Recherche

Connaissez-vous bien le faubourg Saint-Jean-Baptiste ?

20 février 2023 | Jean-Marie Lebel, historien

Connaissez-vous bien le faubourg Saint-Jean-Baptiste ?
Sur la photo : les marches des trottoirs de la rue Claire-Fontaine
Source : Wikipédia, Jeangagnon

Cela peut être fort agréable d’être touriste dans notre propre ville. Trop de gens ne connaissent du faubourg Saint-Jean-Baptiste que la rue Saint-Jean qu’ils ont parcourue rapidement en automobile. Pourtant, c’est un grand quartier historique qui prit forme peu à peu, à la fin de la Nouvelle-France, au-delà de la porte Saint-Jean et du bourg fortifié.



C’est pourquoi on l’appela d’abord « faubourg Saint-Jean ». Avec la création de la paroisse Saint-Jean-Baptiste, on se mit au fil des ans à parler de « faubourg Saint-Jean-Baptiste ». Dans la plupart de ses rues, on croirait que le temps s’est arrêté dans les années 1890. Ce qui ne manque pas de charme, de pittoresque, de nostalgie. Ce furent dans ces années-là que l’on reconstruisit le faubourg après le terrible incendie de 1889. On ne connait bien une ville qu’en la parcourant à pied.

Tout en évitant de vous casser le cou, avez-vous déjà descendu les marches des trottoirs de la rue Claire-Fontaine ? La pente est tellement abrupte qu’une partie des trottoirs de cette rue sont de véritables escaliers avec leurs rampes. Tout le faubourg a été construit dans la pente du versant nord de ce que les géographes appellent « la colline de Québec ». Cela est souvent un rude défi pour les piétons. Tentez de monter la rue Sutherland sans être essoufflé !

Saviez-vous qu’il y a une rue Saint-Réal dans le faubourg ? Vous n’oublierez jamais votre étonnement de la première marche dans cette rue. Vous vous direz : « Pourquoi donc personne ne m’avait parlé de cette rue ? » La section de la rue, située à l’ouest de l’ascenseur du Faubourg, a les allures d’une terrasse dominant le quartier Saint-Roch. Les façades de ses vieilles maisons paisibles font face aux Laurentides. Il faut marcher jusqu’au bout de la rue Saint-Réal, c’est la « terrasse Dufferin du faubourg ».


L’ascenseur du Faubourg
Source : Wikipédia, Jeangagnon



Vous connaissez les deux tours Martello des plaines d’Abraham, mais avez-vous déjà vu celle qui se camoufle dans le faubourg ? On ne peut pourtant point la manquer lorsque l’on parcourt la rue Lavigueur ! En effet la tour Martello no 4 empiète de beaucoup sur la rue, et les piétons et les automobilistes doivent la contourner. Un jour, un camionneur inattentif l’a appris à ses dépens. Son camion fut grandement endommagé et la tour n’a pas bougé d’un iota… N’est-elle pas là pour faire la garde depuis deux siècles ?


La tour Martello no 4
Source : Wikipédia, Jeangagnon



Avez-vous déjà porté attention aux statues de l’imposante façade de l’église Saint-Jean-Baptiste ? On y voit alignés les douze apôtres qui y affrontent les grands vents. Comme disait un jour un vieux passant : « Si les gens ne les voient pas, Dieu, lui, les voit. » Elles ont été réalisées dans l’atelier du statuaire Michele Rigali, jadis situé dans le faubourg et très renommé. La magnifique église fut l’œuvre d’un architecte du faubourg, Joseph-Ferdinand Peachy, résidant de la rue Saint-Jean.


L'église Saint-Jean-Baptiste vers 1858
Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec



L’église Saint-Jean-Baptiste
Source : Wikipédia, Yturgeon



Ne soyez pas surpris de voir à l’occasion des touristes britanniques devant la première pierre tombale à l’entrée du cimetière Saint-Matthew, rue Saint-Jean. Les inscriptions sur cette pierre nous apprennent que c’est là que fut inhumé en 1823 Thomas Scott, le frère de sir Walter Scott, le plus grand écrivain écossais, le créateur d’Ivanhoé et d’un Moyen Âge romantique. Endetté et poursuivi par des créanciers, le pauvre Thomas mourut en exil à Québec. Et la pierre nous révèle un autre drame : deux ans auparavant, Thomas avait eu la douleur de perdre sa fille Barbara, âgée de huit ans. Ce cimetière et la vieille église anglicane constituent un coin de la Vieille Angleterre à l’entrée de notre faubourg.

Avez-vous déjà rencontré « la petite liseuse » ? Si Copenhague a sa petite sirène, le faubourg a sa « petite liseuse ». Pour l’apercevoir, il faut traverser l’entrée principale du cimetière Saint-Matthew. Située dans un recoin extérieur de la vieille église, la magnifique sculpture nous montre une jeune lectrice, coiffée d’une casquette et tellement absorbée par la lecture du livre déposé sur ses genoux qu’elle ne nous entend pas…


La petite liseuse, une œuvre de Lewis Pagé, en hiver.
Source : Wikipédia, Izbael



Vous êtes-vous déjà arrêté devant la maison de Joe Malone, le premier grand joueur de hockey de l’histoire de Québec ? Lorsque l’on descend la rue Philippe-Dorval, on aperçoit une épigraphe bleue identifiant cette maison. Lorsque l’on est devant la porte de cette maison, on a un étonnant et émouvant point de vue sur le Centre Vidéotron dans la percée visuelle de l’étroite rue qui domine la basse-ville. Et l’on se dit que si le fameux Phantom Joe sortait de sa maison, il apercevrait donc ce Centre Vidéotron où de grandes bannières rappellent ses deux conquêtes de la coupe Stanley en 1912 et 1913.

Vous êtes-vous déjà rendu compte que le maire François Langelier vous observe quand vous vous apprêtez à descendre l’escalier Sainte-Claire, souvent encore appelé « l’escalier du Soleil » ? La figure de ce maire, ornant les arches d’entrée de l’escalier, nous rappelle que les grands escaliers de fonte qui relient le faubourg au quartier Saint-Roch furent construits à son époque, dans les années 1880. Du belvédère de l’escalier Sainte-Claire, où il y a des bancs publics, on a une magnifique vue du jardin Jean-Paul-L’Allier.

Bonnes découvertes !


rêver

Gérer le consentement