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Ce qu’évoquent pour nous les rues du Vieux-Québec

4 mai 2023 | Jean-Marie Lebel, historien

Ce qu’évoquent pour nous les rues du Vieux-Québec

Quand nous marchons ici et là dans les rues du Vieux-Québec sises à l’intérieur des remparts, une sympathique mélodie du grand Charles Trenet nous vient souvent à l’esprit : « Dans les rues de Québec, par temps gris, par temps sec, j’aime aller nez au vent, cœur joyeux en rêvant ». Que de fois nous avons parcouru les rues du Vieux-Québec, seul ou guidant des groupes. Que de choses avons-nous apprises dans nos lectures et recherches. Chacune des rues éveille en nous des évènements et des fantômes. Chacun a son Vieux-Québec. Voici le nôtre.



Dans la rue Saint-Jean, la plus passante du Vieux-Québec, c’est Gilles Vigneault qui me vient à l’esprit. « En descendant la rue Saint-Jean, j’ai rencontré mon père », chantait-il. C’est d’ailleurs dans une boîte à chansons de cette rue qu’il entama sa carrière.

Dans la côte de la Fabrique, un grand magasin bientôt bicentenaire, aux vitrines attrayantes, prolonge à nos yeux les magasins de l’ère victorienne.


La rue Sainte-Famille ©Fonds Daniel Abel


Dans la rue Sainte-Famille, que longe l’imposant « pavillon des classes » du Collège François-de-Laval, demeure l’entrée du vieux quartier latin.


À l’angle de la rue Hébert et Monseigneur-De Laval ©Fonds Daniel Abel


Parcourir les rues Hébert et Couillard, c’est marcher sur l’ancienne terre de Louis Hébert et de son gendre Guillaume Couillard.

Rue Monseigneur-De Laval, nous avons souvent rêvé habiter la petite maison surmontée d’une girouette à l’angle de la rue Hébert. La résidence la plus pittoresque du Vieux-Québec.

La rue de la Ménagerie rappelle l’époque où il y avait des poulaillers, écuries et étables à l’arrière des maisons. On se réveillait au chant du coq.

Dans la rue des Remparts, en plus de nous arrêter devant la maison du marquis de Montcalm, nous faisons maintenant un arrêt devant le banc public portant le nom de Suzanne Clermont, victime d’une triste soirée de l’automne 2020.

La rue Ferland demeure pimpante même si depuis longtemps on ne lit plus les livres de l’historien Jean-Baptiste-Antoine Ferland.

Dans la rue Saint-Flavien, on ne peut point oublier l’historien François-Xavier Garneau qui y vécut ses dernières années.

La rue Hamel est toujours longée par les façades identiques des maisons des frères Hamel, des marchands rangés.


La rue Christie ©Fonds Daniel Abel


Curieuse rue Christie où les trottoirs sont si étroits que seuls les chats les utilisent.

La rue Garneau, quoiqu’assombrie par les arrières des commerces de la côte de la Fabrique, n’a pas perdu son charme victorien de l’époque de l’historien François-Xavier Garneau.

La rue Charlevoix, dominée par l’imposant mur des jardins des Augustines, a un aspect monastique.

Dans la côte du Palais, la maison du coin de la rue Saint-Jean a conservé au troisième étage une petite tablette qui attire notre attention : là fut longtemps une statue du général Wolfe.

La rue McMahon, avec sa croix celtique et son ancienne église St. Patrick’s, rappelle tous ces Irlandais qui ont fui la famine et la misère et ont fait de Québec leur ville d’adoption.

La rue de l’Arsenal, comme nous, attend impatiemment la restauration des « nouvelles casernes » des armées française et britannique. Notre forteresse de Louisbourg à nous !

La rue Saint-Stanislas où l’ancienne église anglicane Trinity est devenue le Théâtre du Conservatoire d’art dramatique. Nous y avons vu s’épanouir des actrices et acteurs de grand talent.

La rue Sainte-Angèle où résida le violoniste Arthur Leblanc au tragique destin dont nous écoutons avec émotion ses beaux enregistrements des grands maîtres du violon.

Dans la rue Elgin, l’on peut encore apercevoir l’ancienne boutique de forge O’Sullivan où l’on a ferré tant de chevaux au temps où ces bêtes avaient des fers d’été et des fers d’hiver.

La rue McWilliams, où l’on pouvait jadis humer les bonnes gâteries du pâtissier William McWilliams.

La rue D’Auteuil restera gravée dans nos mémoires comme étant la rue où résidait René Lévesque (au 91 bis) lorsqu’il était premier ministre du Québec et où il vécut des jours heureux avec Corinne Côté.

La rue Sainte-Ursule, autrefois célèbre pour ses nombreux médecins, est toujours dominée par son église néogothique Chalmers-Wesley, mais nous regrettons la fermeture des portes du charmant sanctuaire Notre-Dame-du-Sacré-Cœur.

L’impasse Webster, comme l’indique son nom, ne mène nulle part. Des Webster firent fortune dans le commerce du charbon.


La rue du Parloir ©Fonds Daniel Abel



La rue du Parloir n’a guère changé depuis le XlXe siècle et on y entend encore les cris joyeux des élèves de l’École des Ursulines installée à cet endroit en 1642 par Marie de l’Incarnation.

Rue Donnacona, on ne peut oublier ce fier chef iroquoien de Stadacona sur les terres duquel débarqua Jacques Cartier.

Dans la rue des Jardins, on aimerait tant encore voir fleurir les arbres fruitiers des jardins des Jésuites et des Récollets.


Rue de Buade ©Fonds Daniel Abel


La rue De Buade, c’était pour nous la rue de la vieille librairie Garneau, où craquaient sous nos pas les escaliers étroits menant aux mezzanines chargées de livres.

De par le monde, combien d’images du Vieux-Québec proviennent de notre rue du Trésor !


La rue Sainte-Anne ©Fonds Daniel Abel



Rue Sainte-Anne, c’est dans la maison du docteur Fisher que fut accueilli Charles Dickens en 1842, l’un de nos auteurs préférés.

La rue Saint-Louis, habitée par la noblesse en Nouvelle-France et la bourgeoisie au XlXe siècle, en a conservé la majesté et la richesse.

Dans la rue du Corps-de-Garde, nous portons encore le deuil d’un vieil ami : « l’arbre au boulet », emporté par une cruelle maladie.

La rue Haldimand à la pente si prononcée que l’on doit surveiller où l’on met nos pas et qu’on y oublie de regarder les beaux points de vue.


La rue du Mont-Carmel ©Fonds Daniel Abel


La rue du Mont-Carmel, qui doit son nom à une montagne d’Israël, nous conduit à une toute petite montagne occupée par le pittoresque petit parc du Cavalier-du-Moulin. On s’imagine y entendre encore tourner les ailes du moulin à vent de Denys de la Trinité.

La rue des Grisons rappellerait l’époque où, à dos d’ânes gris, on amenait le blé à moudre au moulin à vent de Denys de la Trinité. C’est peut-être une légende, mais elle éveille encore des souvenirs.

La rue de la Porte, qui domine le jardin des Gouverneurs et le monument Wolfe-Montcalm, fait référence à une porte depuis longtemps disparue et dont nous n’avons jamais vu d’illustration…

L’avenue Sainte-Geneviève est entrée dans l’histoire pour sa grande maison Têtu où la famille de Charles de Koninck a accueilli Antoine de Saint-Exupéry, l’éternel auteur du toujours jeune Petit prince.

La rue de Brébeuf, pentue et peu connue, était habitée par le premier ministre Honoré Mercier lorsqu’il dirigeait les destinées de sa province.

La côte de la Citadelle est la seule voie qui donne accès à la Citadelle, édifiée pour protéger notre ville contre les Américains et qui aujourd’hui leur ouvre toutes grandes ses portes. Il vaut mieux la paix que la guerre !


La rue Saint-Denis ©Jasmin Brochu


L’avenue Saint-Denis, aux riches maisons faisant face aux verdoyants glacis de la Citadelle, a toujours sa grande porte cochère (au 14) par où sortaient les rutilants attelages de J.F. Turnbull.

La terrasse Pierre-Dugua-De Mons, dont le nom rappelle celui qui finança la fondation de Québec par Champlain, domine la terrasse Dufferin et offre un point de vue exceptionnel sur le fleuve.































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