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En ce beau pays de France

27 janvier 2020| Jean Chouzenoux, correspondant européen

En ce beau pays de France
Sur la photo : Violente manifestation des Gilets jaunes devant l’Arc de Triomphe, à Paris. Source de la photo : Journal Sud-Ouest

Il y a aura bientôt 10 ans que je suis installé en France. Merci à mes parents de m’avoir gratifié de la double nationalité. Bien sûr qu’une fois à la retraite, c’est le climat qui a dicté mon choix, mais pas que !



En effet, j’ai d’abord découvert les régions viticoles de France lors de mes voyages personnels ou d’affaires du temps de mes années à la SAQ. Les Châteaux du Médoc ou de la Loire; les doux vallons d’Alsace; les pentes abruptes de la Vallée du Rhône; les coteaux de la Champagne; la route des Grands Crus de Bourgogne et, depuis peu, les collines de Bellet, bien sûr, car nous résidons à Nice.


Le Musée du Louvre, symbole de la présidence d’Emmanuel Macron. © Jean Chouzenoux



Au gré de mes pèlerinages et d’une connaissance plus approfondie des autres régions, je suis devenu profondément francophile, épris de la grande histoire de ce pays; admiratif de sa richesse patrimoniale et architecturale; éblouis par la beauté et la diversités de ses paysages, des falaises de Normandie à la côte méditerranéenne, en passant par les massifs des Alpes; gourmand devant ses vins de Bourgogne, sa Tomme de Savoie, son bœuf du limousin, son poulet de Bresse; pantois devant la valorisation du travail des artisans et des agriculteurs; fier de la réussite internationale des professionnels de l’industrie du luxe Chanel, Dior, St-Laurent, LVMH, Cartier; passionné de sa culture musicale Brassens, Piaf, Montand, Barbara. Tout ça, je le goûte, ici, sous le soleil et en français !

Par ailleurs, me réclamant de l’effort que doit faire l’immigrant qui arrive au Québec pour connaître un tant soit peu l’histoire de sa terre d’accueil, je me suis astreint à ce devoir dès mon arrivée à Nice, en 2010. Cela continue de passer par la lecture des journaux, l’écoute des bulletins de nouvelles et des (nombreuses) émissions politiques, ou encore, la mémorisation du nom des Ministres. De plus, il me faut connaître le parcours des personnalités qui ont façonné l’histoire de ce pays, d’où mon abonnement à la bibliothèque municipale à la recherche des biographies de Louis XIV, François 1er, Napoléon, Victor Hugo, Zola et de l’actualité plus récente avec les écrits de Sarkozy ou de Macron. Bref, réussir mon intégration en m’instruisant. N’y voyez aucune rupture avec mon Québec, j’y retourne deux fois l’an et garde un contact quotidien grâce aux technologies modernes.

Voilà ! tout ça pourrait s’arrêter là. Mais non, car… il y a la France détestable dont on parle trop souvent, quitte à en devenir une risée internationale ! Vous l’aurez deviné, je fais référence à ce pays constamment paralysé par les grèves, manifestations ou autres mouvements sociaux. Tout un lexique pour décrire que l’on prend la rue !

Conséquemment, la France est bonne première des pays de l’OCDE au chapitre du nombre de jours de grèves avec 123 jours par an. À titre comparatif, c’est 21 au Royaume Uni ou 16 en Allemagne. Un exemple parmi d’autres, les contrôleurs aériens français se sont tapés 254 jours de grève lors de la dernière décennie, suivi par les contrôleurs Grecs avec… 46 jours !

Si, au Québec, c’est le prix de l’essence qui monte à l’aube des grands congés, en France, ce sont les cheminots de la SNCF qui débraient à la veille des vacances estivales ou de Noël. Dans ce pays des 35H par semaine, des multiples jours fériés, des banques et des bureaux de poste fermés entre midi et quatorze heures, tout devient une cause pour paralyser le quotidien des gens, ralentir l’économie et ternir l’image de la France à l’international. Aucune réforme ne devient possible, qu’elle soit économique (et justifiée) comme la révision de l’âge de la retraite ou sociale, comme le mariage pour tous.

En outre, ce sont souvent les employés les mieux nantis qui font subir aux travailleurs indépendants et aux petits commerçants les conséquences dramatiques de leurs revendications, ces derniers devant congédier du personnel ou carrément déclarer faillite. Or, quand les grandes entreprises réfléchissent à investir en Europe, elles hésitent à privilégier l’Hexagone. De toute façon, cette habitude bien ancrée chez nos cousins touche toutes les sphères d’activités.

Actuellement les avocats tiennent des journées de grève, France-Télévision est ponctuée de journées de débrayages et Radio-France, la Radio-Canada d’ici, en est à son troisième mouvement de grève en neuf ans. Les gouvernements ont beau être de gauche, de droite, du centre, rien n’y fait au Pays du mécontentement perpétuel et des crises à répétition.

Le plus troublant est l’infiltration de casseurs professionnels dans ce qui est devenu un cirque hebdomadaire, avec la crise des Gilets jaunes. Les initiateurs de ces grandes manifestations qui, de surcroît, prétendent parler au nom du peuple, ne se sentent nullement responsables du vandalisme dans les institutions, du saccage sauvage des monuments emblématiques, de la destruction du mobilier urbain et même des blessés qu’occasionne leur mode de revendication datant d’une autre époque. En ce sens, les chaînes d’info qui tournent en boucle (et nous font tourner en bourrique) n’aident en rien, mais contribuent plutôt à échauffer les esprits et faire monter la mayonnaise ! Y’a rien qui rend plus fier le matamore que de se voir à la télé après avoir fracassé une vitrine, ou mieux, cassé du flic !

En terminant, la résilience des Français impactés par ces soubresauts n’a cesse de m’étonner. Dans tous les bulletins de nouvelles où l’on présente des micro-trottoirs, la grande majorité des gens interrogés se range derrière les manifestants qui mettent à mal leur quotidien. Ils rongent leur frein et prennent leur mal en patience. À la limite, je dirais que cela n’entache en rien leur joie de vivre car, que vous entriez à la boulangerie ou aux Galeries Lafayette, on vous reçoit avec le même égard et une élégante courtoisie dont seuls les français savent faire preuve.

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