S’il est un consensus en matière d’entrepreneuriat, c’est celui qui confirme l’importance du feu sacré dans la recette du succès. Quand on est tout feu tout flamme pour un projet, on met vraiment le maximum de « chances » de notre côté. Cela dit, comment garder cette flamme bien allumée ?
Première condition, même si celle-ci apparaît d’une grande évidence : il convient de se concentrer sur ce qu’on aime. Lorsque cela se produit, on dit qu’une personne est sur son X, c’est la passion pour un domaine particulier. Mais cet enthousiasme ne suffit pas. C’est ici que j’applique la méthode que j’ai baptisée EDF. Bien qu’il pourrait aussi vouloir dire Engagement à Développer la Flamme, cet acronyme désigne plutôt trois facteurs essentiels, un mot et deux verbes : Entourage, Déléguer, Focusser.
Première condition, même si celle-ci apparaît d’une grande évidence : il convient de se concentrer sur ce qu’on aime.
Dans le monde des affaires, à moins de diriger une entreprise individuelle, savoir bien s’entourer est un must. En effet, « Nul n’est une île, en soi suffisante, écrivait Thomas Merton. Tout homme est une parcelle de continent, une partie du tout ». Aucun humain n’est habile en tout ni attiré par tous les centres d’intérêt. Donc, pour voir à combler ses zones d’inaptitude, un dirigeant doit savoir s’entourer des « bonnes » personnes, celles qui — chacune à sa manière, dans son domaine de compétence, son propre « feu sacré » — vont croire au projet autant que le capitaine et y mettre toute l’ardeur à le réaliser. Par exemple, la chose juridique m’a toujours horripilée, c’est ainsi. Si je m’entête à m’en occuper, j’y consacrerai bien plus de temps que si je l’avais confiée à quelqu’un qui s’y sent comme un poisson dans l’eau. Et ce faisant, j’aurai omis de souffler sur la braise de mes objectifs stratégiques.
Ce qui m’amène au second élément : déléguer. Faire confiance. Cette action ne va pas sans un entourage adéquat. Quand on délègue des tâches, on confie à des collaborateurs celles que nous n’aimons pas faire ou pour lesquelles nous n’avons pas d’habiletés. Pendant que les choses s’exécutent rondement, on peut alors placer le focus — notre troisième élément — sur notre feu sacré afin de faire progresser l’organisation. L’équation est simple : développement des affaires et clientèle sont intimement liés. Si un certain nombre d’entrepreneurs y évoluent aisément, c’est la bête noire pour bien d’autres. Il convient donc de disposer du maximum de latitude pour s’y consacrer.
Pour bien mettre en place un EDF, il faut cependant être un leader authentique et rassembleur, capable de transmettre efficacement la chaleur de son feu sacré avec franchise et humilité, en restant lui-même, afin que chaque membre d’équipage sache où va le navire. Avoir même cette capacité d’admettre parfois que notre belle intuition d’avoir trouvé des perles rares dans notre entourage aura fait fausse route. L’humain est une machine complexe donnant droit à quelques mésinterprétations, n’est-ce pas ?
Alors que brûle notre feu sacré, nul n’est à l’abri d’une forte et soudaine averse susceptible de l’éteindre. Dans ces épreuves, il est important de se recentrer, de prendre le temps de réflexion voulu et d’aligner — exercice souvent exigeant — son cœur avec sa tête pour réalimenter la flamme…