Recherche

[FINANCE] Investissements alternatifs : une catégorie d’actifs à ajouter à votre portefeuille

16 juin 2023 | Olivier B. Ampleman, Financière Banque Nationale

[FINANCE] Investissements alternatifs : une catégorie d’actifs à ajouter à votre portefeuille

Tant à l’égard du revenu fixe que des actions, l’année 2022 a été difficile sur les marchés financiers. Elle a démontré ce que plusieurs professionnels de l’investissement prêchent depuis longtemps : l’importance, pour les investisseurs particuliers, de ne plus limiter leur portefeuille à ces deux catégories d’actifs et d’y ajouter celle des investissements alternatifs.




Que sont les investissements alternatifs?



Au cours des dernières années, des changements réglementaires ont permis une certaine démocratisation de ces investissements. Auparavant réservée aux investisseurs institutionnels et fortunés, cette catégorie encore méconnue du grand public est donc apparue dans les portefeuilles des Canadiens. Mais que sont-ils exactement? Il n’y a pas de réponse directe à cette question, mais il s’agit d’investissements qui ne sont ni des obligations ou des actions de sociétés cotées en bourse, ni des stratégies qui se contentent de détenir celles-ci. On peut penser notamment aux :
● actifs alternatifs : métaux précieux et marchandises, terres agricoles et forestières, propriété intellectuelle, objets de collection, et cryptoactifs;
● actifs privés : actions de sociétés privées, dette privée, immobilier privé et infrastructures;
● stratégies alternatives : fonds de couverture et stratégies événementielles, stratégies Global Macro et contrats à terme gérés, et produits structurés.




Ces investissements demeurent des stratégies plus sophistiquées que les investissements traditionnels. Si vous souhaitez en ajouter à votre portefeuille, il est important de faire affaire avec un conseiller expérimenté.


Deux rôles possibles



Le principal rôle qu’on peut leur attribuer est celui d’ajouter de la diversification au portefeuille, grâce à des rendements non corrélés avec ceux des actifs traditionnels. En effet, ils ne varient pas de façon parfaitement synchronisée avec les deux autres catégories, et peuvent ainsi permettre de réduire la volatilité du portefeuille dans son ensemble sans diminuer d’autant les rendements. Sur un graphique, on cherche en somme à ce que ces derniers ressemblent davantage à une ligne droite ascendante, et moins à des montagnes russes.

Le second rôle consiste à amplifier les rendements des actifs traditionnels qu’ils remplacent. Ces investissements peuvent aussi générer des bénéfices de diversification, mais habituellement dans une moindre mesure que ceux ciblés pour le premier rôle. Pour les utiliser à cette fin, on doit présumer que les gestionnaires de ces actifs ou de ces stratégies disposent d’un avantage par rapport aux actifs traditionnels.


Comprendre les investissements alternatifs… et ne pas les surestimer



Dans la construction de portefeuilles, cette catégorie représente donc un outil intéressant, particulièrement dans un environnement économique où on a pu constater l’augmentation des corrélations entre le revenu fixe et les actions, et conséquemment la réduction de la diversification des portefeuilles traditionnels. Toutefois, il faut prendre garde de ne pas y investir aveuglément, car ces investissements sont loin d’être tous identiques. Ils peuvent réagir différemment les uns des autres selon les circonstances, et comporter des risques et des niveaux de volatilité variés. Des éléments qui ont contribué à soutenir leur performance dans le passé pourraient également ne plus être présents; par exemple le déclin des taux d’intérêt long terme de 1981 à 2020 ou une frénésie créée par la spéculation.

En outre, les bénéfices de diversification de certains d’entre eux sont parfois exagérés. Il suffit notamment de penser aux actifs privés, qui ont des équivalents sur les marchés publics et qui devraient réagir de manière assez semblable aux changements macroéconomiques. Pourtant, ces fonds enregistrent souvent des performances fortement supérieures à celles de leurs homologues traditionnels en périodes de marchés baissiers.

À titre d’exemple, beaucoup de fonds immobiliers privés ont affiché des rendements positifs en 2022, alors que les secteurs immobiliers des indices S&P/TSX et S&P 500 ont quant à eux dégagé des rendements de -21,5 % et -26,1 %, respectivement, en devises locales. S’agit-il de la surperformance extraordinaire de gestionnaires chevronnés, ou ces fonds ont-ils simplement bénéficié de l’absence de valorisations de marchés quotidiennes et d’évaluations comptables qui leur permettent de lisser leurs rendements sur plusieurs trimestres et de paraître moins volatils ? On peut certainement se poser la question, ce qui est problématique puisqu’on veut des rendements décorrélés pendant les périodes de reculs des marchés, bien plus que pendant les périodes de hausses, et puisque ces fonds ont généralement des contraintes de liquidité et des restrictions plus élevées pour retirer du capital.

Cela ne signifie pas que les investissements mentionnés soient inintéressants, mais illustre seulement le fait qu’on doit être prudent lorsqu’on les évalue, et s’assurer de bien comprendre leurs caractéristiques et leurs vecteurs de performance. Dans un rapport récent, l’Association CAIA, spécialisée en investissements alternatifs, suggérait d’ailleurs que les professionnels devraient revoir leur approche afin de ne pas simplement construire des portefeuilles génériques, en remplissant des quotas, mais de s’assurer plutôt de comprendre l’impact de chaque investissement sur les facteurs de risque des portefeuilles dans leur ensemble.


Savoir bien s’entourer



Malgré leur démocratisation, tous les investissements alternatifs ne sont pas accessibles à l’ensemble des investisseurs, ni par l’entremise de tous les conseillers. En règle générale, ceux qui travaillent pour un courtier de plein exercice sont ceux qui ont accès au plus grand éventail de stratégies. Cela, particulièrement s’ils sont également gestionnaires de portefeuille puisqu’ils sont alors en mesure de proposer à leurs clients signataires d’une entente de gestion discrétionnaire certains investissements normalement accessibles uniquement aux investisseurs qualifiés.

On doit cependant rappeler que ces investissements demeurent des stratégies plus sophistiquées que les investissements traditionnels. Si vous souhaitez en ajouter à votre portefeuille, il est important de faire affaire avec un conseiller expérimenté, qui comprend bien les caractéristiques, la logique économique et les risques associés à chaque investissement, et qui est à même de s’assurer que ceux-ci soient bien adaptés à votre situation personnelle.

*Olivier B. Ampleman, CFA, CAIA, M. Fisc., Pl. Fin., est conseiller en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille dans l’Équipe Ampleman de la Financière Banque Nationale – Gestion de patrimoine.

Pour en savoir davantage :



Fbngp.caequipeampleman.ca

rêver

Gérer le consentement