La plupart des spécialistes s’entendent : les défis que pose le XXIe siècle — santé, sécurité, environnement, vieillissement de la population, pénurie de main-d’œuvre, déploiement des nouvelles technologies — nécessitent un leadership différent, plus inclusif que celui qui repose encore trop souvent sur le commandement et le contrôle.
Dans cet univers en pleine mutation, la mise à contribution de l’intelligence de tous devient la clé du succès. Il est par exemple démontré que les entreprises plus paritaires sont plus rentables. Une étude intitulée Delivering through Diversity issue du cabinet de consultation McKinsey & Company suggère que les organisations qui comptent sur un meilleur équilibre des genres dans leurs fonctions stratégiques notent une performance financière supérieure.
Les environnements plus égalitaires généreraient ainsi des décisions plus robustes. Ceux-ci présenteraient un leadership caractérisé par la prédominance de valeurs de type féminin. Louise Champoux-Paillé et Anne-Marie Croteau, de l’Université Concordia, rapportent que ce leadership intègre des notions de résilience, de collaboration, de courage, d’empathie, de bienveillance, d’écoute, de souplesse et de reconnaissance de la contribution collective.
Il est démontré que les entreprises plus paritaires sont plus rentables.
Si ces qualités dites « féminines » se distinguent des attributs plus communément liés à l’exercice du pouvoir traditionnel de gestion, de supervision et de contrôle imputé à la gent masculine, les chercheuses associées à l’École de gestion John-Molson tiennent à préciser que ces attributions reflètent davantage les stéréotypes et les biais qui particularisent nos sociétés. Les femmes peuvent donc pratiquer un style de leadership masculin et vice versa.
Gérer un pays en temps de pandémie
Depuis le début de la pandémie, plusieurs articles — dont un ayant paru dans le magazine Forbes et qui a abondamment circulé — établissent un lien entre la présence d’une femme à la tête de certains pays et la performance obtenue dans la gestion de la crise sanitaire engendrée par la COVID-19. L’Allemagne, la Finlande, le Danemark, la Norvège, l’Islande, la Nouvelle-Zélande et Taiwan sont cités comme preuves à l’appui de ces résultats enviables.
Le classement du Global Gender Gap Report 2020 élaboré par le Forum économique mondial (FEM) indique que ces États figurent tous parmi les dix pays qui se démarquent à l’échelle de la planète pour leur succès en matière d’égalité des genres. La majorité d’entre eux apparaissent au nombre de ceux qui enregistrent la représentation la plus forte de femmes siégeant à des conseils d’administration et qui participent à la prise de décision.
Depuis le début de la pandémie, plusieurs articles établissent un lien entre la présence d’une femme à la tête de certains pays et la performance obtenue dans la gestion de la crise sanitaire engendrée par la COVID-19.
Les professeures Champoux-Paillé et Croteau confirment que dans les pays plus paritaires, le pouvoir s’exerce dans une perspective de complémentarité de la contribution des deux genres et que le leadership est teinté d’un mode de gestion plus « féminin ». L’humilité, la résilience, le pragmatisme, la bienveillance, l’entraide et la confiance dans le bon sens collectif sont décrits comme étant les traits communs de la réussite de ces femmes leaders.
« La pandémie ne serait pas gérée plus efficacement parce que des femmes les dirigent, mais bien parce que l’élection de celles-ci témoigne de sociétés où l’on trouve une présence féminine accrue dans les postes de pouvoir. Cette mixité conduit à une confrontation des visions et pave la voie au déploiement de solutions plus riches et plus complètes que si elles avaient été imaginées par un groupe homogène », avancent en terminant les chercheuses.