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La politique de l’instantanéité

29 septembre 2011| Nelson Michaud, Ph.D.

La politique de l’instantanéité
La rentrée automnale nous a conviés, depuis la mi-septembre, à la reprise des activités parlementaires, tant à Ottawa qu’à Québec. Dans les deux capitales, les acteurs de l’opposition se bousculent, regroupés sous des directions vouées aux questionnements, voire à l’éphémère; ils tentent de déloger un gouvernement majoritaire plutôt que de s’offrir en solution de remplacement. Pour nous éclairer, de nombreux commentaires nous suggèrent des réponses simplifiées qui ne couvrent qu’une partie du problème. Pouvons-nous alors faire des choix véritablement éclairés ?


Exit la substance


Dans ce contexte où on nous mitraille la vertu des échanges en quelques dizaines de caractères et où l’événement de demain a déjà fait la nouvelle hier, il n’est pas surprenant de ’nous en tenir à la première impression. Ainsi, la consultation d’un site Web rapportant les citations les plus marquantes des grands personnages politiques contemporains ne présentait, dans la page consacrée à Jack Layton, aucun énoncé de politique structurante pour la société. C’est ce que nous révélait la journaliste Chantale Hébert dans une allocution prononcée devant l’Institut d’administration publique du Canada. L’homme a pourtant conduit son parti à un balayage électoral au Québec et son décès a inspiré un traitement protocolaire et une couverture médiatique dignes d’un acteur ayant à son compte de grandes réalisations. Chez nos voisins du Sud, le président Obama s’est vu décerner le prix Nobel de la paix, non pour son œuvre, mais pour l’espoir dont on le voyait porteur.


Le loft parlementaire


Un récent ouvrage suggère que, pour vivre une véritable démocratie, il faut se débarrasser des partis et renoncer aux élections, les représentants de la population devant être choisis à partir d’un processus qui laisse sa bonne part au hasard. Devant la popularité des séries de télé-réalité, il ne faudrait pas se surprendre qu’un jour, quelqu’un propose que nous votions, semaine après semaine, pour savoir qui devrait être expulsé du Parlement. Caricature, sans doute, mais il n’en reste pas moins que nous nous éloignons de plus en plus de l’effort de connaissance qu’exige tout exercice des responsabilités civiques.


Comprendre pour agir


Nos rythmes de vies autant que l’accessibilité immédiate à une information synthétisée nous poussent à consommer de la politique « instant ». Mais devant la complexité des enjeux auxquels nos sociétés font face, il faut savoir prendre le temps de poser les vraies questions, et non seulement celles qu’une certaine évidence semble nous suggérer. C’est peut-être là où réside le véritable défi qui se pose à nos démocraties.


  • Pour en savoir davantage :

  • Secrets d’États ?, Nelson Michaud, Presses de l’Université Laval, 2011.



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