation des entreprises. Il a la conviction que nombre d'immigrants vont délaisser Montréal pour s'établir sur la rive sud de Québec. « Avant, quand on annonçait 4000 emplois à la Davie, c'était une bonne nouvelle. Maintenant, c'est un casse-tête. Pour la première fois, nous offrirons aux immigrants qui vivent dans la métropole des emplois avec une valeur ajoutée, assortis de salaires entre 85 et 90 000 $ par année, et devenir un pôle d'attractivité », fait valoir le premier magistrat.

Quant aux sous-traitants de la Davie, ils auront tout intérêt, selon lui, à robotiser leur production, car ils miseront sur des contrats qui vont s'étaler sur plusieurs années. « C'est une chance inouïe en faveur de la robotisation des PME, la découpe d'acier par exemple, c'est une ère nouvelle, car il y aura de la régularité dans les contrats », explique Gilles Lehouillier. Il croit que le secteur manufacturier compensera le déclin inéluctable du secteur commercial mis à mal par des géants comme Amazon.

Un droit de veto avec Rabaska

La Ville de Lévis avait pris tout le monde par surprise le printemps dernier en mettant la main sur les terrains de Rabaska convoités par le Port de Québec. Depuis, le gouvernement du Québec a racheté ce site prêt à accueillir des industries lourdes.

« Avec le Port, organisme fédéral, le développement de cette zone nous aurait complètement échappé. Le gouvernement québécois créera un comité mixte de gestion, tripartite, et nous aurons notre mot à dire sur l'usage qui en sera fait, nous disposerons d’un droit de veto », plaide-t-il. Il ne s’en cache pas, l'acquisition de ces terrains, au coût de 30 millions de dollars, aurait pesé lourd sur les finances de la Ville.

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L’Hôtel de ville de Lévis

Une préoccupation

Toute médaille a son revers. Le maire Lehouillier se dit préoccupé par la dette municipale – l'endettement à long terme sur les revenus excède 129 % –, mais il relativise la situation. « La dette augmente dans une ville en forte croissance, c'est le cas de Terrebonne par exemple, mais nous payons davantage d'immobilisations comptant et nous allons budgéter sur cinq ans, si bien que la dette va baisser en 2030 », explique-t-il pour se faire rassurant.

Une ville en mode densification

Le visage de Lévis a changé radicalement depuis quelques années avec les nouvelles tours d’habitation qui ont poussé près des ponts. En 2022, plus de 3000 permis de construction ont été délivrés par la Ville. Le maire Lehouillier affirme respecter scrupuleusement le schéma d’aménagement. « La densification se fera le long des grandes artères et 400 mètres autour », dit-il, ajoutant qu’il faut éviter les « zones de friction » entre les secteurs très peuplés et les quartiers résidentiels. Rappelons également que seulement 10 % du territoire municipal est considéré comme urbanisé, la partie agricole couvrant tout près de la moitié de sa superficie.

La ville du bonheur

Les Lévisiens sont fiers de leur ville et de son incroyable vitalité économique, mais cela n'explique pas tout. Pourquoi est-on plus heureux en face de Québec ? Gilles Lehouillier mentionne un sentiment d'appartenance à une communauté et une solidarité qui prend la forme de 250 organismes d'entraide appuyés par 17 000 bénévoles et un milieu d'affaires qui a le cœur à la bonne place. « Les gens du Saguenay ou de la Côte-Nord qui s'établissent chez nous s'y retrouvent. Lévis, c'est la ville qui est le dernier grand village », philosophe Gilles Lehouillier.

nouveaux quartiers commerciaux
L’un des nouveaux quartiers commerciaux de Lévis, le Carrefour Saint-Romuald.

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