Quand le téléphone a sonné afin que je rédige le plan de match pub pour Greiche & Scaff au Québec, je me suis tout de suite dit que la clientèle cible avait les tempes grises. J'avais 49 ans et trois cheveux blancs. J'ai plein d'amis de 60 à 75 ans. Ce sont les meilleurs, les plus vrais. Merci.
Alors, le plus naturellement du monde, je me suis mis à la recherche d'un ou d’une porte-parole d'environ 65 ans, sans préjugé. Je sais, des « vieux » à l'écran, c'est rare. Mais je me suis dit : « Ils seront bientôt le quart des adultes. Alors, on le fait ! » Et le client m'a suivi. Merci. Et on a choisi Winston McQuade, le roi des gentlemen du Québec. Il avait l'air de 60 ans, mais en réalité, il en avait 70. Rien à foutre : ce gars était le meilleur. Et là, on a lancé notre première pub télé dans le Bye Bye qui nous faisait défoncer l'année 2015. En six mois, selon un sondage Léger, l’entreprise est passée du cinquième au deuxième rang, tout juste derrière le géant New Look.
Or, en juin 2016, le client m'appelle et me lit des courriels haineux à propos de Winston. Il me dit que les employés dans les succursales se font déclarer par des clients non anonymes (!) que mon ami Winston est trop vieux pour faire de la télé. Trop vieux ? Je ne fais ni une ni deux, et je dis au client que ça ne se passera pas comme ça, qu'on va le dire à Winston et qu'on va amener cela sur la place publique.
À la fin de l'été, Winston McQuade a fait la une du Journal de Montréal, sans compter Paul Arcand du 98.5 qui nous a reçus en studio, Le Devoir, La Presse, les 60 000 internautes qui ont appuyé Winston et la ministre Charbonneau qui a appelé le porte-parole pour discuter du problème de l'âgisme, qui est le racisme des temps modernes. Merci.
« Vieillir est un privilège. Demandez aux enfants qui souffrent du cancer s'ils sont d'accord. »
Et après, évidemment, ma nature de publicitaire est remontée à la surface et j'ai proposé de finir en vitesse le tournage d'une pub télé qui propose « Le rabais selon l'âge ». Si le client a 70 ans, il a droit à 70 % de rabais; c'est comme le rabais météo d'Ashton que j'ai créé il y a 20 ans, mais en fonction des nuages de l'âge. Et depuis, on m'accuse, ici et là, d'être opportuniste. Merci. Pour moi, c'est un compliment. Et pour moi, l'âge de mon ami Winston n'a rien à voir avec sa capacité à participer à une pub à la télé. Et je crois que si vous pensez cela, c'est parce que vous avez peur de vieillir. Pourtant, vieillir est un privilège. Demandez aux enfants qui souffrent du cancer s'ils sont d'accord. Merci Winston. Tu as fait réfléchir le Québec. Et merci au client de m’avoir suivi dans cette aventure audacieuse.