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Lectures de confinement par Jean Chouzenoux

25 janvier 2021 | Jean Chouzenoux, correspondant européen

Lectures de confinement par Jean Chouzenoux

Dire que la lecture est devenue une fidèle compagne pour bien des gens en 2020 est sans doute un euphémisme. Se plonger dans des romans, essais, biographies, bandes-dessinées est devenu un refuge intellectuel salvateur pour notre équilibre mental. Ont proliféré des listes de lecture dans les journaux et sur les réseaux sociaux. Ainsi, nous avons tout su des préférences littéraires de critiques chevronnés ou de personnalités artistiques et politiques, au grand dam de certains ! Après tout, il n’y a pas que Netflix pour se divertir en temps de pandémie.




Or, je partage avec vous un résumé des quelques 6000 pages qui ont jalonné la route de mon purgatoire lors de périodes de confinement, de couvre-feu ou entre deux test Covid-19. J’admets avoir des goûts hétéroclites en matière de lecture en privilégiant toutefois les auteurs québécois et français, mais c’est un gallois qui aura frappé mon imaginaire et apporter beaucoup de lumière à mon univers, en cette sombre année.


Mes lectures québécoises



Au Québec, les essais de Jean-François Lisée, de Marie-France Bazzo et Mathieu Bock-Côté (MBC) ont capté mon attention.

Le premier essai, intitulé Qui veut la peau du Parti Québécois? , relate les deux ans de Jean-François Lisée au difficile poste de chef de ce parti. Stratégies du pouvoir et relations avec les médias, qu’il baptise « le fascinant tango des élus et des journalistes » pimentent l’ouvrage.

Ensuite, dans un essai percutant intitulé Nous méritons mieux , Marie-France Bazzo questionne sévèrement le monde fermé et égocentrique de la télévision québécoise. Elle dénonce entre autres le fait que les télédiffuseurs, dont la Société d’Etat Radio-Canada, choisissent de rester dans une zone de confort. Surgissent alors les animateurs vedettes propres à chaque station qui reçoivent le même petit cercle de vedettes, un manque d’audace qui relaie les émissions culturelles sur des plateformes numériques, une rarification d’émissions politiques, la crainte de mettre en ondes des émissions où le débat civilisé serait à l’honneur et la prédominante de l’humour… là ou une blague bien sentie fera applaudir l’auditoire, anéantissant tout germe de discussions plus corsées. Son exemple le plus patent, qu’une émission phare comme Tout le monde en parle soit animée par deux humoristes. Enfin, elle accable les dirigeants des chaînes de télé et de radio de sous-estimer l’intelligence des téléspectateurs et auditeurs québécois.

Dans la même veine, le livre L'empire du politiquement correct de Mathieu Bock-Côté (qui a fait la manchette) est éloquent sur le « politiquement correct » qui frappe au Québec, en France et aux Etats-Unis ainsi que sur la frilosité de certaines institutions face aux divers groupes de pression.

D’autres auteurs québécois ont contribué à mon désennui tels Patrick Sénéchal , le maître du roman noir dont il maîtrise le style, et mon ami Jacques Orhon, auteur de son premier roman. Ce dernier, rompu aux ouvrages didactiques sur le monde viti-vinicole, a pondu une attachante histoire autour de ses passions que sont le monde du vin, de la photographie, des voyages et de la famille. Cela s’intitule Les fruits de l’exil .


Mes lectures françaises et… internationales



J’ai déjà souligné aux lecteurs de Prestige que dans mon effort d’intégration en ce beau pays de France, je m’obligeais à de la lecture historique. Un pays à l’histoire si riche mérite qu’on s’y attarde. Alors ce sont les biographies de François 1er, par Max Gallo, de Napoléon, de Charles de Gaulle et de Victor Hugo qui ont enrichi ma culture française. Celles-ci succédant à bien d’autres livres historiques dévorés ces dernières années. À ce chapitre, je retiens le portrait fascinant de Louis XIV, dressé également par Max Gallo.

Par ailleurs, avec cette mouvance d’intrusion dans nos vies privées par les réseaux sociaux, quoi de mieux que de se plonger dans la lecture de 1984 de Georges Orwell, le créateur de l’allégorie du Big Brother. Par moment, ce roman écrit en 1934 connecte directement sur notre actualité contemporaine… un devin ou un visionnaire GO !?

Enfin, ce qui ressort du lot en cette triste année 2020 est sans contredit l’œuvre magistrale du prolifique auteur gallois Ken Follett, Le Siècle . Cette trilogie captivante (3000 pages) survole trois moments charnières du XXe siècle à savoir, les deux grandes guerres mondiales et la guerre froide. Foisonnant de faits historiques réels, le roman trace autour de ces événements le parcours fictif de cinq familles (américaine, allemande, russe et deux anglaises) dont les destins s’entrecroisent. Enrichissant et divertissant à la fois, on est happé par le style vif et précis de l’auteur et la subtilité dont il fait preuve pour incorporer de nouveaux éléments pourtant majeurs à l’intrigue.




À venir…



Avec la situation guère encourageante en ce début d’année 2021, mieux vaut prévoir une suite littéraire. Sont donc en attente sur mes rayons les biographies de Bernard Landry et de Robert Bourassa, le dernier prix Goncourt, L’Anomalie d'Hervé Le Tellier, et une petite bombe intitulée Apocalypse cognitive de l’éminent sociologue, Gérald Bronner… Jamais dans l’histoire de l’humanité l’être humain n’a bénéficié d’autant d’informations et de temps libre. Cette quête, ce rêve tourneront t-ils au cauchemar ?

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