Cette résidence avait du vécu ! Avec ses lattes au plancher, son foyer de marbre et ses moulures de plafond, elle cumulait les détails qui donnent de l’âme au décor. Rendre hommage à cette atmosphère tout en créant le havre de paix au goût du jour souhaité par des propriétaires à la culture très développée : voilà ce qui a guidé mon projet.
Le vestibule se trouve entre la salle à manger et la salle de lecture. C’est la pièce qui accueille les visiteurs. Je voulais donc qu’elle revête l’ambiance qui habite toute la maison. Pour annoncer son côté feutré, j’ai choisi de miser sur un décor épuré, soutenu par des teintes claires et en demi-ton. L’escalier, avec sa main courante en bois d’origine, souligne à lui seul le caractère prestigieux de la demeure. Pour le mettre en valeur, j’ai opté pour un tapis Missoni de vinyle grège aux motifs en brillance, fixé aux marches à l’aide de tiges en laiton. Au sol, le tapis noir délavé compte plus de 100 ans d’âge. Il est fabriqué à partir d’anciens tapis de laine authentiques, récupérés, rasés et cousus ensemble pour obtenir une création unique.
Zoom sur : Les volutes qui garnissent le montant de l’escalier. La richesse de leur style m’a influencée pour concevoir le décor de ce domicile.
J’ai imaginé la salle à manger comme un espace de très grande classe, mais aussi très accueillant. La table en bois déjà existante m’est apparue comme un point de départ intéressant. Son essence s’accordait bien avec celle du plancher, sans compter que le bois assure beaucoup de chaleur. J’ai marié son authenticité à une touche vintage, grâce aux chaises capitonnées en alternance gris-vert et crème lin. Avec leur détail clouté, elles ont beaucoup de prestance. Aux extrémités de la table, les bergères de velours vert olive, avec leur dossier haut, donnent un look digne à l’ensemble. La suspension fabriquée à partir de coquillages noirs est vraiment spéciale. Même chose pour l’immense carpette en soie sous la table, aux motifs ikat dans des coloris de gris. Enfin, portez attention à la lampe de l’abat-jour ivoire qui se trouve à droite sur la photo. C’est une pièce unique, signée par nul autre que le petit-fils de Gustave Eiffel, l’architecte à qui l’on doit la tour du même nom, à Paris.
Une seconde carpette délimite le coin boudoir près des fenêtres. Pour les fauteuils et les coussins, j’ai joué sur l’opposition des tons et des motifs à losanges. Remarquez, là aussi, le cloutage. J’ai choisi d’installer les tentures sur une tringle de fer forgé très simple. Leur originalité tient plutôt dans la longueur du tissu, qui, cassé au sol, assouplit le décor. Les pattes cabossées en résine noire du guéridon sont un rappel de la suspension.
Zoom sur : La sculpture posée sur le manteau de cheminée fait appel à une technique d’art très ancienne : le raku. Elle ajoute un détail ethnique à la pièce.
Comme les propriétaires sont de grands lecteurs, il était naturel de consacrer une pièce à cette activité. J’ai voulu faire de cette pièce de lecture un endroit vraiment paisible et invitant. Pour y arriver, j’ai conçu l’ameublement sur mesure. La bibliothèque au fini laqué comprend deux sections distinctes complétées à leur centre par un arrangement de carreaux de céramique posés directement au mur. Les autres murs de la pièce sont recouverts d’un papier peint ivoire dont la texture rappelle le coton à fromage. La banquette en forme de « L » est constituée d’une assise de velours sarcelle. Elle dissimule à sa base d’ingénieux tiroirs. On trouve aussi une armoire à l’extrémité droite du module. Pour un effet ultraconfortable, j’ai ajouté une foule de coussins, dont les couleurs s’accordent avec les tentures de la salle à manger. Face à la banquette, un fauteuil de lin gris complète l’ameublement.
Zoom sur : Les sculptures de bois qui garnissent les deux sections vitrées de la bibliothèque. Mon équipe et moi avons dessiné ces motifs en nous inspirant d’un meuble déniché à l’occasion d’un séjour que j’ai effectué en Europe.
*Propos recueillis par Brigitte Trudel
PHOTOS : JESSY BERNIER