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Déficit d’attention avec ou sans hyperactivité : Pas seulement un trouble chez les enfants

1 septembre 2016| Marie-Ève Garon

Déficit d’attention avec ou sans hyperactivité : Pas seulement un trouble chez les enfants

Au cours de la dernière décennie, le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, communément appelé TDAH, a fait couler beaucoup d’encre et semé son lot de confusion et de culpabilité. Alors que ce trouble était auparavant associé à l’enfance, il est maintenant reconnu qu’il persiste dans la majorité des cas chez l’adulte. En fait, autour de 4 % des adultes souffriraient d’un TDAH et, de ce pourcentage, plus de la moitié ignoreraient qu’ils en souffrent.



Reconnaître le TDAH chez l’adulte



Le Dr Martin Pearson, psychologue et spécialiste du TDAH chez l'adulte, explique que ce trouble entraîne une difficulté à moduler l’attention. Il se présente ou non avec des comportements d’hyperactivité ou d’impulsivité. Par exemple, la personne inattentive aura de la difficulté à suivre une conversation, car distraite par ses propres idées ou les stimuli environnants, ou alors, elle s’éparpillera en tentant de mener différents projets qui demeureront toutefois inachevés à cause d’une perte d’attention ou d’intérêt en cours de route. La personne hyperactive et impulsive apparaîtra agitée, avec un besoin d’être en action, aura de la difficulté à tolérer l’attente, prendra des décisions de façon spontanée et émotive, coupera souvent la parole ou effectuera des achats sur le coup de l’émotion. Dans tous les cas, ces personnes seront souvent plus enclines à la procrastination et à se désorganiser plus facilement.



La Dre Annick Vincent, médecin psychiatre spécialisée en TDAH et auteure de plusieurs livres sur le sujet, dont Mon cerveau a encore besoin de lunettes, précise que le TDAH est « un problème neurodéveloppemental, que le cerveau TDAH fonctionne différemment, qu’il a des difficultés à contrôler et à freiner les idées (inattention), les gestes (bougeotte physique), les comportements (impulsivité) et les émotions (hyperréactivité) ». Attention : toutes les personnes dans la lune ou très actives et impulsives n’ont pas un TDAH ! Pour qu’il y ait TDAH, le tableau clinique doit répondre à plusieurs critères, dont la présence de symptômes depuis l’enfance et des impacts fonctionnels dans au moins deux sphères de vie, que ce soit sur le plan social, professionnel ou relationnel. C’est d’ailleurs ces impacts qui amènent les personnes qui en sont atteintes à se poser des questions sur certaines différences qu’elles ressentent depuis très longtemps, dans la majorité des cas.




« Les études de suivi démontrent que 50 à 80 % des enfants présentant un TDAH auront encore ce diagnostic une fois adulte. »



Dre Annick Vincent, médecin psychiatre spécialisée en TDAH.




« Les études de suivi démontrent que 50 à 80 % des enfants présentant un TDAH auront encore ce diagnostic une fois adulte », poursuit la Dre Vincent. La plupart de ceux et celles qui en souffrent rapportent avoir l’impression d’être « différents » et avoir une difficulté à atteindre leur potentiel, car leurs efforts ne se reflètent pas dans leur rendement en raison de leurs difficultés. Le TDAH n’a rien à voir avec le quotient intellectuel. Les personnes atteintes tentent de compenser par des stratégies comme s’isoler des stimuli distrayants, s’hyperorganiser, prendre plus de temps pour s’autocorriger, prendre des notes et mettre les choses à des endroits précis, ce qui leur demande plus d’énergie et de temps que pour les gens sans TDAH. C’est ce que l’on appelle le fardeau compensatoire.



Le Dr Pearson met également en évidence le fait que les symptômes associés au TDAH ont tendance à s’accentuer dans les périodes de transitions de vie; par exemple, lors de la naissance d’un enfant ou au moment de commencer un nouvel emploi. Les stratégies adaptatives qui fonctionnaient avant ne sont plus suffisantes. Ce sont souvent des éléments déclencheurs de ce type qui incitent les personnes à consulter et à commencer des recherches d’information traitant du sujet par l’entremise de l’entourage, d’émissions de télévision, de livres ou de sites Internet.



Le TDAH dans le milieu du travail



La bonne nouvelle, c’est que le milieu de travail a évolué et que certains employeurs proposent désormais des façons novatrices de travailler; ces nouvelles méthodes, moins conventionnelles, changent la manière de voir les individus qui souffrent d’un TDAH et prennent en compte leurs forces plutôt que d’insister sur leurs faiblesses. Plusieurs personnes ayant réussi à tracer leur chemin vers la réussite malgré un TDAH servent aujourd’hui de modèles pour les autres.




« Les symptômes associés au TDAH ont tendance à s’accentuer dans les périodes de transitions de vie; par exemple, lors de la naissance d’un enfant ou au moment de commencer un nouvel emploi. »



Dr Martin Pearson, psychologue et spécialiste du TDAH chez l'adulte.




Quelques pistes de solution



D’abord et avant tout, les personnes qui croient souffrir d’un déficit d’attention, avec ou sans hyperactivité, ne devraient pas hésiter à bien se renseigner et à demander de l’aide afin d’y voir plus clair (CLSC, médecin ou psychologue). La Dre Vincent souligne l’importance de bien comprendre que le cerveau TDAH fonctionne comme un sprinteur et de développer de bonnes stratégies de planification et d’organisation comme découper la tâche et se donner des échéanciers serrés, utiliser des supports technologiques pour être davantage structuré, et mieux établir ses priorités (établir des échéances) tout en s’assurant de maintenir un mode de vie équilibré (activité physique, alimentation et sommeil).



Et les médicaments ?



Le Dr Pearson est d’avis que la médication peut être une option intéressante selon le profil. Le spécialiste fait le parallèle entre une ballade sur un chemin rocailleux avec des chaussures ou les pieds nus; dans les deux cas, la personne pourra marcher, mais la ballade avec les chaussures sera nettement plus efficace. Pour décider si une médication est pertinente et obtenir une prescription, il importe de commencer par clarifier le diagnostic avec un médecin ou un psychologue, puis de cibler les objectifs et les stratégies de traitements pour établir la marche à suivre.



En fin de compte, l’important est de trouver ce qui convient le mieux à chacun afin que cette condition ou ce trouble ne soit plus un obstacle à la réalisation de soi.



Pour en savoir davantage :


Deux sites Internet :




Un ouvrage très pertinent :




  • Mon cerveau a encore besoin de lunettes, Dre Anick Vincent, aux éditions Québecor.




Des programmes et conférences sur le Web :




 


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