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Les points chauds dans le monde en 2013

31 janvier 2013| Nelson Michaud, Ph.D.

Les points chauds dans le monde en 2013

L’année 2013 est déjà bien amorcée, mais elle nous réserve encore son lot d’anticipations. Si 2012 a permis de connaître les issues électorales en France, aux États-Unis et en Russie, la transition de pouvoir en Chine s’inscrira-t-elle dans la continuité ? Vers où les mois qui viennent nous incitent-ils à diriger notre regard ? Au-delà des incontournables sujets que tous reconnaissent, trois grandes régions pourraient orienter le pendule de la géopolitique.

Une Europe à redéfinir ?

L’année 2012 a révélé les fragilités

économiques de l’Europe,

particulièrement au pourtour de la

Méditerranée. Une nouvelle turbulence

pourrait toutefois venir d’outre-Manche.

Déjà réfractaire à l’intégration monétaire,

la Grande-Bretagne est confortée dans

ses hésitations par rapport à un euro à

l’avenir brouillé. Aujourd’hui, le premier

ministre David Cameron, à la tête d’une

coalition, dit ne pas vouloir quitter

l’Europe, mais souhaite proposer des

modifications aux règles d’adhésion

du Royaume-Uni à l’Union européenne,

quitte à ce que la population entérine la

nouvelle entente par référendum.

Source : number10.gov.uk
Source : number10.gov.uk

Cameron place l’échéance après l’élection

prévue en 2015, mais il n’est pas le seul

à en décider. Il faut garder à l’esprit

la montée, même si elle devait être

éphémère, d’un parti « indépendantiste »

(UK Independence Party – UKIP) et la

position du leader libéral démocrate,

Nick Clegg, avec qui Cameron dirige

présentement la Grande-Bretagne, qui

croit peu en la redéfinition des rôles

envisagée par Cameron.

Ces incertitudes ajoutent à la chape

de plomb sous laquelle l’Europe ploie

présentement et contribuent à fragiliser

l’Union. À l’heure où le Canada s’apprête

à finaliser une entente de libre-échange,

l’avenir de l’Europe doit nous importer de

plus en plus.

L’Afrique : aux confins des équilibres

Il est rare qu’en dehors des catastrophes

naturelles ou humaines, le continent

africain soit le centre de l’attention du

monde. Il faudra, en 2013, y diriger nos

lunettes, à l’heure où le gouvernement du

Québec a choisi de redonner à l’Afrique

un niveau de plus haute importance

dans sa politique internationale. Ce

faisant, la première erreur pourrait être

de considérer l’Afrique comme un tout. Le

Maghreb a sa propre dynamique – nous y

reviendrons – et l’Afrique subsaharienne

est multiple. Si le Sénégal et le Bénin

peuvent prêcher la démocratie par

l’exemple, d’autres pays vivent des

situations qui pourraient compromettre

certains équilibres fragiles.

Au premier chef, le Mali, qui était rempli

de promesses et qui recèle toujours un

fort potentiel, est aux prises avec une

double crise. Au nord, les mouvements

islamistes étendent leur emprise,

en prenant pour base la révolution

touarègue en vue d’un contrôle du

pays. Les ramifications de plusieurs de

ces acteurs – on l’a vu à la mi-janvier –

nourrissent les possibilités d’un impact

beaucoup plus important, puisque leur

implantation dans cette région pourrait

avoir des répercussions politiques et

économiques beaucoup plus larges. La

situation se complexifie, au sud, avec

un gouvernement issu de la prise du

pouvoir par un groupe de soldats mutins

il y a près d’un an. La démission forcée

du premier ministre de transition, en

décembre dernier, a alourdi le dossier.

La communauté internationale est

interpellée, mais elle est divisée sur

les moyens à prendre pour régler cette

dernière crise : comment juguler la crise

au nord sans légitimer le gouvernement

putschiste du sud ?

Source : presidentrdc.cd
Source : presidentrdc.cd

Un autre pays en crise pourrait poser

une menace due à l’instabilité instaurée :

la République démocratique du Congo.

Plusieurs factions rebelles y contestent

le pouvoir, et les droits de la personne en

sont souvent les premières victimes. La

rupture rapide des négociations amorcées

en décembre dernier et l’annonce

d’un dialogue « intercongolais » par le

président Kabila pour le début de 2013

donnent une bonne idée de la difficile

résolution d’une crise où le Rwanda,

devenu membre du Conseil de sécurité de

l’Organisation des Nations unies (ONU) le

premier janvier, pourrait jouer un rôle.

Le Moyen-Orient : mille et une nuits

d’inquiétude

Le Moyen-Orient est sans doute la région

qui a le plus contribué à la redéfinition

de la politique étrangère canadienne

depuis la fin de la Deuxième Guerre

mondiale. Les Casques bleus y sont

nés et la situation en Irak a suscité des

réponses d’impact. La situation israélopalestinienne

est toujours en attente

d’une solution qui pourrait apporter

réponse à des tensions millénaires. L’Iran

est toujours aussi menaçant, l’Irak est

toujours aussi incertain. Quant à la Syrie,

tous se demandent quand et comment

il sera possible de mettre fin aux abus

qui menacent toute une population,

autant sur le territoire syrien que dans

les pays avoisinants (Turquie et Liban,

notamment).

D’une manière plus insidieuse, ce sont

les retombées du printemps arabe dans

le Maghreb qui risquent de tourner

dans sa direction les feux de la rampe.

En Tunisie, berceau de la mouvance, la

situation est toujours aussi incertaine;

les mouvements intégristes profitent

d’une situation économique précaire pour

canaliser les insatisfactions. La Libye

semble mieux s’en sortir, mais l’Égypte est

toujours un pays déchiré politiquement.

Dans ce contexte, nous pouvons nous

demander si la politique étrangère

canadienne du gouvernement Harper,

caractérisée par un fort alignement sur

les intérêts israéliens et un éloignement

de l’internationalisme pearsonien qui

faisait du pays un médiateur recherché,

saura contribuer à la définition d’une

réponse internationale que nécessitent

ces tensions au sein du monde arabomusulman.

rêver

Gérer le consentement