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Anxiété sous la loupe : un mal plus courant qu’on le croit

1 septembre 2017 | Marie-Ève Garon

Anxiété sous la loupe : un mal plus courant qu’on le croit
La constante sollicitation à laquelle nous devons faire face, combinée au climat de performance de la société actuelle, favorise notre appréhension envers les événements et la manière de percevoir les situations. Stéphanie Léonard, docteure en psychologie, nous éclaire sur la question.


Stress et anxiété : la même chose ?



« Il s’agit du même phénomène se trouvant aux deux extrémités d’un continuum, explique la professionnelle de la santé mentale. Le stress est une réaction à quelque chose d’angoissant correspondant à un moment précis de notre existence, comme un entretien d’embauche ou une période d’examens. En nous mobilisant cognitivement, nous pouvons en bénéficier et ainsi atteindre de nouveaux sommets. Le stress se situe dans une zone peu excessive et, de façon générale, c’est un phénomène normal. Quant à l’anxiété, c’est le stress qui peut devenir pathologique, lorsque nous nous mettons à avoir peur d’événements qui pourraient advenir dans le futur (danger imaginaire) et à développer des comportements de manière excessive. L’anxiété est donc une peur démesurée de quelque chose qui ne devrait pas susciter autant de peur. »


Manifestations et symptômes



Le stress prend toujours sa source dans un événement, poursuit la Dre Léonard. Il se manifestera en lien, par exemple, avec une séparation ou une perte d’emploi, c’est-à-dire avec des événements pour lesquels on s’attend à ressentir une certaine agitation.

- Symptômes associés au stress : troubles du sommeil, palpitations, fatigue et irritabilité; ces symptômes disparaîtront à court terme.

Pour l’anxiété, c’est différent et beaucoup plus intrusif. Elle est multifactorielle et représente notre façon, bien personnelle, de gérer notre environnement. « On va commencer à s’en faire pour quelque chose d’hypothétique et il n’y a pas nécessairement de déclencheur, poursuit la psychologue. Par contre, certaines personnes ont des prédispositions à l’anxiété et l’environnement social (ce que la vie nous envoie, qu’on ne contrôle pas) représente un autre facteur déterminant. Lorsque nous ressentons un déséquilibre dans notre vie, il est important d’être attentif aux changements qui y sont associés et à l’affût de nos réactions. Il est normal de ressentir du stress après une séparation. Là où ça devient problématique, c’est lorsque des symptômes dérangeants s’installent dans la durée et nous empêchent de fonctionner comme avant. »

- Symptômes associés à l’anxiété : souffle court, sensation de nœud dans l’estomac, étourdissements, nausées et palpitations; ces symptômes perdureront et auront un impact réel dans toutes les sphères de la vie des personnes qui en souffrent. Il s’agira de mesurer la durée, la gravité et l’intensité et, pour ce faire, il est recommandé de ne pas trop attendre avant de consulter un professionnel de la santé.


Les impacts sournois de l’anxiété



Les personnes souffrant d’anxiété seront plus susceptibles de développer une dépendance en tentant de s’apaiser avec l’alcool, la nourriture, les médicaments ou le jeu, par exemple. On remarque une forte propension à devenir très préoccupé pour certaines choses et à s’isoler. L’humeur change, la personne devient plus dépressive et irritable, elle manque de concentration et ressent une grande fatigue. Par conséquent, elle réalise qu’il est plus difficile de faire certaines choses qu’elle faisait auparavant et cela peut être très confrontant.


L’anxiété chez les enfants



Les enfants sont-ils plus nombreux à souffrir de ce mal ? « C’est certain que les exigences sont de plus en plus élevées et qu’ils écopent des revers de notre société de performance, confirme la Dre Stéphanie Léonard. Ils se retrouvent dans le sillage de leurs parents et de leurs professeurs, où ils doivent jongler avec des adultes qui leur en demandent beaucoup sur les plans personnel et scolaire. L’anxiété va se manifester différemment de chez l’adulte, en ce sens où l’enfant aura mal au ventre, au cœur, à la tête. Il pourra aussi avoir de la difficulté à se séparer de ses parents. Il faut donc être attentif à ces symptômes afin de voir si les exigences qu’on lui impose correspondent à sa capacité à les gérer. »



Quelques pistes de solution pour les adultes et pour les enfants




Selon la psychologue, il est important de trouver des moments où on instaurera des pauses. Par exemple, il peut être intéressant de s’imposer une plage horaire loin des appareils électroniques, de s’outiller pour diminuer le niveau de stress selon ce qui convient à chacun (marche, yoga, lecture…) et d’offrir un coffre à outils aux enfants afin qu’ils en viennent à gérer eux-mêmes le stress et à reconnaître l’anxiété. « Il faut être attentif aux changements de comportements et d’états, dans notre vie et dans celle de nos enfants. En fin de compte, il s’agit d’évaluer le ratio entre le stress qu’on s’impose et les bénéfices qu’on en retire. »

Ralentir, s’arrêter et prendre du temps pour vivre le moment présent : voilà l’une des clés pour s’éloigner de l’angoisse vis-à-vis le futur.

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