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Pierre Daigle – Une seconde chance donnée par la vie

5 octobre 2015 | Gilles Levasseur

Pierre Daigle – Une seconde chance donnée par la vie

La vie a pris un virage tragique le matin du dimanche 2 septembre 2012 pour Pierre Daigle, qui dirigeait alors l’un des commerces de bicyclettes les plus florissants au pays.



 



L’homme d’affaires, qui se rendait à vélo à sa succursale du boulevard du Versant-Nord en provenance de sa résidence de Lac-Beauport ce week-end de la fête du Travail, a été très violemment heurté par une voiture à l’intersection Hamel et Saint-Sacrement, à Québec. Le cimetière Saint-Charles, qui s’étend tout juste à côté, n’a pas voulu de lui. Cet homme de défis, qui est en voie de relever le plus exigeant de son existence, puisqu’il a frôlé l’au-delà pendant près de deux ans, en plus d’avoir vécu des faillites professionnelle et personnelle, revient de très loin. Parcours d’un survivant au regard… d’aigle !





En compagnie de la femme de sa vie, Élaine Anctil.





L’exceptionnelle acuité visuelle de l’aigle a toujours été légendaire. Ce formidable atout permet à ce majestueux oiseau de voir loin, très loin. À cet égard, Pierre Daigle porte très bien son nom de famille. « Il a toujours été visionnaire, il voyait tout le temps loin devant, ce qui explique le succès qu’il a connu en affaires », raconte sa femme, Élaine Anctil, qui partage sa vie depuis quatre décennies. Touché en plein vol, à un cheveu de la paraplégie, l’aigle s’est abîmé au sol.




« Quand j’ai compris que je pouvais refaire du vélo, c’est comme si je venais de remporter 10 millions de dollars ! »




De septembre 2012 au début de 2014, il ne garde aucun souvenir tellement son cerveau a été endommagé, et plusieurs fois il a failli passer de l’autre côté. Quand il a repris contact avec ce monde, il a su que son commerce n’avait pu survivre à une aussi longue absence de son unique gestionnaire. Même sa maison de Lac-Beauport s’était vue emportée par la débâcle. D’après les spécialistes qui l’ont soigné, son cas est unique pour une seconde réhabilitation. Et lorsqu’il est remonté sur une bicyclette au centre François-Charon, en juin 2014, tout le monde était stupéfait. « Quand j’ai compris que je pouvais refaire du vélo, raconte Pierre Daigle, c’est comme si je venais de remporter 10 millions de dollars ! Je ne ressentais aucune crainte étant donné que je ne me souviens nullement de l’accident. »





Tous unis derrière Pierre Daigle lors d’une randonnée organisée en son honneur le 29 août dernier, dans son village natal de Saint-Pamphile.





Voir la vie sous un nouveau jour



Aujourd’hui, l’aigle a toujours ce même désir de déployer ses ailes, de survoler les cimes et de relever des défis, mais les séquelles permanentes de l’accident l’ont contraint à voir sa vie sous un nouvel angle. Il a dû tout réapprendre ! Cet infatigable ex-bourreau de travail peut difficilement se concentrer sur une activité pendant plus de trois heures sans que l’épuisement le ramène à l’ordre. Il ressent toujours des bourdonnements dans sa tête et son cerveau est relié en permanence par un drain à l’urètre pour évacuer le surplus de liquide qui s’y forme constamment. Par ailleurs, la partie centrale de sa colonne vertébrale est prise dans un étau métallique et il ne peut plus conduire.



N’empêche, Pierre Daigle savoure chaque minute de sa nouvelle vie. « Ma conjointe est toujours auprès de moi, plus que jamais même, son soutien — ainsi que celui de nos proches — m’a permis de traverser les épreuves, et l’amour est toujours vivant. Elle m’a toujours dit que peu importe ce qui arrive, on trouve toujours une solution. Jusqu’à l’accident, j’avais reproduit le modèle de ma mère, qui avait pris courageusement, pour assurer notre subsistance, les rênes du commerce tenu par mon père lorsqu’il est décédé alors que j’avais quatre ans. C’est probablement de là que me vient ce désir de monter toujours plus haut, de dépasser sans cesse mes limites. La vie me montre désormais un autre chemin. »



Cette nouvelle voie, c’est la sensibilisation de la population aux traumatismes craniocérébraux sévères (TCC) par l’entremise de l’Association des TCC des Deux-Rives, dont il vient d’être nommé trésorier. Des conférences sont prévues sur ce thème, en plus de la sécurité routière et de l’importance pour les gens d’affaires de prévoir une bonne assurance invalidité et des mandats d’inaptitude permettant de continuer à gérer une entreprise. « Je suis conscient que je travaillais trop, que ça n’avait plus de sens. Je n’aurais peut-être pas arrêté de moi-même, la vie l’a fait pour moi. Si j’avais délégué davantage, peut-être qu’on aurait évité les faillites. Aujourd’hui, je fais du bénévolat à la seule de mes succursales ayant échappé à la fermeture, boulevard du Versant-Nord, rachetée par un homme d’affaires que j’avais jadis initié aux secrets du métier. »



Pierre Daigle a donné une conférence le 29 août dernier dans son village natal de Saint-Pamphile pour livrer un message de résilience et d’espoir. Entre autres épreuves, notamment l’incendie de son commerce de Sainte-Foy en 2005, sa conjointe, devenue aidante naturelle à temps plein par la force des choses, a perdu père et mère en moins d’un an durant la traversée du désert de son époux. Et comme pour faire écho à cette nouvelle vision de la vie, l’histoire de Pierre a retenu l’attention de l’équipe de la célèbre émission Second Regard



 



TCC : trois petites lettres pour exprimer une réalité dramatique


Savez-vous ce que signifient les lettres TCC ? Il s’agit de l’abréviation pour « traumatisme craniocérébral ». Afin de sensibiliser la population à cette réalité, une Semaine provinciale des personnes TCC se déroulera du 18 au 24 octobre prochains. Au Québec, chaque année, plus de 13 000 personnes subissent un TCC, principalement lors d’accidents de la route.


Pour en savoir davantage : tcc2rives.qc.ca. 


 



 



 


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