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Petite ville, grands maires, grande ville, petits maires

30 mai 2013 | Donald Charette

Petite ville, grands maires, grande ville, petits maires

Gilles Lamontagne, Jean

Pelletier, Jean-Paul

L’Allier, Andrée P. Boucher,

Régis Labeaume… Force

est d’admettre que les

premiers magistrats qui ont

présidé (et celui qui préside

actuellement) aux destinées

de la Ville de Québec sont

tous de fort calibre, dotés de

caractères bien trempés.

En fait, on dit que les citoyens d’ici apprécient un maire qui a du

panache, peut-être pour faire contrepoids à la métropole qui,

à juste titre, en mène plutôt large. Depuis 1986, Montréal a été

dirigée par Jean Doré, Pierre Bourque et Gérald Tremblay. Elle

n’a donc pas connu de maire dominant depuis l’époque de Jean

Drapeau. L’héritage de son successeur, Jean Doré, est plutôt

mince, mais les Montréalais souhaitaient sans doute souffler un

peu après des années agitées.

Jean Doré a rempli deux mandats et a été défait par Pierre

Bourque en 1994 et Vision-Montréal. Ce dernier, un ingénieur

horticole, avait été surnommé « Géranium Premier » par une

certaine presse qui se moquait de sa passion pour les fleurs.

Cependant, on lui doit un document intitulé Une île, une Ville,

qui fera époque et lancera le mouvement des fusions forcées.

La création de la nouvelle Ville, qui englobe 29 municipalités,

soulèvera un vent de protestation qui lui coûtera son poste.

LES MAIRES DE MONTRÉAL

Jean Doré
Jean Doré

Pierre Bourque
Pierre Bourque

Gérald Tremblay
Gérald Tremblay

Puis vint, en 2001, Gérald Tremblay, un ex-ministre de l’Industrie

et du Commerce qui avait connu un passage à vide à Québec.

Les travaux de la commission Charbonneau ont révélé à tout le

Québec le manque de clairvoyance, l’aveuglement et, finalement,

l’insignifiance de celui qui a tout de même été maire durant

11 ans. Contrairement à Doré et Bourque, Tremblay sera élu

pour une troisième fois en 2009, malgré une presse hostile qui

commence à déterrer des histoires troublantes. L’élection se

déroulera en pleine crise des compteurs d’eau, un contrat de

350 millions de dollars que le maire de Montréal sera finalement

forcé d’annuler, parce qu’il ne sent pas très bon !

Comment expliquer cet aveuglement populaire ? Devant la faiblesse

des autres choix – Louise Harel pour Vision Montréal et Richard Bergeron (un hurluberlu) pour Projet Montréal –, les citoyens de

Montréal ont opté pour la continuité tranquille et ils en ont payé

le prix. Après la fusion de la nouvelle Ville, le gouvernement de Jean

Charest a fait l’erreur de permettre de la faire éclater. Surtout,

Montréal a redonné des pouvoirs aux arrondissements, créant ainsi

des seigneuries largement autonomes.

Aujourd’hui, Montréal, avec ses 103 élus et sa structure byzantine,

est incapable de cohésion interne et est ingouvernable. Les

terribles déchirements connus lors des fusions en 2001 et 2002

ont laissé les politiciens bien frileux et ils n’osent plus retoucher

au mode de gestion de la métropole du Québec.

À moins d’une surprise, les Montréalais auront le choix, en

novembre prochain, entre deux éternels prétendants, Harel et

Bergeron, ainsi que Denis Coderre, alors qu’on aurait besoin de

quelqu’un qui aurait l’envergure d’un Jean Drapeau.

LES MAIRES DE QUÉBEC

Gilles Lamontagne
Gilles Lamontagne

Jean Pelletier
Jean Pelletier

Jean-Paul L'Allier
Jean-Paul L’Allier

Andrée P. Boucher
Andrée P. Boucher

Régis Labeaume
Régis Labeaume

À Québec, pendant ce temps, les maires ont bénéficié de trois

mandats minimum, et la ville a gonflé ses muscles avec une

fusion réussie. À ce titre, il faut reconnaître la contribution

d’Andrée P. Boucher qui, en devenant maire, – pardon…

mairesse ! –, a consacré la Ville nouvelle.

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