À l’aube d’une retraite bien méritée, prévue pour 2027, le praticien de 66 ans a choisi de confier à la dentiste Fiorella Paz, une Péruvienne d’origine émigrée au Québec en 2008, ainsi qu’à son conjoint Renzo Canessa, les rênes de sa clinique de L’Ancienne-Lorette. Les nouveaux propriétaires entendent perpétuer l’ambiance familiale bienveillante qu’on y trouve et qui ravit la clientèle autant que le personnel. Profil d’une clinique qui sort, à quelques égards, des sentiers battus.
Originaire de Lac-Mégantic, le Dr Bouchard avait obtenu son diplôme en 1983 à l’Université de Montréal, et pratiqué pendant un an à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, puis à Plantagenet en Ontario. « Étudiant, j’envisageais d’avoir ma clinique à Weedon, petite localité située entre ma ville natale et Sherbrooke, mais le projet ne s’est pas concrétisé. Ensuite, j’ai trouvé un poste à Cap-Rouge, où j’ai exercé pendant sept ans, avant d’ouvrir en 1991 ma clinique sur la rue Notre-Dame à L’Ancienne-Lorette. Après nous être progressivement retrouvés à l’étroit dans cet immeuble où nous étions locataires, nous avons emménagé dans nos locaux actuels du boulevard Hamel en 2002. »
PASSER LE FLAMBEAU
« Développer une entreprise pendant quelques décennies et devoir passer le flambeau représente une étape très particulière, confesse Dr Bouchard. On s’attache à notre clientèle et vice versa, de sorte que nous tenons à ce qu’elle continue d’être bien servie après notre départ. Je travaille depuis 35 ans avec ma conjointe de longue date Marina Gamache, cette complicité et cette fidélité s’inscrivant dans nos valeurs profondes, contribuant ainsi à l’atmosphère familiale que nous avons toujours souhaitée et entretenue. Par conséquent, quand nous avons rencontré le couple d’acheteurs pour discuter d’une éventuelle transaction, nous avons été séduits non seulement par le parcours professionnel et personnel forçant l’admiration de Fiorella, mais aussi par le fait qu’elle souhaitait tout comme nous gérer la clinique avec son conjoint, comptable de formation, qui s’occupe maintenant de la gestion générale de la clinique et des contacts avec les fournisseurs. Il est toujours difficile, surtout pour un professionnel de la santé, de se séparer de ses patients, mais dans mon cas, une délicate intervention à la moelle épinière subie en 2023 m’a beaucoup fait réfléchir, hâtant ainsi ma décision de tirer ma révérence. Comme j’ai frôlé le fauteuil roulant, j’ai compris que le temps était venu de penser davantage à moi. Je pourrai donc partir l’esprit en paix et en toute confiance. »
L’HUMAIN AVANT TOUT
La principale intéressée, qui était dentiste à Lima, sa ville natale, a dû repartir de zéro après son arrivée au Québec, en travaillant d’abord comme hygiéniste avant de refaire sa formation en dentisterie à l’Université Laval, ce qui a amené le couple dans la capitale après quelques années à Montréal. « J’ai ensuite exercé dans les forces armées, puis dans un service d’urgence, où la quantité de dossiers l’emportait sur la qualité de la relation avec les patients. J’ai alors pris conscience de l’importance que j’accorde au facteur humain dans ma profession, car le manque de suivi ne correspondait pas à mes valeurs. Un collègue m’a ensuite parlé de la clinique du Dr Bouchard, et comme celle-ci était à vendre, j’y ai vu l’occasion rêvée de développer ma vision, qui allait de pair avec la sienne. Ma ténacité a été un argument déterminant dans la transaction, qui s’est concrétisée tout récemment. Depuis, je me sens parfaitement à ma place dans un milieu harmonieux et stimulant que les membres de notre équipe apprécient tout autant.
Selon Dr Bouchard, ce type d’ambiance va à contre- courant de la tendance déshumanisante observée depuis quelques années, alors que de grandes corporations avalent nombre de cliniques dentaires privées. « En cette ère de rareté de la main-d’œuvre, les candidats que nous recrutons partagent notre perception des choses, qui a un pouvoir attractif certain », insiste-t-il. C’est d’ailleurs ce climat qui avait convaincu en 2008 la jeune dentiste Valérie Couture de joindre l’équipe. « Un collègue orthodontiste m’avait vanté la façon avec laquelle Dr Bouchard prenait soin de ses patients en m’informant qu’un poste venait de se libérer, se souvient-elle. Je n’ai pas hésité, et j’y suis depuis 18 ans ! Ce souci de la clientèle va jusqu’à transmettre dans certains cas notre numéro privé lorsqu’on pense qu’une complication est possible et que les patients ont besoin d’être rassurés. Et la plupart du temps, ils ne s’en servent pas. »
La clinique a aussi comme pratique d’effectuer un suivi téléphonique le lendemain de certaines interventions plus complexes. « Notre priorité consiste à accommoder le plus possible chaque patient, ajoute Dr Bouchard. Nos employés suivent régulièrement des formations afin de proposer les solutions les plus à jour et les mieux adaptées. À cet égard, l’arrivée de Fiorella a permis d’ajouter les services d’implantologie et de parodontie à notre gamme de soins de dentisterie générale et esthétique, qui comprenaient déjà la fabrication des couronnes sur place grâce à la technologie CEREC 3D ainsi que des traitements d’orthodontie avec la méthode de coquilles transparentes Invisalign. Et comme l’implantologie implique généralement une clientèle plus âgée, notre immeuble sera bientôt doté d’un ascenseur pour faciliter l’accès à nos locaux du second étage. »

© Marjorie Roy, Optique Photo

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ADIEU AU RONFLEMENT !
La clinique de L’Ancienne-Lorette propose également depuis plus de 25 ans des services pour le traitement du ronflement et de l’apnée du sommeil. « À ma connaissance, quelques dentistes seulement offrent ce service à Québec, précise Dr Bouchard. Nous utilisons les orthèses d’avancement mandibulaire de marque Panthera, une entreprise d’ici dont le rayonnement est international. Ce concept consiste à maintenir en position avancée la mandibule afin de permettre à l’air de passer plus librement, réduisant ainsi de beaucoup le ronflement. » L’examen par un pneumologue ou un médecin traitant les troubles du sommeil est préalablement requis afin d’évaluer si l’apnée du sommeil est présente. Cette procédure vise à offrir le meilleur traitement adapté aux besoins spécifiques de chaque client.
« Comme l’exige notre ordre professionnel ainsi que le Collège des médecins, poursuit le dentiste, nous travaillons toujours en étroite collaboration avec le médecin ou le pneumologue. Si le patient ne souffre que de ronflement ou d’une apnée légère, celui-ci peut recommander la confection d’une orthèse d’avancement mandibulaire. De plus, dans les cas où un patient s’avère incapable de tolérer le CPAP, le médecin pourrait décider de prescrire une telle orthèse. Dans la plupart des cas que nous traitons, nous réduisons de façon importante les symptômes à défaut de les éliminer complètement. » Pourquoi cet intérêt ? « Parce que je ronflais moi-même ainsi que ma fillette à l’époque, avoue le dentiste. Je porte donc ces divers types d’orthèses d’avancement mandibulaire depuis 1997. » La Dre Couture abonde dans le même sens : « Plusieurs disent mieux dormir grâce à cet appareil. D’autres portent un CPAP à la maison, mais trouvent l’orthèse très avantageuse en voyage notamment. » À ce jour, la clinique compte près de 1500 dossiers pour le traitement du ronflement ou de certains cas d’apnée, toujours avec le suivi médical approprié.
« HABLAMOS ESPAÑOL »
Les nouveaux propriétaires, ainsi que deux hygiénistes d’origine colombienne, font de la Clinique dentaire Bernard Bouchard l’une des rares à Québec à être en mesure de servir la communauté hispanophone dans sa langue maternelle. « Nous avons une belle clientèle à cet égard, notamment de nouveaux arrivants qui comprennent peu ou pas du tout le français, précise Dre Paz. Ils peuvent donc exprimer facilement ici leurs besoins en soins dentaires. Cette communauté continue de croître, et nous serons là pour bien nous en occuper. Mieux encore, pour améliorer davantage la communication, nous avons commencé en mars dernier à enseigner l’espagnol aux membres du personnel, une activité qui va souder encore plus l’esprit d’équipe. »
D’ici à ce que le départ à la retraite du fondateur se concrétise, celui-ci veillera à assurer la transition, notamment par du coaching. « Tout entrepreneur vous dira à quel point son commerce — sa création — fait partie intégrante de sa personne; j’ai donc le sentiment que même à distance, je continuerai à m’intéresser au développement futur de la clinique, conclut Bernard Bouchard. À cet égard, je suis convaincu que l’énergie distinctive que nous y avons instaurée au fil du temps demeurera bien présente. »

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