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Québec et le commerce en ligne

4 mai 2015 | Johanne Martin

Québec et le commerce en ligne

L’an dernier, au Québec, on estime qu’il s’est dépensé pas moins de 6,6 milliards de dollars sur le Web. Une enquête menée par le CEFRIO révèle toutefois que 75 % des sommes déboursées l’ont été à l’extérieur de la province. Des chiffres derrière lesquels se cachent plusieurs réalités. Allons y voir de plus près…



En 2014, dans la Belle Province, un adulte sur deux a acheté en ligne. En moyenne, tous les mois, 295 $ sont dépensés par chaque cyberacheteur selon la plus récente enquête Indice du commerce électronique au Québec (ICEQ) commandée par le CEFRIO, une organisation spécialisée dans les questions liées à l’utilisation du numérique.



On y apprend par ailleurs que les 25 à 34 ans forment la cohorte d’âge qui s’adonne le plus à l’achat en ligne (72,2 %), suivie des 35 à 44 ans (68,9 %), et que, pour un achat sur deux, le client est retourné sur un site qui lui était familier. On trouve également davantage de cyberacheteurs parmi les hommes (55,5 %) que parmi les femmes (43,7 %).




Si le commerce électronique est bien ancré dans les habitudes des consommateurs québécois, il l’est cependant beaucoup moins dans les pratiques de nos entreprises.




Si le commerce électronique est bien ancré dans les habitudes des consommateurs québécois, il l’est cependant beaucoup moins dans les pratiques de nos entreprises. Seulement 25 % des dollars dépensés pour des achats en ligne l’ont été sur des sites québécois, comparativement à 48 % sur des sites américains.



 




« J’aime innover et nous avons répondu à l’appel des clients des régions, qui n’ont pas facilement accès à la galerie-boutique, en même temps qu’à notre désir d’élargir notre clientèle. »  -  Nancy Ricard, designer et propriétaire de l’atelier-boutique Un Fauteuil pour Deux





En ligne depuis le 23 avril dernier, le site transactionnel d’Un Fauteuil pour Deux est encore tout chaud. Propriétaire de la galerie-boutique de meubles et d’accessoires décoratifs haut de gamme ouverte depuis 1999, Nancy Ricard admet au départ s’être montrée réticente à entrer dans l’univers du commerce électronique. « Je craignais qu’il y ait une forme de déshumanisation dans cette approche. Ce que je veux, c’est demeurer fidèle à ma philosophie d’entreprise, qui consiste à être près des gens, à miser sur le service à la clientèle. En fin de compte, j’ai trouvé une formule qui me permet d’en faire le reflet de ma personnalité », témoigne-t-elle. Ce que la designer vise ? Attirer des gens vers sa boutique grâce à une plateforme qui présente un aperçu de sa marchandise en magasin « J’aime innover et nous avons répondu à l’appel des clients des régions, qui n’ont pas facilement accès à la galerie-boutique, en même temps qu’à notre désir d’élargir notre clientèle », complète Mme Ricard.  


« Les Québécois réalisent encore les trois quarts de leurs achats sur des sites hors Québec. Un enjeu majeur pour les commerçants d’ici, que nous avions déjà constaté en octobre 2013, et qui n’a malheureusement pas évolué », commente Jacqueline Dubé, présidente-directrice générale du CEFRIO.



Des données colligées par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) et rendues publiques en août 2013 indiquent que seulement 12,8 % des entreprises de chez nous vendent sur Internet. Notons au passage que cette proportion est significativement plus élevée chez celles qui comptent 250 employés et plus (46,5 %).



 



Du Web au magasin… ou du magasin au Web ?


Pratique relativement nouvelle dans l’univers du commerce de détail, le furetage en magasin, ou showrooming, consiste à se rendre physiquement en magasin pour examiner un produit, puis à fureter sur Internet dans le but de trouver et d’acheter en ligne le même produit à moindre coût. Si le phénomène est en croissance, il demeure néanmoins marginal au Québec. Dans les faits, 60,3 % des internautes achètent en magasin des produits repérés en ligne, mais une plus faible proportion (46,2%) achète en ligne des produits repérés en magasin. « Les deux pratiques sont interdépendantes. Tout est fonction du type de produits ou services », offre en guise d’explication Guillaume Ducharme du CEFRIO.   


Pour les entreprises qui ont choisi de proposer la vente sur Internet, le commerce électronique représente sans contredit une part non négligeable des revenus qu’elles encaissent. Déjà, en 2011, elles déclarent que 23,3 % de leur chiffre d’affaires provient des commandes reçues par l’entremise de leur site transactionnel.




« Les ventes sont en hausse, on y croit beaucoup et on a le goût d’y mettre de l’énergie. » - Geneviève Bélanger, propriétaire de la boutique Berceau Maternité





La vente en ligne est instaurée depuis 2009 chez Berceau Maternité. Il y a trois ans, le site transactionnel était complètement refait et jusqu’à maintenant, plus de 15 000 $ y ont été investis. « Évidemment, ça représente une somme importante, mais avec des contacts et de l’aide, j’ai économisé plusieurs milliers de dollars », lance la propriétaire de la boutique de vêtements pour futures mamans, Geneviève Bélanger. Si les transactions en ligne ne dépassent pas celles que les clientes réalisent en magasin, Berceau Maternité a au moins pu, grâce à sa plateforme, combler la baisse d’achalandage que subissent la plupart des commerces de détail depuis quelque temps. « Les ventes sont en hausse, on y croit beaucoup et on a le goût d’y mettre de l’énergie », exprime Mme Bélanger, qui a inscrit son site dans une stratégie où plusieurs médias sociaux sont mis à contribution « pour se rapprocher de la clientèle et lui répondre le plus rapidement possible ».  


Du chemin à faire



Toujours selon l’ISQ, une majorité d’entreprises (58,5 %) qui ne possèdent pas de plateforme et qui n’ont pas l’intention d’en lancer une justifient leur décision en prétendant que leurs biens et services ne s’y prêtent pas. Près du tiers font pour leur part valoir qu’elles ne sont tout simplement pas intéressées.



Une proportion plus faible d’entreprises met de l’avant le nombre trop peu élevé de clients souhaitant commander sur Internet ou un manque d’expertise ou d’argent pour développer ou entretenir la technologie nécessaire à la réception des commandes. Enfin, pour appuyer leur position, d’autres invoquent la crainte à l’égard de la sécurité.



À l’opposé, la majorité des entreprises ayant intégré le commerce électronique dans leurs pratiques considèrent qu’il améliore leur visibilité, le nombre de clients et les ventes. Certaines ont en outre signalé un élargissement du bassin géographique de leur clientèle, une réduction de leurs coûts et du temps de commercialisation.



Les 10 sites les plus populaires chez les acheteurs en ligne




• Ebay (États-Unis) : 7 %


• Amazon (États-Unis) : 6 %


• Air Canada (Québec) : 4 %


• Expedia (États-Unis) : 4 %


• Costco (États-Unis) : 3 %


• Booking.com (États-Unis) : 2 %


• Sears (États-Unis) : 2 %


• Air Transat (Québec) : 2 %


• Apple (États-Unis) : 2 %


• Future Shop (Canada) : 2 % (maintenant fermé)


Source : Indice du commerce électronique au Québec du CEFRIO


« Trop peu d’entreprises québécoises vendent en ligne », juge sans surprise la PDG du CEFRIO. En juin, les résultats d’un nouveau volet à l’enquête ICEQ portant sur la pratique du commerce électronique par les entreprises, sur les facteurs de succès et sur son impact sur la performance organisationnelle, entre autres, seront d’ailleurs dévoilés.



Saviez-vous que…


• En 2014, 24,6 % des adultes québécois ont effectué un achat en ligne à l’aide d’un appareil mobile, une progression de 5,8 points par rapport à l’année précédente.


• L’an dernier, les internautes québécois accordaient une note de 5,4/10 seulement relativement à la perception qu’ils ont de la sécurité des transactions en ligne avec les petits commerçants.


• Le Québec compte 49 % de cyberacheteurs. Cette proportion s’établit à 54 % dans le reste du Canada, à 63 % aux États-Unis et à 73 % au Royaume-Uni.


• Sur une base mensuelle, il s’effectue plus d’achats en ligne dans la région de Québec qu’ailleurs en province. Sur le territoire, en moyenne, on a aussi acheté un peu plus sur mobile (téléphone et tablette) qu’ailleurs au Québec.


Sources : CEFRIO et Institut de la statistique du Québec


En plus de jeter un nouvel éclairage sur la situation et de recueillir des données sur le budget annuel que consacrent les entreprises à leur plateforme de commerce électronique, l’exercice apportera des précisions quant aux intentions d’investissement chez les répondants pour l’année à venir. 



Que consomment les cyberacheteurs ?


• Vêtements - Chaussures - Bijoux et accessoires 


31 % des cyberacheteurs / 14 % des achats en $


• Électronique


23 % des cyberacheteurs / 12 % des achats en $


• Musique - Films - Jeux vidéo 


17 % des cyberacheteurs / 3 % des achats en $


• Livres - Revues - Journaux 


17 % des cyberacheteurs / 3 % des achats en $


• Décoration - Maison 


14 % des cyberacheteurs / 7 % des achats en $


• Voyages et Transport 


10 % des cyberacheteurs / 31 % des achats en $


• Alimentation - Santé - Beauté 


9 % des cyberacheteurs / 3 % des achats en $


• Spectacles - Sorties - Restaurant 


8 % des cyberacheteurs / 4 % des achats en $


• Sport : Équipements - Abonnements 


6 % des cyberacheteurs / 3 % des achats en $


• Automobiles - Motorisés 


6 % des cyberacheteurs / 5 % des achats en $


• Logiciels - Applications mobiles 


4 % des cyberacheteurs / 1 % des achats en $


• Animaux et soins pour animaux


1 % des cyberacheteurs / 1 % des achats en $


• Autres 


7 % des cyberacheteurs / 13 % des achats en $


Source : Indice du commerce électronique au Québec du CEFRIO


 



 


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