Recherche

NOTRE-DAME DE QUÉBEC – L’église d’une ville, la cathédrale d’un empire

3 mai 2013| Jean-Marie Lebel, historien

NOTRE-DAME DE QUÉBEC  –   L’église d’une ville, la cathédrale d’un empire

En la basilique-cathédrale de Notre-Dame de Québec, dans la nouvelle chapelle funéraire de Mgr François de Laval, on peut apercevoir une grande carte de l’Amérique du Nord, qui a été gravée dans le granit noir du parquet. Elle illustre les dimensions gigantesques du diocèse de Mgr de Laval, qui s’étendait de l’Acadie jusqu’au golfe du Mexique, en passant par les Grands Lacs.

Jusqu’à la Conquête anglaise de

1759, la cathédrale de Québec

était la cathédrale de tous les

francophones d’Amérique du Nord.

Le vénérable temple du Vieux-

Québec est tout à la fois une église

paroissiale, une cathédrale et une

basilique.

Notre-Dame de Québec est la

doyenne de toutes les paroisses

catholiques ayant vu le jour au nord

du Mexique. C’est Mgr de Laval qui la

fonda en 1664. Il lui donna comme

église la petite église inaugurée à

la haute-ville en 1650. Depuis lors,

l’église paroissiale de Notre-Dame de

Québec est toujours demeurée sur

le même site. Et la paroisse a grandi

avec la ville de Québec, partageant

ses heurs et malheurs. Jusqu’en 1829,

Notre-Dame de Québec fut la seule

paroisse de la ville. Cette année-là,

la paroisse Saint-Roch fut détachée.

D’autres paroisses le furent par la suite.

Dans la ville de Québec d’aujourd’hui,

le territoire de Notre-Dame de Québec

correspond à celui du Vieux-Québec.

La porte de bronze qui donne accès au secteur des prêtres du Séminaire.
La porte de bronze qui donne accès au secteur des prêtres du Séminaire.

La basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec
La basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec

Tout en demeurant une église paroissiale,

le vieux temple devint aussi une

cathédrale à compter de 1674, abritant la

cathèdre (trône épiscopal de l’évêque),

et l’est demeuré depuis. L’édifice fut

agrandi aux dimensions actuelles dans

les années 1740. La façade néoclassique

de la cathédrale date de 1843. C’est en

1874 que la cathédrale fut élevée au rang

de basilique par le pape Pie IX, lors du

bicentenaire du diocèse.

DANS LES ENTRAILLES DE LA BASILIQUECATHÉDRALE

NOTRE-DAME DE QUÉBEC

Dans le sous-sol de cet édifice, en plus

d’apercevoir les fondations de pierre

qui datent de l’époque de Mgr François

de Laval, on y voit d’impressionnants et

d’émouvants mémoriaux nous rappelant

que les ossements de près d’un millier de

Québécois d’autrefois y reposent.

EN DESSOUS DES BANCS DES NOTABLES

Une vieille coutume, qui nous était venue

de France, voulait que les nobles, les

notables et les bourgeois fussent enterrés

dans les cryptes des églises. C’est ainsi

que dans la crypte de l’église paroissiale

de Québec – qui devint cathédrale en 1674,

et basilique en 1874 –, on commença à y

enterrer des défunts à compter de 1652,

et que la coutume se poursuivit au-delà

de deux siècles, jusqu’en 1877. Près de 900

personnes laïques y ont été enterrées et

plusieurs le furent, selon leur souhait,

directement en dessous de leur banc,

mais pour cela, il en coûtait davantage. La

basilique-cathédrale étant érigée sur du

roc, il n’était pas toujours aisé d’y creuser

les fosses. L’enterrement des laïcs ayant

pris fin en 1877, seuls des membres du

clergé y sont inhumés depuis lors.

Les gens moins fortunés, quant à eux,

étaient enterrés à l’extérieur des églises,

près des murs latéraux des temples. La

cathédrale de Québec était longée par les

cimetières Sainte-Anne, Sainte-Famille et

Saint-Joseph.

LE DERNIER REPOS DU COMTE

DE FRONTENAC

À l’entrée de la crypte, des plaques

commémoratives rappellent que l’on

y conserve les ossements de quatre

gouverneurs généraux de la Nouvelle-

France : le comte de Frontenac, le

chevalier de Callières ainsi que les marquis

de Vaudreuil et de la Jonquière. Ils avaient

d’abord été inhumés dans l’église du

couvent des Récollets, à la place d’Armes.

Après l’incendie du couvent en 1796, les

restes des gouverneurs furent transportés

dans la cathédrale. En 1699, les Récollets,

voulant bien faire, avaient fait parvenir

le coeur du comte de Frontenac dans un

petit coffret de plomb à son épouse en

France. Toutefois la comtesse le refusa,

en disant qu’elle n’avait pas besoin d’un

coeur mort qui, vivant, ne lui avait pas

appartenu.

UN LEGS DU CARDINAL ROY

Pendant plus de deux siècles, des

enterrements avaient donc eu lieu un

peu partout dans la terre de la crypte. En

1952, l’archevêque Maurice Roy décida de

mettre un peu d’ordre dans tout cela. Il

fit aménager, en dessous du choeur, une

section pour y inhumer convenablement

les cercueils des évêques et archevêques

de Québec. Elle fut inaugurée en 1959. On

y trouve, entre autres, les tombeaux de six

cardinaux : Élzéar-Alexandre Taschereau,

Louis-Nazaire Bégin, Raymond-Marie

Rouleau, Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve,

Maurice Roy et Louis-Albert Vachon. Le

tombeau de Mgr de Lauberivière n’attire

plus l’attention; pourtant les gens de

Québec furent si attristés, en 1740, par la

perte de leur jeune évêque si prometteur,

qu’ils comparaient déjà à Mgr de Laval,

et qui mourut à peine 12 jours après

être débarqué à Québec ! On conserve à

la basilique les ossements de l’évêque

Plessis, mort en 1825, sauf son coeur qui est

conservé dans un reliquaire dans l’église de

la paroisse Saint-Roch qu’il fonda.

Mgr Roy fit aussi aménager une section

pour les prêtres diocésains. Plusieurs

curés de Notre-Dame de Québec y sont

inhumés, dont Augustin-David Hubert

qui mourut tragiquement en 1792, noyé

avec 12 autres personnes lorsque leur

chaloupe chavira sur le fleuve devant

Québec. Emporté par le courant, criant de

toutes ses forces, le curé Hubert s’était

débattu dans les eaux froides près d’une

demi-heure.

Bien entendu, lors de divers travaux

d’aménagement dans la crypte, pour

l’installation, entre autres, des chaudières

ou du moteur des souffleries des grandes

orgues, bien des ossements furent

trouvés. Ils furent placés dans de grands

ossuaires de pierre ou de béton, ornés de

croix noires.

LE CERCUEIL DE PLOMB DU

PREMIER ÉVÊQUE

C’est ainsi que lors de travaux en

dessous du choeur en 1877, des ouvriers

retrouvèrent par accident un curieux

cercueil de plomb. Un vicaire, accouru, put

y déchiffrer l’inscription latine. On venait

de retrouver le cercueil de Mgr de Laval. Il

constitue aujourd’hui l’une des curiosités

qui attirent l’attention dans la crypte.

Depuis 1993, toutefois, Mgr de Laval a une

nouvelle chapelle funéraire dans le haut de

la basilique-cathédrale, et c’est son vieux

cercueil qui est exposé dans la crypte.

Le cercueil de plomb de Mgr de Laval, 1708.
Le cercueil de plomb de Mgr de Laval, 1708.


L’ARRIVÉE DES PRÊTRES DU SÉMINAIRE

La paroisse Notre-Dame et le Séminaire

de Québec eurent le même fondateur,

Mgr de Laval, et leurs destins sont liés.

De nombreux curés de la paroisse furent

des prêtres du Séminaire. N’ayant plus

d’espace pour des inhumations dans

la crypte de leur chapelle, les prêtres

du Séminaire ont donc été autorisés à

aménager, en 2003, une section pour

leurs défunts dans la crypte de la

basilique-cathédrale.

Cette nouvelle section a été réalisée

dans la continuité de la section des

évêques. De remarquables portes de

bronze y donnent accès. Elles ont été

ornementées de divers symboles par la

renommée sculpteure Lucienne Cornet.

On peut y lire une inscription grecque et

une inscription latine qui se traduisent

ainsi : « Connais-toi toi-même » et « Les

paroles s’envolent, les écrits restent ».

De quoi faire réfléchir les vivants.

Sous la tour du clocher nord, un cercueil contient des ossements de plusieurs Québécois laïcs.
Sous la tour du clocher nord, un cercueil contient des ossements de plusieurs Québécois laïcs.

Le secteur des évêques et archevêques de Québec. Au fond : l'oratoire des saints martyrs canadiens.
Le secteur des évêques et archevêques de Québec. Au fond : l’oratoire des saints martyrs canadiens.

Le 8 décembre 2013, le coup d’envoi des festivités entourant le 350e anniversaire de la

fondation de Notre-Dame de Québec (1664-2014) sera donné. En 2014, des groupes de

pèlerins de tous les coins de l’Amérique sont attendus à la basilique-cathédrale. Pour un

aperçu de la programmation, rendez-vous sur notredamedequebec.org/fetes-du-350e

rêver

Gérer le consentement